Edito - Taoufik Habaieb : Ce qui nous sépare, ce qui nous menace, ce qui nous rassemble
Qu’est-ce qui nous manque pour que la Tunisie retrouve ses fondamentaux sains, solides et porteurs de nos ambitions? Le pays s’est irréversiblement affranchi de la dictature. La parole s’est libérée pour s’exprimer dans sa pluralité. La société civile exerce son magistère, vigilant, au-dessus des partis et de tout pouvoir. La nouvelle constitution et ses institutions se mettent en œuvre. Le Conseil supérieur de la magistrature, pièce maîtresse, vient d’être librement élu, ouvrant ainsi la voie à la composition de la Cour constitutionnelle.
Tous les bons ingrédients sont réunis et pourtant la Tunisie ne se remet pas au travail, ne se remet pas en service, ne se remet pas dans les radars de l’économie internationale, ne retrouve pas sa grandeur. Au lieu de rassembler les Tunisiens et les fédérer autour d’un grand dessein partagé qui forge l’avenir, le charisme séparateur de ceux qu’on croyait leaders nous renvoie dans le clanisme, le corporatisme et le populisme. L’usurpation des oasis de Jemna et la contestation de l’impôt par les avocats nous en offrent à chaud de fort regrettables illustrations. L’implosion de la plupart des partis politiques ne fait qu’attiser le mal, fractionnant leurs rangs et laminant tout programme et tout débat de fond. L’approche de son congrès électif engage l’Ugtt dans la surenchère. Les clivages s’ancrent. La Tunisie s’atomise.
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constat reel ,analyse pertinente d'une situation qui comme l'explique Si Taoufik ,n'est pas désespérée:,en réalité nous avons besoin d'un général de guerre pour le pilotage à bon port du pays
Excellent diagnostic. Situation réellement effrayante. Dans un monde en pleine mutation, tout est possible et ça n'arrive pas qu'aux autres. Mais l'espoir reste possible. Beaucoup de voix doivent s"élever pour témoigner et prévenir. Bravo Si Taoufik
Bravo pour cette franche mise au point. Hélas les Tunisiens ont tous les médicaments à portée de main, mais ne savent point les prescrire correctement et opportunément. La "privilégiature" a d'autres combats à livrer plus que de penser a sortit le pas de l'ornière. Au fond, les Tunisiens n'ont besoin que de caresses. Le rôle des médias devient essentiel pour découvrir l'envers du tableau.