News - 25.10.2015

Fredrik Floren Ambassadeur de Suède à Tunis

Fredrik Floren Ambassadeur de Suède à Tunis

Pourquoi Sa Majesté le Roi Carl XVI Gustaf a-t-il invité le président Béji Caïd Essebsi à se rendre en visite d’Etat en Suède, du 4 au 6 novembre prochain ? Que faut-il en attendre? Et à quand la réouverture de l’ambassade à Tunis ? Autant de questions que Leaders a posées à l’ambassadeur de Suède à Tunis (avec résidence à Stockholm), Fredrik Floren.

La Suède est déterminée à renforcer ses relations avec la Tunisie dans sa consolidation de la démocratie. Les relations entre nos deux pays remontent au XVIIIe siècle lorsque le premier accord a été formellement signé. Mais, c’est après l’Indépendance que nos relations se sont affermies dans un partenariat pionnier qui s’est poursuivi durant plus de 20 ans.

En effet, la Tunisie a été l’un des premiers partenaires de la Suède en matière de coopération pour le développement. Nombre de projets d’infrastructure peuvent en témoigner. Puis, la dégradation de la situation des droits de l’Homme est venue compliquer la situation. Il est équitable de dire que notre coopération a été mise en hibernation et son intensité a considérablement baissé. La révolution a ouvert une nouvelle page.

En tant qu’ambassadeur, je suis impressionné par les élections de 2014. Il y a certainement nombre de défis à relever, mais les réformes décidées et la nouvelle constitution adoptée offrent un exemple pour la région. J’ai eu le plaisir d’accueillir la ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström, lors de sa visite officielle en Tunisie, en février dernier, la première depuis 20 ans. Elle est repartie de Tunis, après ses entretiens avec le gouvernement, les chefs de partis et des représentants de la société civile, encore plus déterminée à soutenir le processus engagé. Plus encore, l’action pionnière de la Tunisie, pays champion en matière de droits de la femme, constitue un domaine que nous entendons soutenir. L’invitation adressée par Sa Majesté le Roi Carl XVI Gustaf au président de la République, M. Béji Caïd Essebsi, pour se rendre en visite d’Etat en Suède intervient à un moment important. La Suède entend souligner son soutien au développement démocratique en Tunisie et renforcer les échanges dans un dialogue politique plus rapproché, ainsi que la coopération économique.

Que faut-il attendre de la visite du Président Caïd Essebsi à Stockholm?

J’espère que cette visite d’Etat sera aussi emblématique que celle effectuée en juin 1963 en Suède par le Président Habib Bourguiba. Nous avons nombre de questions d’intérêt commun à débattre. L’évolution de la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient constitue un défi pour des pays qui partagent les mêmes valeurs. Ce sera aussi une bonne occasion pour mettre en exergue l’exemple de la Tunisie en tant que pays partenaire pour les échanges commerciaux et où il conviendrait d’investir. Les firmes suédoises implantées en Tunisie emploient plus de 5 000 salariés. Nous avons ainsi une plateforme solide sur laquelle nous pouvons bâtir.

Le programme de la visite du Président Caïd Essebsi comprend des visites à des compagnies leaders globaux dans la construction d’infrastructures durables. Une attention particulière sera également accordée à l’expérience suédoise en matière de décentralisation et de démocratie locale et ce, au moment où la Tunisie s’apprête à mettre en œuvre pareilles réformes dans les tout prochaines années. La participation de la femme dans le marché de l’emploi et son accroissement fera également l’objet de sujets à débattre. Mais, d’autres aspects de la coopération à renforcer seront à l’ordre du jour.

La Suède compte-t-elle rouvrir son ambassade à Tunis?

J’en serai le premier ravi ! Etre ambassadeur non résident a ses limites évidentes même si je viens souvent à Tunis et essaye d’arranger au plus près les différentes questions en cours. Durant les douze derniers mois, je me suis rendu à Tunis pas moins de quatorze fois, dont deux en accompagnant des représentants du gouvernement suédois. Chaque semaine, j’ai un programme chargé depuis tôt le matin jusque tard dans la journée, rempli de réunions avec des ministres, des hommes politiques, des leaders d’affaires et d’opinion, des représentants de la société civile et autres. Lors de nombre de ces réunions, le soutien de la démocratie et du renforcement de son développement est un élément clé. Notre présence diplomatique à Tunis dépend des questions actuellement en cours de discussion. Je suis optimiste !

Où en est la coopération entre les deux pays?

Depuis 2011, nous avons porté le budget de notre programme de coopération à plus de 50 MSEK par an (plus de 5 millions euros), en soutien à la démocratie et aux droits humains. J’espère que ce montant sera augmenté. Pour mentionner un domaine, nous collaborons avec le ministère de la Justice pour un projet de formation en faveur des magistrats. Nous sommes aussi un partenaire majeur du Pnud dans ses activités.

La création d’emplois est essentielle dans la plupart des pays similaires et cet objectif est bien souligné par le gouvernement tunisien. Je suis ravi de citer à cet effet des compagnies suédoises comme Ericsson et Autoliv qui ont une longue présence en Tunisie. Nous soutenons aussi l’accroissement des échanges commerciaux et des investissements. Au mois de mai dernier, nous avons organisé un forum tuniso-suédois pour l’infrastructure durable avec la participation d’une délégation suédoise d’opérateurs économiques. 

Je m’emploie actuellement à élargir cette coopération à d’autres domaines, en étroite collaboration avec l’ambassadrice de Tunisie Ú Úen Suède, Mme Fatma Omrani Chargui. C’est ainsi que pas plus tard que le mois de septembre écoulé, une délégation tunisienne composée de parlementaires, du maire de la capitale et des représentants du ministère de l’Intérieur, de l’Isie et de la société civile a visité Stockholm et Uppsala. Nous avons également accueilli des Tunisiens dans le cadre d’un groupe de leaders d’opinion et de journalistes de la région Afrique du Nord, Moyen-Orient qui se sont entretenus notamment avec la ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström, et ont évoqué des questions relatives à l’égalité de la femme et la parité. Maintenant que la Tunisie amorce ces réformes, pareils échanges sont utiles.

Quels sont les projets à venir?

D’abord, nous allons renforcer notre coopération dans tous ces domaines. Personnellement, mes projets favoris sont ceux qui bénéficient à l’enfance et l’accès à la culture. En collaboration avec les ministres Samira Merai (Femme, Famille et Enfance) et Latifa Lakhdhar (Culture), des firmes suédoises ont manifesté leur intérêt à soutenir des projets dans ce domaine. L’importance de la lecture pour les enfants ne doit pas être sous-estimée et nous disposons en Suède de livres traduits en arabe qui pourraient susciter leur engouement et cultiver en eux les valeurs notamment de parité. Nous serons ravis de les partager avec la Tunisie qui célèbrera bientôt le 60e anniversaire de son indépendance.

 

 

 

 

Lire aussi

Exclusif - Un programme « grandiose » attend Béji Caïd Essebsi dès ce mercredi en Suède

La Suède en bref 

La famille royale : une monarchie moderne

Une roturière devenue reine de Suède

InterviewFredrik Floren Ambassadeur de Suède à Tunis

Fatma Omrani promue ambassadeur de Tunisie en Suède

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.