News - 20.11.2016

L’agonie de la dynastie hafside

L’agonie de la dynastie hafside

Fondée par Abou Hafs Omar, gouverneur  et proche compagnon du fondateur de  l’empire almohade (1147-1269), la famille hafside, quoique vassale de Marrakech, était dès 1207 maîtresse de la province d’Ifriqiya.  En 1228, elle est  constituée en dynastie indépendante par l’émir Abou Zakaria, arrière-petit-fils d’Abou Hafs. Les émirs hafsides allaient  régner, à partir de leur bonne ville de Tunis, sur un territoire qui s’étendait au-delà de l’actuelle Tunisie jusqu’à Bougie à l’ouest et à Tripoli à l’est.

Durant ses heures de gloire,  notamment sous les grands  règnes d’ Abou Zakaria I (1228-1249),  d’El Moustansir (1249-1277), d’Abou Faris  Abdelaziz (1394- 1434)et  d’Abou Amr Othman (1435-1488), la dynastie réussit à étendre plus ou moins durablement sa suzeraineté à Tripoli à l’est, et , à l’ouest, aux  émirs mérinides, leurs homologues du Maroc, et de l’ouest algérien et à  une bonne partie de l’Espagne musulmane. En 1258, lorsque les Mongols, dans un effroyable massacre, mirent fin au califat abbasside, le sultan Al Moustansir reçut même l’allégeance du Chérif de La Mecque et fut acclamé à Tunis comme Commandeur des croyants.  

Certes, les émirs hafsides eurent souvent à contenir la turbulence des grandes tribus nomades, soit en les réduisant par la force, soit en leur cédant des concessions foncières ou fiscales. Ils virent aussi  certains points du littoral ou des îles comme Djerba et Kerkennah occupés par des puissances chrétiennes. Ils durent même faire face à  la menace de leurs homologues mérinides du Maroc. Ils eurent même à subir la croisade de Saint Louis qui échoua cependant devant Tunis en 1270. Les émirs hafsides se maintinrent cependant vaille que vaille et donnèrent à leur royaume ses lettres de noblesse en matière de puissance, de science, d’art et de civilisation urbaine. Tunis en particulier profita de leur grandeur et devint définitivement la capitale politique, économique et culturelle du pays.  Métropole islamique, elle était la destination  de nombreux marchands et d’hommes en quête de science.  Accueillante, elle donna l’hospitalité aux premiers  émigrés andalous dont les ancêtres de l’illustre Ibn Khaldoun (1332-1406), lui-même pur produit de la ville et de sa mosquée-université de la Zitouna.

Vieil Etat fondé au cœur du Moyen Âge, l’émirat hafside pâtissait toutefois de faiblesses inhérentes au pouvoir despotique oriental. Corrigées jusque-là avec plus ou moins de bonheur, elles s’aggravèrent dangereusement lorsque la dynastie entra en décadence au lendemain du long règne d’Abou Amr Othman.

Lorsque Moulay [titre porté par les sultans hafsides mais généralement utilisé par l’historiographie pour désigner cet émir en particulier] Hassan  succéda à son père Mohamed en 1526 en inaugurant son règne par le massacre de ses frères, on semblait s’acheminer vers un énième pouvoir despotique dans ses rapports classiques avec les populations et avec le monde extérieur d’une dynastie fondée  trois siècles auparavant. Un changement radical était cependant apparu sur la scène méditerranéenne, il s’agissait de la compétition entre les deux grandes puissances rivales, l’Espagne et l’Empire ottoman. Les sultans hafsides, jusque-là acteurs de premier plan dans la lutte entre le Maghreb musulman et l’Europe catholique, tombaient désormais au rang de pions sur l’échiquier méditerranéen. Dans ces conditions, les faiblesses inhérentes  au pouvoir devenaient fatales. Il n’était plus question de défaites ponctuelles, de repli puis de renaissance mais bien d’une agonie sur fond  de recomposition  du monde entreprise par Charles Quint ( 1519-1556),  empereur germanique, roi d’Espagne et de Sicile et le  Sultan ottoman  Soliman le Magnifique (1520-1566) puis leurs successeurs. 
En   1529, deux marins hors pair et corsaires redoutables, originaires de l’île grecque de Mytilène (Lesbos), les frères Arouj et Khérédine Barberousse, se rendent maîtres d’Alger et du fort espagnol du Penon. Constantine est prise à son tour. Puis les frères Barberousse se présentent devant Tunis. Hassan sauve les meubles en acceptant  de laisser ces deux conquérants impénitents opérer à partir des ports  du royaume, à charge pour eux de lui reverser le tiers des prises.

