69 universitaires, experts et dirigeants appellent à la réforme de l'Ecole Polytechnique de Tunisie
Dans la tribune ci-après reçue par " Leaders" soixante-neuf personnalités tunisiennes du monde universitaire et socio-économique appellent à l'aboutissement des réformes de l'Ecole Polytechnique de Tunisie. Avant sa mort, Le brillant savant mathématicien Abbas Bahri avait exprimé son soutien dans un email envoyé au Directeur de l'Ecole Polytechnique de Tunisie.
Pour l'aboutissement des réformes à l'Ecole Polytechnique de Tunisie
La Tunisie s'est dotée en 1991 (Loi n° 91-42 du 26 juin 1991) d'une nouvelle institution universitaire d'excellence : L'Ecole Polytechnique de Tunisie (EPT). En 1994, un séminaire international annonçait la "Naissance d'une Grande Ecole", pleine de promesses et d'ambitions pour une contribution décisive au développement de la science et de la technologie dans le pays. En tant que nouvelle institution d'excellence pour la formation des ingénieurs, l'EPT s'est vue assigner les grandes missions suivantes:
i. Répondre aux besoins du pays en ingénieurs de conception et de projets qui soient à même d'améliorer les systèmes techniques, de suivre et de maitriser l'évolution technologique et d'assumer des hautes responsabilités dans les domaines scientifique, technique, économique et social, dans les secteurs privé et public.
ii. Assurer à ses élèves une formation interdisciplinaire destinée à leur faire acquérir une culture scientifique, technique et générale de haut niveau.
iii. Contribuer, par ses recherches et ses travaux, au développement et à la maitrise des technologies modernes."
A cet effet, l'EPT a été dotée de statuts particuliers (décret n°92-1476 du 15 août 1992), conçus à l'époque pour prendre en compte sa spécificité et lui permettre de réaliser ses trois missions nationales. A l'occasion de son 20ème anniversaire qui coïncidait avec l'accueil de sa 22ème promotion, l'EPT a présenté en octobre 2014 son vaste programme d'évaluation et de réforme, s'appuyant sur de larges consultations, et aboutissant à des propositions de recommandations fortes pour la réforme et la rénovation de l'ensemble de son dispositif, afin de consolider ses atouts et réaliser pleinement ses ambitions. Le rapport publié à l'occasion, "Libérer le potentiel de l'EPT : L'exigence d'une réforme" (téléchargeable ici : https://goo.gl/bNFBWo) résume cette entreprise. Il identifie les principaux problèmes qui entravent l'action et la performance de l'institution:
i) l'inadéquation du statut juridique de l'Ecole par rapport à ses spécificités et objectifs,
ii) les déficiences du statut actuel des enseignants chercheurs de l'EPT,
iii) l'insuffisance des moyens humains et financiers mis à sa disposition.
Le rapport propose des recommandations suggérant de nouvelles règles de gouvernance conformes aux meilleures pratiques des écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses au niveau international. L’adoption de ces recommandations permettrait à l'EPT plus d'efficacité et de performance dans la réalisation de ses objectifs, constants et plus impérieux que jamais, à savoir: i) une formation de qualité selon les standards internationaux, ii) une relation étroite et fructueuse avec le tissu économique le plus performant du pays, et iii) une recherche féconde et utile pour le pays.
La mise en œuvre de ces mécanismes de gouvernance, condition nécessaire à une formation et une production scientifique et technologique dynamiques et de grandes qualités, passe par l'amendement du cadre législatif et réglementaire de l'Ecole, la restructuration des statuts juridiques régissant son organisation administrative, financière et académique.
En signant cette tribune, j'apporte mon plein soutien au projet de réforme porté par les instances de l'Ecole Polytechnique de Tunisie et j'appelle les autorités de tutelle à considérer les nouveaux textes de loi et décret proposés ; ils s'inscrivent parfaitement dans les orientations stratégiques du pays visant la rénovation universitaire et l'élévation de ses capacités et compétences scientifiques et technologiques. Une gouvernance moderne, responsable et entreprenante est un gage de développement, de compétitivité et de rayonnement national et international.
