Disparition d’un" électron libre " Lassaad Ben Osman, l’homme qui a parcouru le pays en long et en large
Il connaissait les coins et les recoins de la Tunisie, terres des plaines et des jebels, des steppes et des oasis, des oueds et des sebkhas. Le territoire lui collait aux semelles. Grâce à sa formation d’hydraulicien, le sol et le sous-sol de ce pays aux ressources aquatiques limitées n’avaient pas de secrets pour lui.
C’est la raison pour laquelle il s’était donné, corps et âme, à la mise en œuvre d’une politique initiée par Bourguiba, qui devait mettre le pays à l’abri des vicissitudes du déficit en"or blanc" .
Nos voisins, producteurs "d’or noir" en ont souffert un temps. Alors qu’ici l’eau coule toujours…
Pourtant le climat est du type semi-aride et les fleuves ne sont pas légion.
Alors pourquoi n’a-t-on pas manqué de ressources hydriques tout au long des cinq dernières décennies alors que les besoins allaient crescendo ?
Nous avons l’obligation d’avouer que c’est le fait non pas seulement d’un prince éclairé mais aussi de l’action d’un homme du savoir promu au-devant du champs de l’action et du labeur .Si Lassaad avait assez de forces morales et intellectuelles pour mener sa tâche, au coté d’autres hommes de sa trempe, de bâtisseur de la Tunisie moderne.
Conservation des sols, construction de barrages, extension du couvert forestier, aménagement des berges et des châteaux d’eaux , amélioration du pâturage, création d’aires de conservation de la flore et de la faune , bref, Si Lassaad , le ministre de l’agriculture, a bien labouré et semé .Voici venu le temps de la récolte.
Les générations actuelles lui savent gré .Si la Tunisie assure, vaille que vaille, son auto- suffisance en matière de produits alimentaires, Lassaad ben Osman y est pour beaucoup.
Si Lassaad , le ministre de l’équipement, a, de son poste de direction à la cité Jardin , impulsé au pays une dynamique de construction d’ouvrages d’art et de villes nouvelles qui ornent à leur tour le corps de ce pays dont l’Histoire a déjà suffisamment serti de beaux atours.
Il y avait chez ce descendant de Turcs, comme un Sinan, grand architecte devant l’Eternel, qui sommeillait .Si Lassaad a présidé, un temps, l’association d’amitié Tuniso-Turque avant de se consacrer au cours de sa retraite de affaires publiques à la vie associative en créant l’ ATLAS ,une ONG de soutien aux population du Nord- EST. Il a été , un moment, en charge de l’Union Nationale de la Solidarité Sociale . Tant il est vrai que le sens du service pour autrui était, chez l’homme qui vient de nous quitter, inné. Maire de Mégrine, il a donné toute la mesure de l’action municipale au quotidien.
Peu prolixe, doté d’une voix fluette, il s’exprimait souvent avec un débit saccadé. Ses paroles, toujours censées, étaient parfois teintées d’un humour bon enfant .Lorsque je le rencontrais, notamment lors des réunions de l’Association des anciens de Sadiki, il ne s’empêchait pas de me taquiner, sachant mon engouement pour la vie associative : alors, tu en es à combien (d’associations) ?
Je lui répondais du tac au tac : j’ai quitté telle association, mais je viens d’adhérer à deux autres. Et lui de rétorquer : C’est normal, toi, tu es un électron libre «.
En lui rendant ce modeste hommage, j’ai la hardiesse de lui retourner le compliment : Si Lassaad, vous aussi, vous avez toujours été, parmi la foule des hommes politiques de votre stature, un électron libre*.
Paix à Votre âme.
Aissa Baccouche
*Au figuré, personne, qui, par son indépendance d’esprit et sa liberté de parole, se démaque du groupe auquel elle appartient (dictionnaire Larousse).
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