Opinions - 09.11.2015

Qui en veut à l'armée nationale tunisienne?

Qui en veut à l'armée nationale tunisienne?

Alors que des appels pressants pour la constitution d'un front commun contre les menaces qui guettent le pays, le peuple se mobilise comme un seul homme derrière son armée, des tentatives pour saper le moral de la troupe et des citoyens sont enregistrées ici et là par médias interposés. Curieusement ce discours ne provient plus des milieux généralement attachés aux valeurs des droits de l'homme et consorts mais de cercles occultes dont on a du mal à cerner les contours.

En effet, c'est au moment où le peuple fait bloc derrière son armée qu'il y a irruption soudaine d'un discours hautement sophistiqué qui incite à la discorde. Les traces de cette tentative qui vise à embraser une situation déjà chaotique se trouvent dans ce qui s'est passé tout récemment à la TV (El HiwarEttounsi) lorsqu'un ancien haut cadre de l'armée a évoqué, imprudemment, les événements du 14 janvier 2011 qui ont failli mettre le pays à feu et à sang .

Ils sont nombreux les outrecuidants de l'ombre à attendre les bavures de militaires pour aller ensuite ameuter la foule en l'imbibant de haine, de colère et souvent de sentiments antinationaux. Les diatribes d'un journaliste arrogant et d'un avocat zélé à l'égard de cet Officier à la retraite en disent long de cette dérive.

Qu'on se le dise, des bavures, il y en a eu et il y en aura d'autres encore. Les "couacs" à répétition de ce haut cadre sont devenus habituels. Chacune de ses interventions dans les médias s'avère une calamité. L'on se rappelle sa sortie abracadabrante qui a précédé son départ à la retraite et au cours de laquelle il a nié complètement l'existence d'éléments terroristes dans les maquis de Chaambi. Manque de pot, quelques jours après cette déclaration, dix jeunes soldats et leur lieutenant ont été décapités à la hache.

Cette fois ci, il reconnaît à demi - mot, avoir trop facilement cédé au chant de sirènes d'un parti dont les cadres sont encore dispersés dans les quatre coins de la planète. Et comme anesthésié par une sollicitation trop appuyée, il avait manqué de sa lucidité.

Il est vrai que l'armée évolue dans un univers dominé par des menaces invisibles et imprévisibles. Les militaires, dans le cadre de la lutte antiterroriste et de contrebande, sont  entrainés depuis maintenant quelques années au combat en zone rurale ou frontalière, souvent au milieu d'une population qui risque d'être la victime " collatérale " des affrontements ou qui prend fait et cause pour un camp ou pour l'autre. Ces affrontements impacteront tôt ou tard l'institution militaire. C'est là toute la problématique qui se pose en termes crus. C'est cette guerre quotidienne et silencieuse que mène sans relâche l'armée contre un ennemi insaisissable et qui élargit souvent ses connexions par muter en narco terrorisme, contrebande d'armes et toutes sortes de criminalités.

Aussi, des antimilitaristes patentés ne manquent pas en Tunisie, notamment parmi la classe politique. Ils en veulent aux militaires en les considérant comme des putschistes - nés , comme si toute armée est génétiquement porteuse d'oppression, usurpatrice, fermée à priori au soutien des missions démocratiques, de justice sociale et d'intérêt national. Cela est démenti par maintes exemples sur tous les continents.

Nos militaires n'ont pas d'ambitions politiques, ils sont avant tout au service de leurs concitoyens. Certaines poches réfractaires d'ici et d'ailleurs doivent comprendre que l'armée tunisienne est une institution populaire, moderne, républicaine et citoyenne. Alors que la classe politique est engluée dans l'affairisme et les calculs électoralistes, l'armée demeure la seule force sur laquelle les patriotes et les républicains fondent leur espoir pour éviter l'éclatement et le chaos.

Mohamed Kasdallah
Colonel(r)
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Mohamed Obey - 10-11-2015 21:18

Oui, l'honorable Colonel Kasdallah dit vrai: l'armée est le plus fort rempart qui se dresse contre les forces adverses aussi bien visibles qu'occultes voulant la peau de notre Nation. N'était-ce la vaillante Armée Arabe Syrienne, la Syrie aurait été barrée de la carte géo-politique. De toute façon M. Rachid Ammar qu'on a érigé en héros national au moment du sursaut national vu de plus près maintenant n'est plus si héroïque qu'il ne l'était_mais superstitieux et souffrant d'une rationalité nécessaire pour ne pas sacrifier le caractère humaniste dont il aurait défendu en tant responsable de l'armée républicaine. Élevons le niveau de notre armée: les périls qui guettent l''Etat sont de tous bords, à l'extérieur comme à l'intérieur. Un citoyen qui aime la discipline de l'armée.

Habib AZZABI - 01-03-2016 13:35

J'ajouterai un autre argument,à savoir: si nos politiciens avaient accompli leur service militaire et acquis un temps soit peu de nationalisme(acquis durant ce service) et le sens du devoir envers la république et le drapeau,ils jugeraient l'armée d'une autre manière.

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