Quand l'exemple ukrainien peut servir l'Europe à revoir ses rapports avec le Maghreb
Des voix autorisées affirment que l'Europe et l'Occident en général se sont complètement trompés dans la gestion de la crise ukrainienne.
Nous entendons démontrer ici que leur politique ukrainienne est aussi déraisonnable que celle menée en Méditerranée, pointant à l'aide de cet exemple d'actualité, ce qui devrait changer à l'égard des pays du Maghreb, la Tunisie et le Maroc pour le moins.
Myopie européenne sur l'Ukraine
Les voix ne manquent plus pour dénoncer la politique européenne à l'égard de l'Ukraine et de la Russie. Récemment, la spécialiste de la Russie, Madame Hélène Carrère d'Encausse affirmait à Genève que la traitant avec l’Ukraine, mais pas avec la Russie que son partenariat oriental excluait.
Pour agir efficacement, l'Europe aurait dû tenir compte des propos conciliateurs de M. Poutine allant jusqu'à reconnaître l’intégrité territoriale de l’Ukraine en levant par exemple certaines de ses sanctions. Car le dirigeant russe est tenu de répondre à l'exigence d'assistance que lui adresse la population russophone de l'est de l'Ukraine.
Or, avec l'évolution de la position occidentale sur le conflit syrien, la Russie pourrait être un atout majeur puisque son soutien inconditionnel aux dirigeants actuels de la Syrie vient est motivé, outre ses intérêts économiques, par le fait que le régime syrien n'est pas le principal danger dans la région. De même la Russie pourrait être utile dans le dossier du nucléaire iranien.
Car la Russie, étant confrontée au même défi sécuritaire que les Occidentaux, doit être impliquée dans la réflexion pour contrer le terrorisme menée par les Européens.
Myopie européenne en Méditerranée
Comme pour l'Ukraine orientale où un statut est nécessaire pour espérer aboutir des négociations sérieuses pour la paix, un nouveau statut doit être envisagé pour la Méditerranée.
L'Europe agit activement aujourd'hui pour obtenir la conclusion d'accords pompeusement appelés de la mobilité quand ils ne tendent qu'à aggraver une immobilité de fait.
Des négociations sont en cours avec le Maroc après la conclusion d'un protocole avec la Tunisie en attendant de finaliser un contrat honteux proposé à la Tunisie.
Pour l'un comme pour l'autre pays, l'Union européenne propose de fallacieuses facilités de délivrance de visas strictement réservées à des catégories précises de ressortissants maghrébins selon des conditions strictes contre l'obtention de la signature d'un accord léonin de réadmission non seulement des ressortissants déclarés en situation irrégulière en Europe, mais tout étranger qui y serait entré à partir du territoire de l'un de ces pays.
Ainsi, l'Europe continue-t-elle dans sa politique migratoire insensée, déjà par trop répressive, en cherchant à exporter ses problèmes internes, les sous-traitant en quelque sorte aux autorités des pays du Maghreb.
Pour faire passer la pilule à l'opinion publique maghrébine, on -laisse passer de fausses informations prétendant faussement que de tels accords ouvrent la voie à une future levée du visa pour une libre circulation entre les eux rives de la Méditerranée.
Pour un visa biométrique de circulation
Pourtant, c'est ce qu'on devrait envisager sérieusement et non en simple leurre, la situation criminogène ne pouvant ni ne devant durer en Méditerranée.
J'ai déjà proposé un outil aussi efficace que respectueux des réquisits sécuritaires actuels et que représente le visa biométrique de circulation qui viendrait en quelque sorte préparer la nécessaire bascule vers une Méditerranée sans le moindre visa qu'impose le changement de paradigme des rapports internationaux.
En effet, le visa actuel est déjà contraire au droit international, violentant la souveraineté des États, des puissances étrangères s'autorisant sans la moindre concession à prélever les empreintes digitales de leurs ressortissants.
Aussi doit-il supposer une concession qui serait sa transformation en visa de circulation, délivrable automatiquement, avec une circulation libre pendant une période minimale d'une année.
Visa de circulation, il sera pratiquement peu différent de l'actuel visa qui peut parfois, même si c'est rarement, être de durée plus ou moins longue et emporter différentes entrées.
Ce en quoi il sera bien plus important que la pratique actuelle de violation du droit international et de l'éthique des droits des gens est qu'il constituera une rupture radicale avec la philosophie actuelle dépassée des rapports entre les pays méditerranéens.
Or, une nouvelle donne est indispensable en Méditerranée afin que le rêve d'en faire un lac de paix puisse avoir une chance de devenir réalité. Aussi est-il impératif d'agir pour en hâter l'occurrence en tenant mieux compte de la densité de la présence humaine du Maghreb en Europe, mais aussi et surtout la présence structurelle de l'Europe sur le sol maghrébin, dont une partie territoriale est même européenne avec les présides marocains.
Or, l'outil parfaitement sécurisé du visa biométrique de circulation pourrait servir à la mise en place d'un tel new deal. Les autorités les plus enclines à agir pour la paix en Méditerranée devraient en user. Seul un tel mécanisme serait valable pour compenser celui de la réadmission absolue que cherche à obtenir l'Europe et qui ne traduit qu'une violation encore plus éhontée du droit international etégalement de la morale devant marquer sa pratique.
Farhat Othman
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