Mustapha Tlili : Caïd Essebsi doit mettre fin aux petites ambitions et petits esprits (I)
« J’en appelle au président Béji Caïd Essebsi, pour mettre fin aux petites ambitions et petits esprits », s’indigne de New York, l’écrivain et chercheur Mustapha Tlili, éditorialiste au New York Times. « Alors que la Tunisie a besoin de toutes les certitudes pour sortir de quatre années de gabegie et d’incompétence, il est désolant de voir l’image que donne le parti majoritaire, NidaaTounes, tiraillé par des querelles intestines, faisant fi de l’enjeu central, poursuit-il dans une interview accordé à Leaders. Il faut que le Président Essebsi joue son rôle de président du parti qu’il a créé et siffle la fin de la récréation. Faut-il le rappeler, Mitterrand, à l’Elysée ou Obama à la Maison Blanche et bien d’autres présidents, sont restés à la tête de leurs partis et lui impulsent cohésion. Tous les espoirs du suscités de par le monde en faveur de la Tunisie ne doivent pas être déçus ».
« Le paysage politique, estime Tlili qui est le fondateur et le directeur du Centre de NYU pour les dialogues:
le monde islamique - les Etats-Unis - l'Occident, est en train de se construire, avec toute la complexité du contexte. Cette construction doit reposer sur une culture de la démocratie qui prend son essor sur le dialogue, la considération, le respect de l’autre et l’esprit de compromis. On ne peut qu’être triste quand on voit certains dépassements. La liberté d’expression risque parfois d’être confondue avec irresponsabilité et gabegie. Pour cela, une pédagogie de la démocratie et de la liberté est nécessaire. Bourguiba l’avait fait avec d’autres leaders. La Tunisie en a aujourd’hui encore besoin ».
Mustapha Tlili éprouve-t-il des craintes pour la Tunisie. « Je n’ai pas de craintes qui proviennent du pays lui-même, mais de l’étranger. Ce qui se passe en Libye, en plus du terrorisme, n’est pas rassurant. Le grand réconfort, c’est que les Tunisiens ont compris qu’ils doivent vivre ensemble dans ce merveilleux pays qui est le nôtre. J’espère que Ghannouchi a renoncé définitivement à cette idée messianique d’une Tunisie théocratique et que toutes les volontés convergent ensemble pour cimenter l’union nationale. Le pays a désormais tout pour constituer un véritable point de brillance et tirer avantage de la bonne volonté internationale pour le soutenir. C’est là une grande opportunité à ne guère rater ».
Tlili revient dans cette même interview accordée à Leaders sur la situation en Syrie et en Libye.
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