Dali Jazi: Allocution du Doyen le Professeur Fadhel Moussa
Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis 10 mars 2010
Chers Zeineb, Radhi, Amel, Neila, Abdemajid Jazi
Mrs les Ministres
Chers invités
Chers collègues et amis
Chers étudiants
Mesdames et Messieurs
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire au nom de tous mes collègues de la faculté combien je suis ému mais en même temps heureux de vous accueillir dans cette salle qui porte le nom de Dali Jazi et qui abrite cette cérémonie en son honneur, pour la remise de ces mélanges, en son hommage.
Votre présence en tant que proches, membres de sa famille, collègues, amis et connaissances nous honore.
Je salue aussi la présence parmi nous de Mr Chedli Klibi qui a accepté chaleureusement d’être membre du comité d’honneur ce qui nous comble d’aise.
Nous apprécions aussi et particulièrement, la présence de certains autres amis venus de loin. « Ils sont venus ils sont tous là » dirait Aznavour, j’ajouterais ou presque.
En effet nous regrettons certaines absences pour force majeure. Plusieurs sont ceux qui n’ont pas manqué de nous en faire part.
Je tiens à mentionner, particulièrement, le regret de Mr le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le Pr Bechir Tekari, qui est en mission à Vienne et qui a tenu à marquer sa présence en se faisant représenter par Mr le Directeur de cabinet le Professeur Ridha Methnani que nous saluons.
Je me dois de mentionner aussi le regret de Mr Ridha Grira Ministre de la défense nationale qui s’est fait représenté par le Directeur de cabinet Mr Abdellatif Chebbi que nous saluons aussi.
Pour sa part Si Sadok Chaabane, Président du Conseil économique et social, nous a fait parvenir un message que je vous lirez au début de la séance des témoignages.
Enfin Mme Faiza Kefi - Première Présidente de la Cour des Comptes - qui est en mission { l’étranger nous a aussi fait part de son regret de ne pas pouvoir être parmi nous.
Ils ont tous tenus { le faire savoir. C’est maintenant chose faite.
Par ailleurs et dans le cadre de la préparation de cette cérémonie, certaines personnes nous ont suggéré d’ajouter à cette formule « En hommage à Dali Jazi », que nous avons retenue comme titre de ces mélanges, la mention « regretté », « disparu », etc. ou encore « en hommage à la mémoire de.. » etc.
Nous avons finalement préféré ne rien mettre de tel pour continuer à penser qu’il est encore parmi nous. Mais si cela n’est, malheureusement, qu’un voeu pieux, il n’en demeure pas moins que ce travail, qui lui est destiné et quel qu’en soit le titre, assurera sûrement la fonction de maintenir son souvenir vivant.
Nous sommes persuadés que cet ouvrage sera sans aucun doute consulté, visité, lu, pendant longtemps comme tous les ouvrages de qualité.
En réalité, pour maintenir le souvenir en vie, nous n’avons pas attendu cette publication puisque son nom a été déjà inscrit au fronton de cette salle { l’initiative de notre collègue le doyen Mohamed Salah Ben Aissa.
Chers invités, collègues et amis
Nous sommes, aujourd’hui, émus mais aussi heureux, et en particulier le comité éditorial (Mohamed Salah, Rafaa, Slim, Tawfik, Sana et moi-même), d’avoir tenu une promesse en finalisant un projet en application d’une délibération que le conseil scientifique de notre faculté avait adopté au lendemain de la cruelle nouvelle qui nous a tellement affligés et attristés.
Nous le sommes d'autant plus, aujourd'hui, que nous sommes le 10 Mars, date, jour pour jour, du 3ème anniversaire du départ de notre cher professeur, collègue et ami.
Nous avons veillé à faire coïncider les deux dates grâce au concours décisif de Mr le Dr du Centre de Publication Universitaire, le professeur Habib Bouchriha que je tiens à remercier vivement.
Nous lui devons la publication de cet ouvrage dans le délai convenu mais nous lui devons aussi la prise en charge et la conception de cette deuxième version du projet initial.
En effet, il s’agit bien d’une deuxième version. Ce projet, faut-il le souligner, a connu un itinéraire bien particulier. Il devait être diffusé un peu plus tôt mais le comité éditorial a estimé plus indiqué de reporter cette diffusion, à la demande insistante de plusieurs de ses collègues et amis qui souhaitaient y contribuer et lui donner une plus fière allure.
Finalement, le retard a été compensé, je dirais même a été bénéfique, car le projet a débouché sur un produit plus consistant, plus riche et qui a permis à tous ceux qui le souhaitaient, et ils étaient nombreux, d’y prendre part. A tous les contributeurs je tiens à dire merci.
Ces contributeurs étaient nombreux mais aussi représentatifs de plusieurs générations.
Ses professeurs (Habib Ayadi, Sassi ben Halima, René Chapus, Jacques Robert, Laurent Lucchini), Les collègues de sa génération (Abdelfattah Amor, Yadh Ben Achour, Soukeina Bouraoui), Certains de ses anciens étudiants devenus ses collègues (Zouheir Mdhaffer, Ridha Ben Hammed, Ali Mezghani, Rafaa Ben Achour, Slim Laghmani, moi-même).