Mais les arrière-pensées étaient nombreuses et les ambitions fatalement contradictoires, de sorte que la rupture fut vite consommée au prétexte que Hassan avait lâché les frères Barberousse à un moment crucial de leur lutte contre les chrétiens. Barberousse, devenu entretemps amiral de la flotte ottomane avec le titre de Capitan-pacha (1533), obtient du Sultan de Constantinople de s’emparer de Tunis, ce qu’il fait en 1534, après avoir pris Bizerte et La Goulette. Vaincu, Moulay Hassan se réfugie chez les bédouins. Ceux-ci, battus par les Turcs, sont contraints de l’abandonner à son sort.  

L’émir, aux abois, n’a guère d’autre issue que de chercher refuge chez son fils Ahmed, gouverneur de Bône, et de solliciter l’appui de l’Espagne. Il adresse à Charles Quint une lettre dans laquelle il dit notamment: «Barberousse, ce misérable reïs turc (…) vient de s’emparer de mes Etats. L’attachement sincère que j’ai toujours eu pour vous l’a décidé à me nuire. Il est donc de votre honneur, et il y va de vos intérêts, ô grand Roi, de venir à mon
secours (…) J’ai encore à mon service 60 000 hommes avec lesquels j’irai l’assiéger par terre, tandis que vous viendrez l’encercler par la mer. Lorsque le royaume de Tunis sera rentré sous mon obéissance, je vous en ferai l’hommage et me contenterai d’être votre lieutenant. » (Jean-Louis Belachemi, Nous, les frères Barberousse, Paris, 1984,  p. 303).

Avec pour allié et obligé  le roi légitime du royaume musulman de Tunis, l’empereur ne pouvait espérer meilleur scenario pour courir sus aux Ottomans. Une formidable armada est alors constituée par l’empereur.  J.-L. Belachemi nous en a  relaté les préparatifs et la composition. Les provinces d’Espagne, d’Allemagne, des Pays-Bas, les vice-rois de Naples et de Sicile furent mis à contribution. L’ordre de Malte, les villes italiennes, le Portugal, Monaco et le Saint-Siège se joignirent à l’effort. Le 15 juin 1535, Charles Quint, à la tête d’une flotte transportant plus de 25 000 hommes, arrive devant La Goulette. Le débarquement effectué, les combats  (que le peintre hollandais Jan Vermeyen, qui avait accompagné l’expédition, a reproduits en divers tableaux) opposant les troupes de Charles Quint et celles de Barberousse (composées de Turcs et Tunisiens) firent rage, mais en juillet Tunis est prise et Barberousse, acculé à la fuite à Constantine tandis que, sous les yeux de Charles Quint et Moulay Hassan, la population tunisoise est soumise à un épouvantable massacre.

En août, Charles Quint, laissant à La Goulette une garnison dans la puissante forteresse qu’il fit construire  (et dont il ne reste aujourd’hui qu’un bastion auquel les Tunisiens ont donné le nom peu glorieux de Karraka) et après avoir  reçu l’allégeance de Hassan comme vassal, repart triomphant et sa victoire est saluée dans toute la Chrétienté. En Ifriqiya, la défaite face aux Espagnols, la haine et le mépris à l’égard de Hassan ne manquent pas de se traduire par des révoltes et des sécessions de diverses tribus, villes (dont Kairouan et Sousse) et régions.  Lui qui avait assuré ses protecteurs que les tribus se rallieraient à lui dès son retour est battu par les troupes d’un extraordinaire personnage conforme à ces figures  charismatiques à la fois mystiques et combattantes issues du terroir maghrébin: le cheikh Arafa, fondateur de la  Communauté religieuse et politique des Chabbiya fondée en 1450. Comme un malheur n’arrive jamais seul, Moulay Hassan est déchu par son fils Ahmed. Il lui épargne la mort réclamée par la populace, mais lui fait crever les yeux. Après un premier  séjour en 1543, Hassan réussit, on ne sait trop comment, à effectuer un  deuxième voyage en Europe  dont les péripéties complexes ont  été patiemment démêlées  par Charles Monchicourt ( Etudes kairouanaises, Tunis, 1939,pp. 121-124).  Retenons qu’en 1548, il est  reçu à Rome par le Pape puis, à Augsbourg, par Charles Quint  pour réclamer vengeance contre l’usurpation de son fils Ahmed. Il rentra bredouille de ce long périple et s’embarqua à Palerme pour Mahdia en 1550 avec le vice-roi de Sicile. Il  mourut, l’année même et fut inhumé dans la zaouia de Sidi Abid  El Ghariani à  Kairouan.