Liste des Signataires
| Nom et Prénom | Fonction | Société/Etablissement |
1 | Abdelhafidh Samir | Maître de Conférences | FSEG Tunis, Tunisie |
2 | Abdelkafi Rami | Economiste | BID, Arabie Saoudite |
3 | Abdennadher Ali | Enseignant-Chercheur | INSAT et EPT, Tunisie |
4 | Abdessalem Tahar | Professeur de l'enseignement supérieur | FSEG Tunis et EPT, Tunisie |
5 | Abichou Azgal | Professeur et Directeur de l'EPT | EPT, Tunisie |
6 | Alouini Mohamed-Slim | Professor/Associate Dean | KAUST, Arabie Saoudite |
7 | Aouni Nizar | R&D | ABB Automation Products GmbH, Allemagne |
8 | AYED Nizar | Chef d'entreprise | |
9 | BAHRI Abbes | Professeur Universitaire | Rutgers University, Etats Unis |
10 | Bchir Mohamed Hedi | Economiste | UNESCWA |
11 | Bel Hadj Ali Fateh | Directeur Associé | ArchiveYourDocs, Tunisie |
12 | Belhaj Jamel | Directeur Général | Caisse des Dépôts et Consignations, Tunisie |
13 | Ben Aissa Hazem | Maître de Conférences | Université Paris 11, France |
14 | Ben Rejeb Mohamed | Professeur de l'enseignement supérieur | ENIT, Tunisie |
15 | Ben Tahar Imen | Maître de Conférences | Université Paris Dauphine, France |
16 | Benamara Abdelmajid | Professeur | ENIM, Tunisie |
17 | Benhammouda Zied | Ingénieur R&D | Blue Ridge Logiciels, France |
18 | Benna Zayani Memia | Professeur | ISSTE, Tunisie |
19 | Benzina Adel | Maître Assistant | EPT, Tunisie |
20 | Bouabdallah Othman | Economiste | Banque Centrale Européenne |
21 | Boubaker Sabri | Associate Professor | Champagne School of Management |
22 | Boughzala Mongi | Professeur émérite | Université de Tunis El Manar, Tunisie |
23 | Boujemaa Hatem | Professeur Universitaire | SupCom, Tunisie |
24 | Boussofara Behjet | Directeur Général | TALAN, Tunisie |
25 | Chaker Selma | Maître Assistant | Université, Tunisie |
26 | Chebbi Ali | Professeur de l'enseignement Superieur | ISG Tunis, Tunisie |
27 | Chebil Tarek | I.T. Manager | Axe Finance, Tunisie |
28 | Chemingui Mohamed Abdelbasset | Senior economiste et chef de section de l'integration regionale | UN-ESCWA, Liban |
29 | Cherif Ridha | Ditrecteur Risques de Marché | BIAT, Tunisie |
30 | Dallagi Ali | Directeur de projet | BIAT, Tunisie |
31 | Daoud Afef | Founding partner | Views Consulting, UK |
32 | Dhif Mohamed Adel | Professeur | FSEG Nabeul et EPT, Tunisie |
33 | Dridi Leila | Chef du Département des Langues et Communication | Ecole Polytechnique de Tunisie |
34 | El Elj Moez | Maître de Conférences | ISG Tunis, Tunisie |
35 | El Lahga Abdelrahmen | Maître de Conférences | Université de Tunis, Tunisie |
36 | Farhani Wajdi | Ingénieur Polytechnicien | SATT Ouest Valorisation, France |
37 | Hamdi Essaieb | Maître de Conférences | ENIT/EPT, Tunisie |
38 | Hamdi Nabil | Maître Assistant | ISTEUB, Tunisie |
39 | Hamdouni Mondher | Consultant Telecom | Ericsson, France |
40 | Haouari Mohamed | Professeur Universitaire | ENIT, Tunisie |
41 | Houcine ABBASSI | Directeur Opérations | Vivo Energy Tunisie, Tunisie |
42 | Jedidi Kamel | Professeur | Columbia University, Etats-Unis |
43 | Jhinaoui Rabii | Directeur | Adactis, Tunisie |
44 | JOMAA Moez | Chercheur scientifique | SINTEF, Norvège |
45 | Jouini Elyès | Professeur des Universités | Université Paris-Dauphine, France |
46 | Karoui Ramzi | Directeur Technique, Zone Europe Moyen-Orient | Prismtech, France |
