News - 06.07.2015

Winou el petrol: La vérité

Winou el petrol: La vérité

Une vaste campagne de déstabilisation est orchestrée en instrumentalisant des experts pétroliers autoproclamés qui ont diffusé à grande échelle une série de contre-vérités sur le secteur pétrolier. L’objet des articles de ce dossier, rédigés par des professionnels du secteur, est de démontrer, de manière argumentée, l’inanité de ces assertions.

Ce dossier lance un appel : Tunisiens, réveillez-vous ! Alors que les secteurs du tourisme et du phosphate se trouvent aujourd’hui sinistrés, certains entendent maintenant saper un troisième pilier de l’économie tunisienne en s’attaquant au secteur de l’énergie. Du fait de la forte implication de ces trois activités sur notre balance commerciale, ce sont plusieurs milliards de dinars par an, en devises, qui sont en jeu. Cette situation est inacceptable. Elle fait prévaloir des intentions suspectes au  détriment de l’intérêt national. C’est pourquoi, nous affirmons que la patrie est aujourd’hui en danger.

Cette campagne de déstabilisation s’appuie en particulier sur une lecture biaisée d’un rapport de la Cour des comptes : un examen attentif de ce rapport montre que pas une de ses lignes ne parle de malversation, contrairement à ce que lui font dire les prétendus experts. C’est en effet à des améliorations à apporter dans la gestion des entreprises du secteur que ledit rapport est consacré comme de coutume.  En outre, à l’affirmation «l’Etat ne perçoit que des miettes de ces ressources», un benchmarking international démontre qu’en termes de fiscalité pétrolière globale, le Trésor tunisien perçoit près de 80% des recettes, la Tunisie se classant parmi les pays où la part qui revient ainsi à l’Etat est la plus élevée.

Ce dossier répond ensuite à la question : Y a-t-il détournement de la production nationale d’hydrocarbures ? A ce sujet, nous proposons une analyse du bilan matière des disponibilités d’hydrocarbures à partir de bilans détaillés publiés par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). On peut en conclure que le détournement physique en Tunisie relève de la pure (?) imagination. Néanmoins, deux phénomènes prennent des proportions inquiétantes : la contrebande de produits pétroliers aux frontières et le détournement de l’électricité résidentielle.

Par ailleurs, à la question de savoir si la Tunisie baigne dans l’huile de pétrole, une analyse approfondie permet de répondre que les réserves connues exploitables de pétrole et de gaz ne permettent plus d’assurer une production suffisante d’hydrocarbures à même d’équilibrer la demande intérieure.  Les ressources potentielles permettraient de répondre en partie à la demande croissante et de réduire notre déficit énergétique. Les perspectives les plus prometteuses à cet égard se situent dans le grand Sud tunisien, qui recèlerait en gaz de schiste de quoi combler nos besoins gaziers pour plusieurs décennies. Mais encore faudrait-il lancer au plus tôt un programme exploratoire bien circonscrit, qui permettrait de savoir à quoi s’en tenir réellement, quant à l’existence et l’étendue des réserves éventuelles en la matière.

Le présent dossier montre que du fait des perturbations qu’elle a subies récemment, l’activité pétrolière est dans une très mauvaise passe. Alors que le déficit énergétique va en s’aggravant, passant de 0,5 à 3,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) entre 2010 et 2014 , les travaux d’explorations connaissent une chute drastique. Alors que les années 2000 ont connu une moyenne annuelle de 14 forages, 3 puits seulement ont été forés en 2014. Or sans exploration, aucune chance de découverte et donc de reconstitution au moins partielle des réserves. L’environnement sécuritaire, les troubles sociaux, les obstacles à une gestion efficiente des accords en vigueur et le gel de l’octroi des permis (résultant d’une certaine lecture de l’article 13 de la Constitution) sont parmi les autres causes profondes de cette contre-performance sans précédent dans l’histoire du pays. On enregistre dans ce cadre le départ de certaines compagnies pétrolières parmi les plus renommées.

Cette situation est d’autant plus navrante que malgré sa taille modeste, la Tunisie avait réussi au cours de la seconde moitié du siècle dernier, grâce au dévouement de générations de cadres nationaux, à concevoir et mettre en œuvre une politique énergétique efficace. Celle-ci, faite de mesures adaptées préservant les intérêts de l’Etat tunisien, a amené des compagnies de renommée mondiale à investir dans le secteur tunisien des hydrocarbures et à garantir une grande part de l’approvisionnement du pays en pétrole et en gaz dans de bonnes conditions.

Après des décennies de bonne planification et de bonne pratique, en particulier par comparaison avec les autres pays de la région, une diabolisation orchestrée du secteur a entrainé une détérioration du pouvoir décisionnel. Il faut agir rapidement carle temps coule et le déficit se creuse dramatiquement.

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