Taoufik Habaïeb : Dérapages, ratages, rattrapages
Sommes-nous capables de mettre fin immédiatement à tant de dérapages périlleux et de rattraper rapidement tant de retards accusés?
Rabaisser les débats parlementaires aux bas fonds de l’invective est une insulte à la République et à la démocratie. Dans le plein exercice de son rôle législatif et de contrôle de l’exécutif, l’élu de la nation n’est guère autorisé à s’attaquer aux fondements de l’Etat, menacer l’union nationale et détruire l’image du pays. Son immunité ne le dédouane pas de pareils forfaits. Ce qui s’est récemment passé au Bardo est loin de contribuer ni à l’apaisement des tensions, ni à la stabilisation du pays et encore moins à la restauration de la confiance des Tunisiens en leurs élus et leurs gouvernants. Il y a péril en la demeure.
Torpiller la lutte contre la corruption, c’est, plus qu’avorter la démocratie, freiner le décollage économique. Rien ne doit arrêter les organes d’investigation de poursuivre la traque de la malversation et la justice de la condamner. Toute opposition, toute entrave, relève de la trahison contre la nation.
Bloquer le processus de réconciliation « administrative», c’est chercher à maintenir sous la coupe du chantage des centaines de hauts fonctionnaires compétents et intègres. Refuser de tourner cette triste page, pour les réinsérer au service de l’Etat et mettre leurs énergies à contribution dans ce nouveau projet national, c’est appauvrir davantage l’administration publique et la priver de hautes qualifications expérimentées dont elle a le plus besoin. Un seul jour de retard dans l’adoption de la loi serait de trop.
Reporter aux calendes grecques les élections municipales, jusque-là fixées au 17 décembre prochain, est un risque majeur. Les maintenir dans l’état actuel des déséquilibres du paysage politique dominé par certaines factions, et sans toute la préparation logistique garante de transparence, est une aventure. Les listes candidates devront être déposées avant le 26 septembre. Qui est prêt? A-t-on choisi les bons candidats regroupés en équipes homogènes, élaboré les programmes appropriés et réuni en toute légalité les fonds nécessaires ? Les garanties d’une confrontation démocratique de programmes et de candidats à armes financières transparentes sont-elles toutes suffisamment réunies? Nous tous avons hâte de voir finalement nos communes se libérer de la tutelle des délégations spéciales et se doter de conseils municipaux élus. Nos attentes n’ont que trop duré. Mais la précipitation risque de nous réserver des cauchemars. Fixons une autre date rapprochée, raisonnable, garante d’équité entre toutes les listes. La sagesse le commande.
Maintenir encore sous perfusion des entreprises publiques agonisantes, c’est persister à coups de milliards de dinars dans le pillage des deniers publics. Combien d’entre elles sur les 104 établissements concernés (dans 21 secteurs, relevant de 15 ministères) dégagent un bilan sinon positif, du moins équilibré. A fin 2014, 50 entreprises publiques accusent des pertes cumulées de 5,445 milliards de dinars, sans compter les cotisations sociales à la Cnss et la Cnrps. Sont-elles toutes compétitives, renflouables et stratégiques ? Le maintien des emplois peut-il demeurer l’unique justification de cette forte hémorragie budgétaire? Le courage de trancher ne doit pas faire défaut.
Précarité, inégalités, radicalisation, terrorisme, intolérance et autres abîmes dignes de « La cité des âmes perdues » nous guettent. Nous restons loin de celle des « âmes justes » où seule la progression de notre conscience pourra nous conduire.
Dérapages, ratages, rattrapages… Que de temps perdu, de rendez-vous manqués, de fausses manœuvres coûteuses, de populisme dévastateur, de dévoiement préjudiciable et d’opportunisme personnel, partisan et corporatiste! Quand et comment tout cela va-t-il cesser?
Taoufik Habaieb
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L'expression "Il y a péril en la demeure" n'est pas utilisée à bon escient. Le sens est tout autre
الكفاءات التي اخرجت من الادارة و ننتظر قانون المصالحة لارجاعها لعجلة الاقتصاد هذا صحن مجروح يعود لنا كل مرة من هي هذه الكفاءات أعطنا اسما واحد ست سنوات انقضت أهل لم تحل على التقاعد