Face à la menace terroriste, Militaires et Sécuritaires: cessons de palabrer, mobilisons-nous !
La Tunisie vient de subir une sauvage agression terroriste qui a couté la vie à trois jeunes militaires. Cette nième attaque impose une prise de conscience bien sûr nationale mais surtout de la communauté de défense et de sécurité: militaires et sécuritaires en activité ou à la retraite, leurs proches et particulièrement leurs associations.
Compte tenu de son engagement au service de la Nation, la question que cette communauté doit se poser est la suivante: que peut–elle apporter à la résilience nationale dans une guerre sans compassion ni pitié et qui s’affiche dans la durée?
En effet, cette communauté ne peut pas rester passive. Ses membres connaissent parfaitement ce qu’est un engagement armé, ce qu’implique un recours à la force, le prix du sang et des larmes parfois même, ils connaissent l’ennemi d’aujourd’hui que certains d’entre eux ont combattu ou combattent depuis des années maintenant. Des milliers d’entre eux, particulièrement les retraités, sont enrôlés dans des associations.
Ces associations patriotiques, personne n’en doute, ont un rôle à jouer dans une mobilisation nationale contre l’ennemi. Bien souvent, elles ont été ignorées, sinon brocardées. Elles ont parfois été traitées avec un certains dédain en raison de leur volonté de promouvoir l’esprit de défense qui devrait être mieux perçu sinon compris aujourd’hui par les autorités, le politique en général, les citoyens.
Cependant, ce qui importe n’est pas la perception positive de la communauté de défense et de sécurité par la Nation mais la contribution que cette communauté, notamment par le biais de ses associations, peut apporter à la résilience de la Nation par l’expérience et la motivation naturelle de ses membres.
Quelques contributions peuvent être proposées sans qu’elles ne soient exhaustives
- Sans doute la première proposition est la construction d’une action commune à mener par l’ensemble des associations contre la menace terroriste. Elles doivent se fédérer et coordonner leurs actions à travers un programme commun de soutien aux opérations militaires et sécuritaires. Elles doivent donc définir le champ de leur action, le partager et se mobiliser.
- Une seconde action est le rappel aux autorités que les associations ont un rôle à jouer dans la résilience de la Nation. Aucun gouvernement ne pourra gagner la guerre contre le terrorisme sans l’adhésion de la Nation dans la durée .Elles doivent donc alerter et sensibiliser les autorités politiques et militaires sur l’apport possible de ces milliers de membres aguerris et résolument décidés à aller jusqu’au bout.
- Une troisième action est l’utilisation des réseaux associatifs pour expliquer à leurs entourages et environnement les enjeux et la défense de notre pays dans ce contexte sécuritaire à partir de l’expérience des uns et des autres en matière d’emploi des armes et de lutte antiterroriste.IL faut en effet faire constater que nous sommes en présence d’une Tunisie exsangue , menacée dans son existence même, bien désarmée moralement et psychologiquement, bien peu sensibilisée aux questions de défense et de sécurité .Les forces armées étant prises par d’autres missions ,les associations peuvent contribuer à informer leur environnement sur l’ennemi et la nature de la menace .Cet environnement comprend le milieu familial, le milieu professionnel y compris l’entreprise, le monde éducatif et les communes où elles sont présentes .Elles doivent donc expliquer et sensibiliser.
- Enfin, quatrième action possible: les associations doivent susciter l’adhésion de la Nation dans son intégralité à nos forces armées et de sécurité .Elles doivent contribuer à revitaliser l’esprit de défense du citoyen car un citoyen ne se limite pas à aller voter. Etre citoyen c’est aussi avoir le courage de défendre son pays en cas de nécessité y compris par les armes.
Vaillance, mobilisation, détermination, combativité et volonté de vaincre, tels seront les maitre-mots qui construisent l’état d’esprit dont chacun d’entre nous devra faire preuve, sinon s’inspirer et qui devrait accompagner notre résistance et notre mobilisation.
Avant de conclure je préconise de concrétiser ces réflexions dans les recommandations suivantes :
1- La population doit–être informée. L’Etat n’est plus fiable dans les informations qu’il donne, les médias non-plus. L’Etat ne peut pas tout faire, nos associations militaires et sécuritaires peuvent relayer son action et le soulager de cette tâche qui confortera leur action et leur légitimité. Cela sous-entend, évidemment, que ces associations aient accès facilement à l’information.
2- Les 30-50ans, composant une grande partie de la population, une génération dont une grande partie des hommes, n’a pas connu le service militaire vécu souvent comme une obligation inutile doivent être sensibilisés à l’engagement citoyen de défense .Cela est un objectif prioritaire
3- La culture de défense qui ne peut pas être seulement évoquée dans l’esprit de la défense, doit être dispensée y compris dans l’éducation nationale, dans les universités, sinon même les entreprises. En situation de guerre, il est peut –être plus raisonnable de confier cette mission aux associations qui ont une connaissance militaire et sécuritaire très proche de la réalité.
4- La reconnaissance portée aux forces armées et de sécurité doit être forte et visible .Toutes les opportunités doivent être saisies; nos associations doivent inciter au rassemblement national autour de nos forces armées et de sécurité pour les conforter dans la longue guerre qui attend la Tunisie.
La Tunisie a besoin de plus de patrie, de plus de patriotisme, de plus de Nation.
Mohamed Kasdallah
Membre du Comité Directeur de l’Association des Anciens Officiers de l’Armée Nationale
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