Le fastueux train de vie de nabab du premier ministre Israélien et de son épouse
Obnubilé par les élections générales prévues pour le 17 mars prochain en Israël, Benyamin Netanyahou ne sait plus où donner de la tête : il se met à dos le Président Obama en allant parader au Congrès à Washington le 3 mars 2015–juste avant le scrutin- pour déverser son fiel sur l’Iran et aider les Républicains américains dans leur croisade contre le Président. De plus, il fâche les intellectuels israéliens en essayant d’écarter les antisionistes des jurys littéraires et artistiques du Prix d’Israël.
Manœuvres électoralistes
Surfant sur les drames de Paris et de Copenhague, pour des raisons bassement électorales notamment, il appelle les juifs de France et du Danemark à rejoindre Israël, havre de paix et de concorde… quand on met de côté l’Occupation et les millions de Palestiniens discriminés et encagés dans des batoustans, les Arabes israéliens- citoyens de seconde zone- la cherté de la vie (avec la nécessité des kombinot (combines) et de l’indispensable protektzia (népotisme et favoritisme) au quotidien, l’oppressante présence des religieux (haredim)** « ces hommes en noir » si bien décrits par Ilan Greilsammer, l’exode de bien des Israéliens vers les Etats Unis, le Canada, « l’aliya pour Berlin »***, la démolition de 1177 maisons palestiniennes à Jérusalem et en Cisjordanie pour la seule année 2014 et les enfants palestiniens dans les geôles d’Israël.
Au même moment, lundi 16 février 2015, Netanyahou prédit au nouveau chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Gadi Eisenkot, un mandat pire que celui de son prédécesseur Benny Gantz – un des bourreaux de Gaza- et insiste : « Je vous le promets Gadi… vous n’aurez pas un seul jour de repos. Le Moyen-Orient est en train de se désintégrer. Des Etats s’effondrent et un empire s’engouffre dans ce vide : l’Iran, qui aspire à acquérir des armes nucléaires. Il essaie de nous encercler avec quatre armes assassines. Trois pour le moment : une au Liban, une autre à Gaza et une nouvelle au Golan. Il jure ouvertement la destruction de l’Etat d’Israël d’une manière ou d’une autre. Plus les forces de l’Islam extrémiste…. Au Moyen-Orient, nul merci pour le faible. Seuls les plus forts survivent.
L’armée israélienne est forte moralement et il n’y a aucun doute là-dessus, elle est puissante ».
Comme toujours, le Premier Ministre israélien n’a donc à offrir que la guerre et les assassinats de Palestiniens aux éventuels nouveaux venus en Israël! Du reste, les responsables des deux communautés juives en France et au Danemark ne sont pas tombés dans le panneau et ont promptement rejeté les appels intéressés de Netanyahou. Ils savent, affirme Zvi Bar’el (Haaretz, 18 février 2015), « que le taux d’homicide pour 100 000 habitants est de 1,8 en Israël alors qu’en France, ce chiffre est de 1 pour 100 000 habitants et au Danemark, il n’est que de 0,8. L’an dernier, 27 personnes sont passées de vie à trépas en Israël lors d’attaques terroristes* alors qu’en France ou au Danemark, pas une seule personne n’est morte de cette façon ». Ils savent aussi que 150 000 immigrants originaires de l’ex-Union Soviétique ont quitté Israël pour des cieux plus cléments.
Crèmes glacées et consignes de bouteilles
En vérité, outre des raisons électoralistes, les drames de Paris et de Copenhague sont utilisés par Netanyahou et d’autres politiciens israéliens pour atténuer le bruit et le tintamarre des casseroles qu’ils traînent… ou qui refont surface à la faveur d’une campagne électorale violente et sans concession.
Ainsi, ses ennemis ne se privent pas de rappeler à Netanyahou qu’il a dégusté, aux frais de l’Etat, des crèmes glacées (glida en hébreu) pour la rondelette somme de 2700 dollars en 2013. Ce qui fait près de 13kg de glace par mois d’après le fournisseur attitré ! Et, perfides, ces adversaires précisent que si Benjamin préfère la pistache (d’Iran ?), Sara, son épouse, a un faible pour la vanille française (de la Réunion) ! Plus des sorbets pauvres en graisse et des yogourts frappés en été ! Dans un pays qui a vu de grandes manifestations sociales de la part de la classe moyenne et où la cherté de la vie est très importante, cela fait désordre. Et Shelley Yacimovich, du parti travailliste, de parodier le mot de Marie-Antoinette lors de la Révolution française : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la crème glacée » ajoutant sur Facebook : « Devons-nous en rire ou en pleurer ? »(Cf Isabel Kershner, « Uproar over Netanyahu’s ice cream is welcome in one parlor », The New York Times, 13 février 2013).
