Ce qui devait arriver…arriva! et pourtant des solutions existent!
Le sous-emploi et le chômage restent la préoccupation N°1 de nos concitoyens. A cette lancinante question le président répond qu’il faut faire preuve de patience tandis qu’en écho le premier ministre dit ne pas disposer d’une baguette magique. Le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle y va lui aussi de sa petite phrase: l’Etat ne peut embaucher tous les chômeurs cela le conduirait à la ruine! On a du mal à imaginer un art plus consommé d’enfoncer des portes ouvertes.
Affligeante et consternante démission politique à l’égard du devenir jeunesse en désespérance!
Mais il y a encore bien plus grave dans l’attitude du gouvernement atteint de cécité et d’autisme. La tentation de la diversion, dont à vrai dire plus personne n’est dupe, à l’exception habituelle d’éditocrates porte-voix et de journaleux en quête de sensationnalisme! En lieu et place d’une écoute bienveillante et attentive de jeunes souvent mal-diplômés, criant, haut et fort, leur colère, les autorités s’échinent à exploiter les débordements habituels à toutes les manifestations d’envergure. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, tous les projecteurs sont braqués sur quelques énergumènes violents qui s’en prennent à des biens publics comme privés. Voyous et casseurs, jets de pierre, brisures, et pneus enflammés envahissent les écrans et les tabloïdes détournant ainsi une opinion effarouchée et apeurée par de telles exactions.Outre l’indécence de montrer du doigt des quartiers périphériques et leurs populations victimes expiatoires d’une ghettoïsation scélérate, le gouvernement et sa chorale de dévots trouvent là les bouc-émissaires de toujours et tout-trouvés à sa redoutable incurie. Mieux encore, histoire d’enfoncer le clou, les autorités suggèrent que le mouvement de chômeurs qui s’est déployé comme une trainée de poudre sur l’ensemble du territoire serait en réalité l’œuvre de manipulateurs séditieux et subversifs (partis de l’intérieur et de l’étranger). Mais en réalité des « faire-valoir »fantomatiques, conspirateurs irréels et chimériques sortis tout droit de leur imaginaire tordu, pauvre et vindicatif!
Criminaliser les mouvements sociaux, est et reste…une recette vieille comme le monde. N’en déplaise à toute cette frange « bien-pensante » de notre société qui s’indigne à la moindre éructation!
Calomnier, calomnier…il en restera quelque chose! Autre vieille recette. Ce gouvernement et ses laudateurs ne se sont pas non plus privésde jeter l’opprobre sur tous ceux, politiques comme associatifs qui se portés au-devant de la défense des attentes légitimes de cette frange de la population.
Mais au juste, y a-t-il des solutions dans un contexte si éminemment difficile?
La population est en droit,-a minima-, à deux choses: Tout d’abord à la prise en considération que de réels efforts seront fait. La seconde est qu’un début de réponse soit apporté. Est-ce si compliqué ?
Reconnaissons pour rester de bonne foi qu’il n’existe pas de solutions toute-faîtes sur étagère ! Cela se saurait. En revanche en cherchant bien, on finit par dénicher, question de bonne volonté et de détermination ce qui ressemble à des réponses imparfaites mais bien plus viables pour ces jeunes.
Une majoration (voire une simple ponction) de la taxe due au titre de la formation professionnelle permettrait de mettre sur pied une offre de remise à niveau, d’initiation ou encore de réinsertion à la vie professionnelle. Qu’est-ce à dire ? Comment procéder?
Fixons tout d’abord quelques ordres de grandeur dressons à grands traits les modalités générales de fonctionnement d’un dispositif déjà existant mais qu’il conviendrait d’étendre.
Une ponction de 0,5% assise sur la masse salariale du secteur privé (entreprises de plus de 5 salariés) comme du secteur public et parapublic (administration et entreprises nationales) et des professions d’intermédiation (libérales), rapporterait un montant avoisinant 700 MDT (soit l’équivalent de 0.04% des ressources propres du budget ou encore moins de 0,01% du PIB). Un montant qu’il convient de mettre en regard d’un coût moyen de formation d’un stagiaire à raison de 6 heures par jour, sur une durée moyenne de six mois de l’ordre de 14.000 DT, soit près de 50.000 jeunes réoccupés.
50.000 jeunes qui suivraient des formations en alternance (en entreprise) après des remises à niveau plus ou moins importantes selon les acquis. Un dispositif qui existe partiellement mais qu’il s’agirait de compléter via des créations d’associations dédiées qui recruteraient elles même des volontaires comme de semi-bénévoles (possiblement et partiellement détachés) disposant de savoir-faire et d’une expérience suffisante. Un dispositif étendu qui serait cogéré par les partenaires sociaux et co-animé par la société civile. Des formations en alternances qui pourraient d’ailleurs, dans de très nombreux cas, déboucher sur des embauches d’entreprises ayant connu ses stagiaires durant leur formation.
On peut tout aussi bien imaginer la création de nouvelles activités autour de ressources inexploitées de mission de service public ou encore d’aménagement du territoire (mal assurées) sous la forme originale de sociétés d’économie mixte (pas tout à fait encore au format PPP). Cette forme permettrait de satisfaire simultanément à deux exigences incontournables: celle de l’apport minimal en fonds propres de l’Etat mais avec des garanties bancaires qui l’accompagnerait, d’une part, et celle de la réduction notable de l’aversion extrême au risque (poussé à son paroxysme du fait du caractère délétère du climat social) de la part d’investisseurs privés. Ceux-ci se sentiraient en quelque sorte mieux protégés par la présence de la puissance publique. Des entrepreneurs mieux disposés donc prêt à investir et pouvant ainsi se consacrer en tout quiétude au déploiement de leurs talents d’organisation. Ces entreprises bénéficieraient des avantages habituelsoctroyées dans le cadre des zones défavorisées augmentés possiblement d’une prime à la création d’emplois. Les tous premiers débouchés seraient assurés soit de manière conventionnelle (préexistence d’une demande) soitsur des commandes publiques (municipalités services publics).
Il ne s’agit là bien évidemment que de quelques pistes à peine explorées mais qui mériteraient que l’on s’y penche d’un peu plus près. A vrai dire je vois déjà les haussements d’épaules du grand argentier disant que les caisses sont vides, et entend aussi les sarcasmes habituels de ceux ministres et grands commis de l’Etat embourbés dans les méandres et dédales administratifs expliquant doctement que tout cela est proprement irréaliste !
Ce à quoi je répondrais invariablement…que l’on n’a rien sans rien!
Hédi Sraieb
Docteur d’Etat en économie du développement
- Ecrire un commentaire
- Commenter