Beji Caïd Essebsi, An III à Carthage: Ses points forts et ses points faibles
Ses points forts
C’est un connaisseur exceptionnel de la Tunisie, de la scène politique, de ses acteurs, de l’Administration, des familles.
Ayant été ambassadeur (à Paris et Berlin) et ministre des Affaires étrangères, il a beaucoup d’amis de par le monde.
Quand il part en voyage, il sait bien où il va et qui il va rencontrer. Il a toujours un souvenir à évoquer, un personnage à mentionner, une citation à rappeler...Il est impressionnant par son sens de la répartie, la vivacité de l’esprit et la pertinence de ses phrases.
Quels que soient le discours ou la fiche d’entretien qui lui sont préparés d’avance, il adapte ses propos à l’auditoire, aux développements qui peuvent survenir à la dernière minute.
Un «très bon client» pour les journalistes. Il résume tout, en quelques mots, produisant un fort impact. Souvenez-vous de sa phrase, en pleine campagne électorale, visant alors à la fois Ennahdha et Marzouki :
Ou encore :
• «Nous aider, c’est vous aider vous-mêmes» (à l’adresse de l’Europe).
• «Vivre avec son temps tout en restant fidèle à ses origines et ses valeurs»
• « L’important, ce n’est pas l’Etat civil, mais l’état d’esprit»
Il a le sens de la formule !
Ses points faibles
Son problème, c’est que dans la foulée de la constitution de son parti, il a brassé large, ouvrant les rangs à tous, sans filtrage, ni sélection.
C’est aussi son caractère paternaliste qui l’amène souvent à pardonner, oublier, tourner rapidement la page. Rechignant à s’ombrager de détails, il laisse les problèmes s’accumuler, sans trancher, et ses proches collaborateurs faire, sans les suivre de près dans leurs actions quotidiennes. Tel a été son style durant sa période d’opposition, à la tête de Nidaa, puis à la Présidence à Carthage. Ses points faibles sont, en fait, en opposition avec ses points forts. Grand tribun qui captive son auditoire lorsqu’il improvise ses déclarations et discours, il l’est beaucoup moins lorsqu’il lit un texte qu’on lui a préparé, même s’il y avait inséré ses propres réflexions et décisions !
Il excelle quand il se lâche, il touche les Tunisiens au fond du cœur lorsqu’il prend la parole dans des circonstances graves, quand la patrie est en danger. Autre point faible : les chiffres. Il s’emmêle les pinceaux. Comme Bourguiba, l’économie n’est pas son fort. Mais, il comprend vite et impressionne par sa mémoire d’éléphant. Il s’intéresse aux grandes tendances et garde en tête des indicateurs essentiels, n’hésitant pas à relancer un interlocuteur qui des mois plus tard lui ressortira d’autres chiffres, différents de ceux qu’il lui avait mentionnés auparavant. Il cherche alors à comprendre le pourquoi, acceptant un changement des paramètres ou une évolution de la conjoncture.
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