Sous le règne d’Ahmed (connu aussi sous le nom d’Ahmed Soltane ou de Hamida),  le royaume hafside n’est plus qu’une des scènes  de  l’affrontement entre Turcs et Espagnols. Ces derniers, toujours maîtres de La Goulette, bombardent régulièrement Tunis, tandis que Napolitains et Génois occupent Mahdia de 1550 à 1554, puis Djerba d’où les chasse le grand capitaine Dragut Pacha qui, dans la foulée, prend Tripoli. Gafsa tombe aussi entre ses  mains. Il se dirige ensuite vers Kairouan où il met fin à l’hégémonie des Chebbiya contraints de se replier dans le Djerid, et installe à la tête de la ville un gouverneur ottoman (1557). Mettant à profit des dissensions au sein du pouvoir à Tunis, Eulj Ali,  pacha d’Alger, pénètre en Tunisie, entre à Tunis qu’il proclame cité ottomane en 1569. L’émir hafside Ahmed se réfugie à La Goulette. Et de là part  en Europe, reproduisant ainsi le scénario de son père Hassan. Revenu «dans les valises» de la flotte espagnole en 1572, il refuse cependant la condition réclamée à La Goulette par  ses protecteurs de céder la moitié de son royaume. Il abdique et part  à Naples (il est logé avec sa famille au château Saint Elme) puis en Sicile où il meurt près de Palerme  en 1575. Son corps est rapatrié et enterré après accord des Turcs, maîtres de la capitale, en la zaouia tunisoise de Sidi Qacem El Zalîjî.

Entretemps, son frère Mohamed, sans doute ravi de l’aubaine, avait accepté les conditions espagnoles. Il entra de manière peu glorieuse dans une ville quasi déserte, les habitants, encore sous le choc de la boucherie de 1535, ayant choisi de se réfugier dans les campagnes au prix de mille tourments. Les troupes chrétiennes  se livrèrent à un saccage en règle. Les manuscrits et les trésors  de la Grande mosquée Zitouna sont jetés ou pillés, et  les chroniqueurs tunisiens rapportent que même le tombeau du saint patron de la ville, Sidi Mahrez, fut profané.  La domination chrétienne  fut cependant de courte durée puisqu’en 1574, sous le règne de Sélim II (1574-1595), successeur de Soliman le Magnifique, Sinan Pacha prit d’assaut  La Goulette, pourtant réputée inexpugnable, puis Tunis et l’ensemble du territoire qui couvre à peu près celui de la Tunisie actuelle, laquelle  entre dans le giron ottoman. Mohamed est emmené en captivité à  Constantinople  où il meurt.  La période hafside est définitivement terminée.

Toutefois, des membres de l’ancienne famille royale étaient encore en exil en Italie. Parmi les jeunes princes, certains ne désespéraient pas de reconquérir le royaume de leurs aïeux. Philippe II (1556-1598), le fils et successeur de Charles Quint,  bien que mortifié par la perte de Tunis et de La Goulette, prêtait une attention plutôt distante aux  demandes réitérées des princes en exil, qui ne cessaient de répéter qu’ils étaient attendus impatiemment par les Tunisiens. Au printemps 1581, un des réfugiés hafsides en Sicile, le prince Ahmed  (le Hamet des documents espagnols), frère de Moulay Hassan, obtint l’autorisation de partir.  Embarquant de  Palerme avec une poignée de fidèles, il fut déposé quelque part sur le littoral tunisien (peut-être dans le golfe de Gabès) car les  officiers espagnols qui l’accompagnaient avaient pour consigne expresse de ne prendre, en la circonstance, aucun risque face à la marine ottomane.  Ce prince espérait réunir autour de sa personne les tribus bédouines pour vaincre les Turcs. Cette idée n’était pas tout à fait absurde car le mécontentement des populations tunisiennes était manifeste en raison des abus des Ottomans, maîtres du pays (en 1577, notamment, les Tunisois s’étaient soulevés). Mais le déséquilibre des forces était flagrant  et, malheureusement, la seule approche d’Eulj Ali suffit à disperser les hommes qui s’étaient  bel et bien groupés autour de Moulay Hamet dans la région de Kairouan. Aux abois, accompagné de quelques tribus auxquelles l’unissaient  des liens de parenté et d’amitié, il  erra dans la steppe avant d’être capturé à El Djem en 1592 et envoyé  en captivité à Constantinople. Sa famille, quant à elle, était restée en Sicile et un de ses fils voulut tenter à son tour l’aventure d’une restauration du trône de ses pères. Il chercha à convaincre ses protecteurs mais la mort  le saisit à Palerme en 1594.  Ainsi s’acheva la longue agonie d’une dynastie qui  aura gouverné la Tunisie et le Maghreb oriental  durant  367 ans. Ses soubresauts étaient l’indice que la conquête turque ne se fit pas sans difficultés et que les populations sédentaires et bédouines – dont certaines avaient de vieilles alliances avec la famille des Beni Abou Hafs -  étaient promptes à rallier un prétendant hafside au détriment du récent et pas toujours commode pouvoir ottoman.  