Mais d’autres collègues plus jeunes encore (Salsabil Klibi, Imed Memiche, Sonia Mellek, Neila Chaabane et j’en oublie ) qui l’ont côtoyé par la suite soit en marge des leçons inaugurales des années universitaires, organisées régulièrement par notre faculté, soit aux fêtes de fin d’année, soit en d’autres occasions telles que les manifestations scientifiques ou parfois des soutenances de mémoires ou de thèses …En effet Dali Jazi n’a jamais cessé de répondre régulièrement aux invitations de sa faculté et à nos rendez-vous majeurs en dépit de son calendrier ministériel ou politique chargé.
Les contributeurs ne sont pas uniquement des nationaux, d’autres collègues et personnalités de pays amis, de France en particulier, ont tenu à inscrire leurs noms dont Mme la Ministre de la justice Michèle Alliot- Marie.
Les thèmes étaient, eux aussi, divers. Des sujets de droit public comme de droit privé, toutes les grandes disciplines juridiques sont pratiquement représentées. Mais l’économie, la gestion et les sciences sociales ne sont pas en reste. Les textes sont aussi bien en arabe qu’en français et même en anglais.
Dali Jazi a ainsi réussi à rassembler plusieurs courants, langues, plusieurs nationalités aussi et à nous faire produire un ouvrage de 950 pages.
Trois ans après, il continue à réunir les gens et continue à provoquer la production, stimuler le savoir et enrichir un endroit précieux de notre faculté qu’est la bibliothèque.
Je me dois de rappeler que la faculté a déjà hérité de l’essentiel de sa bibliothèque personnelle et que désormais un fonds portant son nom a été répertorié et mis en place { l’initiative de Zeineb son épouse devenue notre amie depuis longue date.
Mais la générosité n’était pas le seul trait de caractère de Dali Jazi. Dans les contributions, plusieurs autres traits ont été cités tels que la fidélité en amitié, le franc parlé, l’intelligence, la présence et le charisme à titre d’exemples.
Qu'il me soit permis d'évoquer quelques autres traits. Mais si je dois faire court, résumer et ramener aux plus saillants je sélectionnerais deux :
D’abord, je dirais qu’il ne passe jamais inaperçu et ne laisse jamais indifférent.
Ensuite, et vu la circonstance, je reprendrais un trait qui a servi de conclusion à une contribution à cet ouvrage, intitulée « la loi, le citoyen et le croyant».
Je cite : « Il s’agit là de quelques idées sur un sujet au carrefour du droit, de la politique et de la religion ; un sujet pour honorer la mémoire du professeur mais aussi du collègue et de l’ami.
Un sujet qui a été aussi abordé par lui dans son cours sur les libertés publiques et dans sa thèse.
Je crois pouvoir dire qu’il était, intellectuellement, un défenseur de la citoyenneté et de la croyance du for intérieur ; qu’il était attaché à son identité mais tolérant ; qu’il récusait les pratiques étrangères à nos traditions et à notre société ; qu’il était aussi et surtout très ouvert sur le monde et la modernité bien comprise.
Que pourrais-je lui dédier encore, si ce n’est une affectueuse et sincère pensée et le voeu que son âme repose en paix »
C’est la conclusion d’un contributeur mais pour la vraie conclusion, et encore dans ce même ordre d’idée, j’ai fait le choix de reprendre les paroles de Dali Jazi dans une interview, republiée le 23 Mars 2006 par la revue Réalités.
Des paroles qui donnent un sens plus fort à notre réunion d’aujourd’hui dans cette enceinte que nous voulons un lieu permanent de diffusion du savoir pour la jeunesse de notre pays, des paroles qui donnent surtout une perspective.
Il a dit : « J’espère, à la fin de cet entretien, une seule chose : que l’ignorance recule au maximum. Le contraire de l’ignorance n’est pas seulement l’alphabétisation, c’est aussi une intelligence des choses, de la compréhension au sein de la famille, de la vie sociale, du monde professionnel.
L’ignorance est à la base de l’intolérance et celle-ci mène inéluctablement à la violence.
Vous comprendrez pourquoi je tiens toujours à rester l’enseignant du début de ma carrière pour contribuer à faire reculer l’ignorance».
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hommage bien mérité à un homme tunisien qui a contribue à faire avancer ses concitoyens .
« J’espère, à la fin de cet entretien, une seule chose : que l’ignorance recule au maximum. Le contraire de l’ignorance n’est pas seulement l’alphabétisation, c’est aussi une intelligence des choses, de la compréhension au sein de la famille, de la vie sociale, du monde professionnel. L’ignorance est à la base de l’intolérance et celle-ci mène inéluctablement à la violence. Vous comprendrez pourquoi je tiens toujours à rester l’enseignant du début de ma carrière pour contribuer à faire reculer l’ignorance». Monsieur le Doyen, nous avons besoin d'une nouvelle société: La société du Savoir; une société ou les gens auront le droit au savoir. C'est avec vous et avec les Compétences Tunisiennes que nous voulons la construire. Rahima Allah Pr Dali Jazi