Savoir Ecouter les Régions!

Les décideurs (politiques et administratifs) doivent impérativement se mettre au diapason de la nouvelle constitution, en particulier en matière de décentralisation! C’est l’une des conditions essentielles de la désescalade! Les craintes suscitées par la «mutation» du PDG de Taparura, se sont avérées, hélas, bel et bien fondées! La «mutation n’était en fait qu’une sanction, qui va bien au delà de l’intéressé, pour toucher la société civile, la très puissante société civile sfaxienne; qui commence à déranger par sa perspicacité et sa persévérance! Le nouveau s’affirme d’emblée chargé d’une «mission» bien précise: imposer les vues du ministère sur cette zone; ô combien symbolique pour la région, et pour son opinion publique décidée à assumer! Ce «Détail» qui semble peu évident à 300Km de là! Un comportement inapproprié pour le moins, qui dénote une absence totale de savoir faire, par ces temps de mécontentement populaire, ou l’on se serait bien passé d’une provocation déplacée! En effet, balayer d’un revers de main, toute une démarche participative, qui a donné naissance à un PAD consensuel, auquel des compétences, régionales, nationales, internationales, et des représentants des citoyens, ont participé!!! Balayer tout cela, pour le remplacer par une approche type PAU, est inacceptable, aussi bien pour la forme que pour le fond!!!

TAPARURA est un projet comparable à la zone du Lac à Tunis, et représente pour Sfax la dernière chance pour récupérer convenablement son littoral spolié! Ceci pour dire, que nous n’accepterons jamais que cette zone soit bâclée à l’instar de Sfax El Jadida! Nous l’avons dit et le rappelons: cette zone représente l’avenir de SFAX, une ville méditerranéenne par excellence ! Et pour cela, des conditions ont été clairement définies, indispensables pour intégrer, complètement le nouveau territoire, qui est actuellement une presqu’ile quasi isolée! Ces conditions, il faut les rappeler:

1/ la continuité avec les anciennes plages
2/ la disparition de toutes traces d’industrie dans le quai d’embarquement et Granuphos
3/ l’intégration des vieux ateliers de la SNCFT
4/ Remise en valeur des zones Poudrières et des quartiers populaires adjacents
5/ la disparition de la SIAPE et des Salines et la remise en valeur du littoral sud Conditions nécessaires e t incontournables!

Quelques précisions sont utiles pour montrer à quel point ces conditions sont finalement d’une évidence déconcertante! Les anciennes plages,  jadis lieu de tous les plaisirs estivaux des sfaxiens, ont été massacrées par l’ancienne usine phosphatère NPK! Elles ont été l’objet de la première grande mobilisation de la société civile, qui a entrepris par des moyens strictement volontaires, de les remettre en valeur, ce qui a permis à des milliers d’estivants d’en profiter pour la première fois depuis 35 ans! L’usine granuphos, et les quais de débarquement de souffre (en plein air) et d’embarquement des produits finis du phosphate, sont une honte et une insulte à la dignité humaine, à 500 mètres du centre ville! Il ne saurait être question de les laisser là encore! La SNCFT, occupe, en plein centre ville, au bout de l’Avenue Bourguiba, à 500 mètres de l’Hôtel de ville, un terrain de plusieurs hectares, à 90 % inutilisés, qui plus est, constituent une véritable barrage entre la ville historique et Taparura. Le redéploiement de ces infrastructures permettra la fluidité indispensable, pour la circulation entre les différentes composantes de la ville: Médina, Bab Bhar et Taparura!

Enfin, la disparition de la plus vieille et la plus polluante usine du pays, est indispensable pour donner un grand coup de dépollution de tout le littoral!!! Il est évident que la pollution du littoral sud affecte sérieusement le littoral nord! C’est pour ça d’ailleurs que la Banque Européenne de Développement, principal bailleur de fonds pour le projet Taparura, a mis cela comme condition de l’octroit du crédit: la dépollution du littoral sud! Vouloir hâter la mise en marche de la phase urbanistique de Taparura, sans faire la moindre allusion à ces conditions, est une arnaque, un piège, dans lequel on est tombé pour ce qui concerne la tristement célèbre Sfax Eljadid! Et nous ne tomberons pas une seconde fois dans le même guet-apens! Cela confirme aussi et surtout, que les décideurs de la capitale continuent à voir pour Sfax et les autres régions marginalisées, continuent de voir petit, très petit; alors que les attentes, et les compétences, de ces régions sont devenues énormes! Enfin et comme un «malheur» ne vient jamais seul, on apprend que la pénétrante nord-sud, une sorte de boulevard périphérique, grand par les intentions, mais petit par les moyens, vient d’etre décidé sur un tracé refusé par les citoyens! En effet, le tronçon du centre ville, s’il devait être réalisé, achèverait la fracture entre le centre ville et la mer! Ce qui est complètement aberrant au moment où on tente d’éliminer les obstacles existants, invisibles à 300 Km de là ! Tout ce qui concerne les affaires régionales, ce sont les citoyens qui décident: il va falloir s’y accommoder !C’est au niveau des mentalités profondes des décideurs qu’il faut faire UNE REVOLUTION ! Avec TAPARURA , ce projet qui divague Et de vagues projets pour ranimer les vagues Avec tout ça et pis me diras tu comment Je t’aimes tant mon SFAX, je t’aime tant!

Dr Anouar Abdelkafi