Des propositions pour résoudre le problème du chômage en Tunisie
En Tunisie, chaque année près de cent mille nouveaux demandeurs d’emploi s’ajoutent à la liste des chômeurs qui ne cesse de s’élargir chaque jour et constituer une charge très lourde pour le gouvernement. Sur ce train notre pays est en passe de devenir dans si peu de temps « le pays du million de chômeurs ». C’est un titre qu’on est en mesure de redorer son blason en ces temps, après que notre voisin ait mérité celui du « pays du million de martyrs ». Quelques voix s’élèvent d’ici et là pour suggérer des idées utiles pour résorber le chômage. On parle d’une réforme fiscale, de mesures contre l’évasion fiscale, d’investissements privés et de toutes les mesures imaginaires qui pourraient s’appliquer à tous les cas de figures. Il y a quelques jours un éminent économiste tunisien vient d’accoucher d’une idée qui pourrait résoudre tous nos problèmes. L’idée se base sur un calcul mathématique mais comme tout raisonnement de ce genre elle est abstraite. Ceci confirme l’adage qui se rapporte à la comparaison entre les hommes de lettres et les purs scientifiques dans l’administration. C’est ce qu’on appelle le Capital lettres.
L’administrateur qui gère une entreprise avec une méthode purement scientifique, ne pourrait atteindre les objectifs fixés que lorsqu’il entame sa gestion avec tous les moyens déterminés à l’avance et lorsque toutes les conditions d’exécution des tâches sont réunies. Le manque d’un seul moyen ou d’une condition d’exécution d’une tâche pourrait mettre en échec toute l’entreprise. Pour un scientifique 2 et 2 font toujours 4. A l’inverse, le littéraire a l’esprit plus souple et ne manque pas d’imagination. Il est capable de transcender l’absurdité de la mathématique pour trouver une idée capable de compenser le déficit d’un moyen ou pour faciliter les conditions d’exécution d’une tâche ardue. Notre pays souffre d’un manque flagrant d’administrateurs compétents. A défaut de moyens, il faut plus d’organisation et un peu d’imagination.
Le rôle des grands administrateurs du gouvernement, les ministres, est de choisir une idée. Leurs conseillers sont payés pour présenter plusieurs figures. Une fois l’idée décidé, les spécialistes qui regroupent les juristes, les économistes et les administratifs se penchent sur la procédure de mise en œuvre. Aujourd’hui, beaucoup de tunisiens sont prêts à venir en aide au gouvernement pour essayer de sauver le pays. Nombreux sont les intellectuels disposés à contribuer par des idées utiles pour résorber le chômage au pays. Il reste aux responsables politiques de tamiser et choisir ce qui pourrait être réalisable. Dans le cadre de cette contribution il est proposé l’étude de deux domaines de recrutement intensif et immédiat : la Gestion des ressources humaines de toutes les institutions nationales (publiques et privées) et le contrôle fiscal de toutes les entreprises privées.
La gestion des ressources humaines (GRH)
Il s’agit de mettre en œuvre les procédures de la GRH. Cette procédure se résume dans la conception et la rédaction des différentes fonctions GRH et particulièrement celles qui se rapportent à la fiche de poste et la fiche de tâche. Chaque agent, du simple manutentionnaire jusqu’au PDG, doit être employé conformément à sa fiche de poste. La même chose sera appliquée quant au contrôle des tâches, à l’avancement ainsi qu’à toutes les autres fonctions GRH. L’esprit est de pousser l’employé à faire son travail conformément aux prescriptions relatives à sa tâche et non d’être présent sur le lieu du travail sans être contraint par une tâche définie. La GRH identifie au moins une douzaine de fonctions. Aucune entreprise en Tunisie n’a osé se plier aux exigences de cette organisation scientifique du travail pour différentes raisons. La première raison est le manque de volonté et la paresse pour concevoir et rédiger les procédures du travail, tandis que la principale raison est de ne pas se soumettre à une fiche de tâches qui détermine la qualité du travail demandé. La majorité des entreprises nationales ont besoin de recruter un personnel qualifié pour mettre en œuvre ces procédures. Si chaque entreprise recrute au moins un seul spécialiste choisi parmi les chômeurs diplômés du supérieur et recyclé pendant une période allant de un à trois mois au maximum par les soins des institutions éducatives nationales assistées par un organe d’un pays ami. Ce domaine de la GRH pourrait absorber au moins 30.000 diplômés. L’apport de la GRH est énorme sur la qualité du travail qui est la principale richesse du pays. Le futur sera assuré si on est capable de fournir un travail de qualité.
Le contrôle fiscal
l’idée est de vérifier les déclarations d’impôts de chaque personne morale et physique qui travaillent et produisent en Tunisie. Même les fonctionnaires de l’Etat ne sont pas exemptés de ces mesures. La vérification se rapportera non à leurs impôts sur le salaire mais aux biens tels que l’immobilier qu’ils possèdent en location, aux terrains et domaines de commerces ou autres. La vérification des gains des entreprises se fera à la manière des contrôles des comptes. L’agent désigné pour ce travail dans une entreprise fera un audit durant une période d’un an. A l’issue de cette mission il est en mesure de déterminer la valeur exacte des impôts dus par l’entreprise à l’Etat. Après cela il importe de faire le constat d’honnêteté de l’entreprise. Si les déclarations antérieures, des dix dernières années, ne s’avèrent pas justes, et c’est le plus probable, l’entreprise sera lourdement pénalisée.
Ces mesures renfloueront les caisses de l’Etat d’une manière importante pendant les prochaines années. Chaque entreprise pénalisée financièrement devra aussi recruter un contrôleur qui l’aidera à mieux gérer ses déclarations d’impôts à l’avenir. Ce domaine de contrôle nécessite au moins 150.000 contrôleurs recrutés parmi les chômeurs du supérieur.
Maintenant si on s’amuse à compter le nombre de contrôleurs fiscaux et les spécialistes GRH nécessaires pour faire ce travail, il faudrait environ 200.000 agents supérieurs. Le problème du chômage des diplômés est résolu sur le plan théorique. Aux politiciens de le mettre en pratique. C’est ce qu’on appelle un coup de baguette magique. D’ici là on croise les doigts et on continue à espérer.
Mohamed Nafti
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C'est bien connu l'imagination n'est pas au pouvoir (ni politique ni économique) Par ailleurs il faudrait procéder à une évaluation objective des diplômes des chômeurs pour s'assurer de leur valeur car ce n'est pas quelques mois de mise à niveau, même avec l'aide de pays amis, qui vont permettre à ces personnes de devenir opérationnels