Actuellement, en Israël, le Contrôleur de l’Etat, le Procureur Général, la police, et le ministre de la Justice n’ont d’yeux que pour… Sara Netanyahou… accusée d’avoir escroqué l’Etat. On parle d’un « Bottlegate » en Israël. Rien de moins ! Cette « maîtresse femme » se fait indûment remettre, depuis la nomination de son mari en 2009, les consignes des bouteilles consommées dans la Résidence du Premier Ministre alors que les dites consignes devaient revenir à l’Etat. Pour ces faits, l’éditorialiste du Haaretz (30 janvier 2015) réclame l’ouverture d’une enquête criminelle à l’encontre de Sara Netanyahou. Pour éteindre l’incendie, les Netanyahou ont versé à l’Etat la somme de 1000 dollars mais leurs employés affirment que les consignes de bouteilles - notamment celles de Pellegrino qu’aime tant Netanyahou - ont rapporté 6000 dollars à la femme du Premier Ministre (Lire Amir Cohen, Haaretz, 29 janvier 2015). Pour le personnel de la Résidence officielle, le Premier Ministre était au courant des tripatouillages de sa chère moitié. Celle-ci exigeait même du chauffeur qu’il transporte les bouteilles vides de champagne et de vin au supermarché dans une autre voiture que la sienne… « à cause des odeurs » ! Ces mêmes employés se disent étonnés que la Résidence officielle du Premier Ministre dépense 1800 dollars en fleurs chaque mois. L’un d’entre eux a même porté plainte et exige la publication des comptes de la Résidence. Enfin, cerise sur le gâteau, le Contrôleur de l’Etat, Joseph Shapira, a publié un rapport le 17 février 2015 dans lequel il déplore « le gaspillage des fonds publics en dépenses inutiles dans la Résidence du Premier Ministre » (Lire Revital Hovel, Haaretz et le site du Figaro, 17 février 2015) relevant que l’entretien de la résidence privée du Premier Ministre à Césarée coûte au pays en moyenne 2113 dollars par mois - « bien que le Premier Ministre et sa famille vivent le plus souvent dans la Résidence officielle » où « ils ont employé l’une de leurs connaissances, un électricien membre du comité central du Likoud et qui n’était pas habilité à ce titre à y travailler…L’affaire constitue l’un des motifs les plus sérieux de poursuites judiciaires éventuelles…Malgré un cuisinier à leur service, 24000 dollars ont été dépensés pour des livraisons de restaurant en 2011…Le budget alloué pour le coiffeur et le maquillage a explosé » (Piotr Smolar, Le Monde, 19 février 2015, p.5).
En somme, après cet accablant document, le Ruy Blas de Victor Hugo serait en droit de dire à Netanyahou et consorts:
« Bon appétit messieurs
…………………………………….
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après ».
De plus, le rapport relève que souvent le personnel au service du couple Netanyahou se voit contraint d’avancer certaines dépenses… qui ne lui sont jamais remboursées. Et Shapira d’asséner qu’il déplore cette conduite de la part d’ « un homme public élu de ce rang ». Netanyahou rétorque, avec son habituelle suffisance, que seule la Knesset (Parlement) – où sa clique sioniste est majoritaire- a droit de regard sur ses dépenses et qu’un ancien employé grincheux lance « une campagne de diffamation » contre lui ». Le Monde (19 février 2015,p. 5) relève à propos de Netanyahou que « ce n’est pas la première fois que sa probité et son rapport à l’argent sont mis en cause ».
Aucun doute : Netanyahou peut dépenser sans compter pour les crèmes glacées, pour les fleurs et pour le coiffeur car, pour l’armée israélienne, il y a l’oncle Sam toujours prêt à protéger « la seule démocratie du Moyen-Orient »- en vérité, le seul Etat sur terre occupant un territoire et soumettant la population palestinienne aux pires brimades en 2015- en lui fournissant tous les engins de mort possibles …. à déverser sur les enfants palestiniens jouant sur les plages, sur leurs écoles, sur leurs ambulances et sur et leurs hôpitaux. Pour ne rien dire des abattements fiscaux dont bénéficient tous ceux qui en France, aux Etats Unis et ailleurs, financent des institutions israéliennes.
Mohamed Larbi Bouguerra
*Il s’agit en fait d’actes de résistance, pour la plupart.
** Lire Rogel Alpher, « Israël est mon pays mais je ne peux plus y vivre plus longtemps », Haaretz, 31 août 2014.
***Lire Arthur Pacalet «La vraie raison du départ à l’étranger des jeunes Israéliens », Haaretz, 23 octobre 2014.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
A quand des articles sur la Tunisie et son orientation économique;nous en sommes friands