News - 18.05.2015

«Le patient libyen» et la thérapie tunisienne

«Le  patient libyen» et la thérapie Tunisienne

Il est évident que le background de l’artisan de la Jamahiriya -l’ex dictateur libyen El gueddafi s’est planté au romantisme du jeune Marx préconisant la double dislocation de l’Etat et du pouvoir de l’argent sans se soucier du réalisme de Montesquieu et sa thèse de la séparation corrélativement contrôlée des pouvoirs (exécutif -législatif et judiciaire). De formation militaire, il  moquait  les instruments partisans de la démocratie et de la  liberté d’expression et partant toute alternance pacifique au pouvoir. Des décennies durant la population était gavée de slogans anti- constitution- anti parlement et antipartis.

Après sa chute en février 2011, la charpente de la Jamahiriya ne tenait qu’à filin de sable que rompit le premier vent saharien. Le déluge du feu de l’Otan aidant. Nue, la Jamahiriya  relève du virtuel …
Quatre ans après et sous l’emprise de conflits politico -armés internes, la géostratégie externe; la Libye vogue sur un radeau à la recherche d’un havre pour y jeter les ancrages d’un Etat de droit et d’une société  libre.
 C‘est dans ce contexte qu’un colloque s’est déroulé lundi 18-05 au siège du centre de  la ligue arabe à Tunis sous l’intitulé «la transition démocratique en Libye : réalité et perspectives ».

Les vocables de l’intégrité  territoriale du pays; la liberté ;la dignité et la sécurité sont les leitmotiv de cette rencontre à laquelle ont participé des membres de la société civile libyenne, des droits hommistes et des hommes d'affaires.
Ezzedine Oukail- président du parti de l’alliance (libyenne)pour la République a fustigé le rôle négatif de «la communauté internationale» ou  plutôt son «conseil de sécurité» dans le processus de transition démocratique dans son pays. Il soutient  que seuls le rétablissement de la sécurité nationale ; la lutte contre la corruption et le consensus sont à même de remettre les bases d’un état de droit. De son côté, Amira Messaoud, militante et universitaire a plaidé la cause de la femme libyenne appelée, dit elle  à plus de dynamisme pour imposer la parité en matière politique.

Bien que les orateurs libyens dont des anciens diplomates semblaient plus au fait de la conjoncture et des dessous des cartes dans leur pays, deux intervenants tunisiens ont retenu l’intérêt pour leur pragmatisme. Le premier, Kamel ben Younès, journaliste et chercheur en relations internationales est parti de quelques observations  qu’on pourrait résumer ainsi: la question libyenne s’internationalise. Les grandes puissances avaient paniqué  à l’idée qu’ El gueddafi devienne un joueur majeur sur la scène continentale africaine. Suite à sa chute une  guerre de proxys  est déclarée sans que la communauté internationale (entendre otan-) ne procède à la confiscation de l’arsenal  militaire  qu’il a estimé  à 20 millions de pièces.

Sur le plan interne; les nouvelles forces  politiques ont failli à leur mission en s’adonnant au jeu morbide des alliances  (arabo-turque ). Pour Ben Younès, on peut résoudre la question libyenne en une «journée».! comment. Il est urgent d’engager un dialogue inter-libyen pluriel et sans rancune, la remise des armes et  l’alignement de toutes factions derrière un Etat et une armée uniques. Faute de quoi,  a-t-il averti, la Libye ne sera qu’un «pion» sur l’échiquier du nouvel ordre régional….

Le deuxième; Alaya Allani  universitaire expert de questions stratégiques a planché sur la déliquescence  de «l’Etat» sous les coups de butoir des milices et leur subordination à des parties étrangères  qu’il n’a pas nommées. Parmi ses ppropositions, figurent la reprise  sans intermédiaires du dialogue interlibyen et le recours à des concessions réciproques .L’internationalisation dit-il ne sert pas les intérêts du peuple libyen et ses composantes sociopolitiques appelées à privilégier  «une solution inachevée» plutôt qu’à une non solution ou à une  internationalisation». 

Le débat a été marqué de sautes d’humeur et de griefs contre la la ligue arabe dont le dernier sommet en mars dernier (en Egypte)a réaffirmé –pourtant -son attachement à l’intégrité territoriale et au dialogue inter-libyen ( sous les auspices de l’émissaire de l’ONU).Même si d’aucuns ont soutenu que le peuple libyen avait  plus besoin –en l’étape actuelle –de sécurité; d’une constitution; des soins …ils   admettent -toutefois -  que la démocratie politique constitue la voie indiquée  pour l’avenir d’un pays nanti de potentialités humaines et naturelles indéniables.

Habib Ofakhri

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