47 | Krichene Noureddine | Economiste | Formerly at IMF, IsDB and INCIEF |
48 | Ksouri Mohamed Najed | CEO | ERM Partners, Tunisie |
49 | Larbi Hedi | Visiting Professor at Harvard University | Harvard University, Etats-Unis |
50 | Mabrouki Issam | Directeur de département à l'EPT | Ecole Polytechnique de Tunisie, Tunisie |
51 | Makhlouf Mohamed | Enseignant Chercheur | KEDGE Business School, France |
52 | Missaoui Oualid | Senior Quantitative Scientist | Portware/FactSet, Etats-Unis |
53 | MNAKRI Moktar | Advisor | International Telecommunication Union |
54 | Mnif Mohamed | Professeur Universitaire | ENIT, Tunisie |
55 | Mohamed Salah Aguir | Maître Assistant | ENICarthage |
56 | Nabi Mahmoud Sami | Maître de Conférences | Ecole Polytechnique de Tunisie |
57 | Robbana Riadh | Professeur | INSAT, Tunisie |
58 | Rouis Mohamed Larbi | DG & COO | Leoni Wiring Systems Tunisia, Tunisie |
59 | Saadoune Adel | IT Manager | Union Internationale de Banques |
60 | Sahnoun Bilel | DG | La Bourse de Tunis, Tunisie |
61 | Sahraoui Melik | Chef du Département Mécanique de l'EPT | Ecole Polytechnique de Tunisie |
62 | Saidane Dhafer | Professeur | SKEMA Business School - Université de Lille, France |
63 | Saidane Hassine | Senior Manager | Wal-Mart - USA, Etats-Unis |
64 | Souidène Mseddi Wided | Chef du Département d'Electricité de l'EPT | Ecole Polytechnique de Tunisie |
65 | Tekaya Wajdi | Managing Director | Quant-Dev SARL, Tunisie |
66 | Touzi Nizar | Professeur, Président Département Mathématiques Appliquées | Ecole Polytechnique, France |
67 | Trabelsi El Handous Leila | Secrétaire Général de l'EPT | Ecole Polytechnique de Tunisie |
68 | Zarroug Malek | Ingénieur de Recherche | PSA Peugeot Citroën, France |
69 | Zitouna Habib | Directeur Général | ITCEQ, Tunisie |
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Bonjour, Je ne peux que confirmer cet handicap dont souffre l'Ecole Polytechnique de Tunisie. Ancien de l'EPT Associate Professor, University of Western Australia.
Il me semble qu'il existe, à part les facteurs cités, un autre facteur plus fondamental qui entrave la performance de l'école à savoir : l'opposition de la mission II avec les missions I et III. La mission II est spécifique polytechnicien. Les missions I et III correspondent plutôt aux ingénieurs spécialisés. La formation et le profil du polytechnicien lui permettent de pouvoir de concevoir des grands projets d'envergure dans ses grandes lignes, de concevoir les stratégies d'entreprise et de prendre des décisions très rapides. Bref, un profil destiné à gouverner, à diriger et assumer des grandes responsabilités (management). Par contre, l'autre profil brille dans le détail et l'opérationnel, au niveau technologique et gestion (à distinguer du management) ainsi que les innovations. Ils sont complémentaires et l'économie a besoin de ces deux profils. Mais vouloir former quelqu'un pour posséder à la fois les deux profils revient une mission pratiquement impossible. Pour certains, cette mission revient à produire "un mouton à cinq pattes".
Enfin un article sur cette Ecole dite prestige qui souffre le martyre. Certes, elle recrute parmi les meilleurs élèves. Mais, pour le reste nada, rien. Personnel non qualifié, dirigeants non qualifiés et qui plus est gestion clanique et clientéliste.