Si la trace des autres membres de la famille exilée en Italie s’est perdue, l’histoire européenne nous a conservé le souvenir de l’un d’eux dont l’itinéraire, typique de ces échanges méditerranéens parfois insolites et iconoclastes entre la Croix et le Croissant, fut  tout à fait extraordinaire.  Nous sommes habitués, des deux côtés de  la Méditerranée, aux récits  relatifs aux «renégats» chrétiens d’Europe, devenus musulmans et accédant souvent à des fonctions illustres en pays d’Islam. On parle moins, cependant, des musulmans convertis au christianisme. Les cas étaient certes plus rares mais les convertis (ou apostats, si l’on se place d’un point de vue islamique) étaient souvent de haute naissance et acculés à l’exil en Occident comme ce Gaspard de Benimérine  ou encore un Zayanide fils du dernier roi de Tlemcen, devenu Carlos de Africa. D’autres se convertissaient par conviction et partaient en terre chrétienne où l’Eglise et les princes les recevaient avec tous les honneurs, comme,  plus tard, au XVIIe siècle le fils d’un dey de Tunis converti au catholicisme sous le nom Don Philippe. Ces conversions aristocratiques avaient en effet un impact  considérable pour la propagande de l’Eglise et des Etats chrétiens.

Mais revenons à notre émir.  Il s’agit du prince Hamida, fils du sultan hafside Ahmed. Converti, il reçut le nom de Charles d’Autriche. De belle prestance, cavalier et soldat accompli (un chroniqueur espagnol, cité par Ch. Monchicourt, relatant l’entrée à cheval  d’Amida-Charles à Palerme avec le vice-roi de Sicile écrit : «Le peuple, admirant son allure, jurait que c’était vraiment un fils de roi»). Charles choisit toutefois la vie monastique ; et pas la moins rigide puisqu’il opta pour l’ordre des Frères Mineurs fondé par Saint François d’Assise. Il mourut à Naples en 1601 et fut enterré en l’église de Sainte Marie La Neuve.  Son inscription funéraire en latin indiquait ceci: «Ci-gît le fils du roi de Tunis Amida [devenu] Charles d’Autriche par la vertu de l’eau lustrale. Dans sa tendresse pour ce monastère, il lui donna tous ses biens afin que des prières  lui vaillent le royaume du ciel. Cœur magnanime, insigne par la piété et les armes, il vécut et mourut sous l’habit des Frères Mineurs. An du Seigneur, 1601».  Sa pierre tombale usée par les pas des fidèles, on lui édifia plus tard, en 1699, dans la même église, une nouvelle sépulture dont l’inscription latine dit ceci : «Les ossements de celui qui, après avoir été Amida, fils du roi des Tunisiens, devint Charles d’Autriche par la régénération du baptême, [ossements] qui gisaient auparavant dans un humble emplacement, furent par la piété du frère don François, de la famille du grand Gonzalve de Cordoue, transférés ici, afin d’être renfermés dans un monument, sinon royal, du moins plus décent. An de la Rédemption du monde 1690» (Ch. Monchicourt,  op. cit, pp.198-205).

Sur cet épisode romanesque mais peu conforme à l’image que se font les musulmans de leurs princes, se clôt le récit de l’agonie de la dynastie hafside jadis si brillante, victime des erreurs de ses émirs mais surtout du nouvel ordre du monde  désormais dominé par la rivalité des Turcs et des Espagnols. Les temps nouveaux donnèrent le coup de grâce au vieil édifice de cette dynastie fondée au cœur du Moyen Âge. Le royaume de Tunis, amputé à l’est et à l’ouest, était désormais réduit au rang d’un beylik, province ottomane gouvernée par un pacha nommé par le Sultan. Toutefois, fidèle à son antique tempérament et grâce à l’énergie des beys husseïnites, le pays allait renouer avec la tradition d’un Etat quasi indépendant dirigé par une dynastie, et cela moins d’un siècle et demi après la conquête ottomane de 1574.   Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le péril allait venir de nouveau de l’extérieur mais ceci est une autre histoire…

Md.- A.B.A.

(Cet article est redevable à l’historiographie classique: Ibn Khaldoun, Ibn Abi Dînar et Ben Dhiaf, et aux études modernes dont celles de Robert Brunschvig, Charles Monchicourt, Abdelaziz Daoulatli et Paul Sebag.)



 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Karim kilani - 20-11-2016 09:40

Très bel article.

JC B - 26-01-2018 23:22

J'ai apprécié votre article et en ai obtenu les éclaircissements que justement je cherchais à la suite de la lecture d'un article d'universitaire sur le passage en chrétienté de hauts dignitaires musulmans dans ces périodes. Félicitations

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