Tunisie-Italie: Déjà, depuis les temps reculés de l’antiquité
Bien avant le conflit qui, hélas, avait fini par les opposer, nos deux prestigieuses cités, Carthage et Rome, vécurent, des siècles durant, dans l’entente. La concorde, régie depuis 509 avant le Christ par un traité renouvelé en 348 av. J-.C., avait garanti, dans un équilibre parfait, leurs intérêts réciproques. Toutes deux savaient que quand on s’éloignait de la concordance salvatrice entre les rives de la mer intérieure, on risquait d’aborder d’hostiles rivages, on risquait d’affronter la menace des hordes barbares.
La fin tragique des «guerres puniques» et la conquête du monde méditerranéen avaient jadis livré à Rome l’empire du monde antique. Carthage fut reconstruite ; mégapole millénaire, elle retrouva son lustre d’antan. Iterumopulenta (de nouveau prospère), se réjouirent les contemporains. L’unité du monde romain, l’attribution de la citoyenneté aux provinciaux et la propagation par l’enseignement de la langue et des humanités latines finirent par créer, chez nos ancêtres, la conscience d’appartenir à la romanité.
La politique d’intégration, secret de la réussite exceptionnelle et du maintien de l’empire, alla de pair avec l’ascension sociale des élites provinciales. A partir du IIe siècle, elles contribuèrent au renouvellement du sénat romain ; près de trois cents sénateurs de la province d’Afrique — l’antique Africaproconsularis qui couvrait, pour l’essentiel, le territoire de la Tunisie —participèrent, sous le haut empire, à l’exercice des plus hautes fonctions civiles et militaires; prélude à l’ascension de Septime Sévère et de la dynastie sévérienne au trône impérial.
Le progrès social et les plus hautes fonctions politiques ne valent, cependant, que s’ils sont accompagnés par l’essor culturel et l’épanouissement artistique. L’attrait de nos ancêtres pour les études littéraires et juridiques donna à leur province la double réputation d’être le pays des rhéteurs et la «terre nourricière des avocats». C’est à Carthage qu’apparurent ainsi, pour la première fois dans le monde romain, les apologies chrétiennes d’expression latine, et qu’aux précurseurs Tertullien et Minucius Felix succédèrent Cyprien, Lactance et Saint Augustin, qui fit briller la culture romano-africaine d’un dernier éclat. Les réalisations artistiques, de leur côté, se manifestèrent dans la sculpture et atteignirent la plénitude dans la mosaïque, transférant tant en Sicile, à Piazza Armerina, qu’en Espagne, la diversité de leurs motifs et l’exubérance de leur polychromie.
Tout comme Rome, Tunis n’a cessé, depuis l’indépendance de notre pays, d’assumer sa dimension méditerranéenne. Et depuis les temps reculés de l’antiquité, les domaines culturel et économique n’ont cessé, entre les rives de notre mer intérieure, d’instaurer les convergences, d’établir les échanges et d’engager les entreprises communes.
Ammar Mahjoubi
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