Réformer…c’est oser avec intelligence Engager une « reforme « à l’EPT à coup de pétition restera une première dans les anales scientifiques et une sacrée innovation dans la sphère académique. A l’heure où toutes les universités de part le monde se rassemblent dans des mégastructures pour une meilleure visibilité et une synergie des moyens et des compétences, on nous surprend par une démarche individualiste, limitée dans les objectifs et rétrograde dans la vision et les ambitions. On devrait commencer par réformer les mentalités et recycler les compétences des « gérants » de cette honorable institution. La gouvernance des établissements publics dans l’esprit de la 2ème république doit rompre avec la mentalité d’entreprise familiale, gérée selon des méthodes archaïques et des intérêts partisans. La gouvernance de l’EPT faisant partie de l’Université de Carthage devrait s’insérer dans le projet ambitieux de reforme de la gouvernance entrepris par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifiques, que les « gérants » de l’EPT devraient commencer par lire et s’en inspirer. Ce qu’ils nous proposent n’est qu’une flagellation de l’esprit par des entourloupettes juridiques dont le seul objectif est de satisfaire les ambitions médiocres des » gérants » , hypothéquer l’avenir des jeunes générations d’étudiants et tuer l’ambition des enseignants-Chercheurs. Reformer, c’est tout d’abord oser s’attaquer au contenu et aux méthodes pédagogiques d’apprentissage pour être au diapason des compétences internationales. C’est également entreprendre une réflexion sur les devenir des ingénieurs formés dont 80% des diplômés restent à l’étranger. Ne devrons –nous pas imposer à l’instar de Polytechnique Paris la fameuse « Pantoufle » qui exige un certain nombre d’années de travail en Tunisie pour les ingénieurs sortants afin de satisfaire le premier objectif de la création de l’EPT, à savoir doter le tissus économique et industriel national des compétences d’innovation technologique et de gestion !!!. Réformer, c’est également s’attaquer à l’état de désertion de l’école de la part de ses chercheurs et des ses enseignants, et qui sont sensés dynamiser la recherche scientifique et l’innovation pour répondre un temps soit peu aux objectifs de développement économique du pays mentionnés dans la pétition. Réformer, c’est s’ouvrir sur l’environnement scientifique national et international et engager des partenariats avec le tissu industriel et économique national, par la dynamisation de la mobilité et l’échange de compétences. Les contrats programmes fixant les objectifs et la Réformer…c’est oser avec intelligence Engager une « reforme « à l’EPT à coup de pétition restera une première dans les anales scientifiques et une sacrée innovation dans la sphère académique. A l’heure où toutes les universités de part le monde se rassemblent dans des mégastructures pour une meilleure visibilité et une synergie des moyens et des compétences, on nous surprend par une démarche individualiste, limitée dans les objectifs et rétrograde dans la vision et les ambitions. On devrait commencer par réformer les mentalités et recycler les compétences des « gérants » de cette honorable institution. La gouvernance des établissements publics dans l’esprit de la 2ème république doit rompre avec la mentalité d’entreprise familiale, gérée selon des méthodes archaïques et des intérêts partisans. La gouvernance de l’EPT faisant partie de l’Université de Carthage devrait s’insérer dans le projet ambitieux de reforme de la gouvernance entrepris par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifiques, que les « gérants » de l’EPT devraient commencer par lire et s’en inspirer. Ce qu’ils nous proposent n’est qu’une flagellation de l’esprit par des entourloupettes juridiques dont le seul objectif est de satisfaire les ambitions médiocres des » gérants » , hypothéquer l’avenir des jeunes générations d’étudiants et tuer l’ambition des enseignants-Chercheurs. Reformer, c’est tout d’abord oser s’attaquer au contenu et aux méthodes pédagogiques d’apprentissage pour être au diapason des compétences internationales. C’est également entreprendre une réflexion sur les devenir des ingénieurs formés dont 80% des diplômés restent à l’étranger. Ne devrons –nous pas imposer à l’instar de Polytechnique Paris la fameuse « Pantoufle » qui exige un certain nombre d’années de travail en Tunisie pour les ingénieurs sortants afin de satisfaire le premier objectif de la création de l’EPT, à savoir doter le tissus économique et industriel national des compétences d’innovation technologique et de gestion !!!. Réformer, c’est également s’attaquer à l’état de désertion de l’école de la part de ses chercheurs et des ses enseignants, et qui sont sensés dynamiser la recherche scientifique et l’innovation pour répondre un temps soit peu aux objectifs de développement économique du pays mentionnés dans la pétition. Réformer, c’est s’ouvrir sur l’environnement scientifique national et international et engager des partenariats avec le tissu industriel et économique national, par la dynamisation de la mobilité et l’échange de compétences. Les contrats programmes fixant les objectifs et la redevabilité seront les maîtres mots de la bonne gouvernance. Chedly Souga Professeur à l’EPT/ Membre de la CNR seront les maîtres mots de la bonne gouvernance. Chedly Souga Professeur à l’EPT/ Membre de la CNR
C'est la routine administrative de l'université de Carthage qui bloque cette réforme. En effet, avec une gouvernance loin de la démocratie, nous voyons notre université en retard par rapport à la révolution.