Notes & Docs - 08.08.2017

Ecole Polytechnique de Tunisie - Université de Carthage

Ecole Polytechnique de Tunisie - Université de Carthage

L'Ecole Polytechnique de Tunisie a été créée en 1991(Loi n° 91-42 du 26 juin 1991) comme une Ecole pilote pour former les cadres supérieurs du Pays en ingénieurs hautement qualifiés. Elle a été construite selon un modèle qui n’existe nulle part ailleurs. Des textes spécifiques qui font de cette Ecole un modèle de gouvernance unique du genre. Elle a été voulue performante et a donc été munie de structures simplifiées (décret n°92-1476 du 15 août 1992).  Un directeur nommé par le Ministre (à une époque où l’université était à son stade rudimentaire, dépourvue de pouvoirs à la fois exécutif et décisionnel). Ce directeur propose une composition des structures de l’Ecole qui sont validées par ce Ministre. Des enseignants sont détachés sur proposition de ce même directeur et  des contrats sont établis pour des enseignants venus des autres institutions, tunisiennes et étrangèrespour intervenir d’une manière ponctuelle, chacun dans sa spécialité. Un comité de direction et un conseil de perfectionnement, permettent d’accompagner ce Directeur dans la gestion de cette école. Tout tourne autour de ce Directeur et sous le contrôle de l’instance de tutelle. Donc, le bon fonctionnement de cette école dépend essentiellement des compétences du Directeur et de ses relations avec les instances de tutelle. A l’époque de la création, l’instance directe de tutelle était le Ministère de l’Education Nationale. Ce système a fonctionné et a donné des résultats. Aujourd’hui, les polytechniciens sont partout, ils jalonnent le monde. Ils sont des hauts responsables dans les grandes entreprises tunisiennes et à l’étranger, certains ont créé des entreprises qui contribuent à faire prospérer notre économie, d’autres se sont lancés dans la recherche et ont intégré les systèmes d’enseignement supérieur et de recherche en Tunisie et à l’étranger.    L’Ecole a rayonné, des structures de recherche s’y étaient développées, des études de troisième cycle ont été mises en place, une Ecole Doctorale.

Les textes  de l'EPT, établis par une loi en 1991 et un décret en 1992, reflétaient une vision qui consistait à mettre en place une grande école d'ingénieurs pour répondre au besoin du pays en ressources humaines hautement qualifiées. Ces textes devaient en principe être accompagnés et suivis en vue d'une correction possible après leur mise en application. D'autant plus que le paysage de l'enseignement supérieur à l'échelle nationale et internationale a considérablement changé.

Or 23 ans après le démarrage de cette école, qui a atteint aujourd’hui son régime de croisière et malgré le constat établi depuis longtemps que certaines lacunes devaient être résolues nous sommes restés avec cette première copie des textes.

Les principales lacunes constatées:

  1. Les textes consacrent tout le pouvoir au seul Directeur nommé. Ils ont été établis à une époque dictatoriale.
  2. Il n'y a pas d'enseignants permanents.  Il y a des  détachés en nombre très faible et des contractuels. Les deux catégories proviennent du corps enseignant recruté dans l'enseignement supérieur,  au niveau des différents établissements du pays.
  3. Aucune règle claire n'est définie dans les textes pour le choix de ces enseignants détachés et contractuels.
  4. Aucun texte réglementaire ne régit le paiement des contractuels.
  5. Le nombre d’étudiants de l’école est trop faible, pour permettre une activité académique et de recherche conséquente et pérenne.

Ces textes se trouvent aujourd'hui obsolètes et en  déphasage complet avec le fonctionnement du secteur de l'enseignement supérieur, dont le paysage a complètement changé, surtout après la loi d'orientation de 2008 et le décret-loi de 2011.

L'Ecole Polytechnique de Tunisie a été placée sous l’autorité de l'Université de Carthage en 2001 par l'Arrêté, n°1121/2001 du-24-08-2001.Ceci a créé des contradictions entre l'esprit initial des textes de l'EPT et l'affiliation à l'Université qui répond à une autre logique.

Depuis 2011, l'Université de Carthage est gérée d'une manière démocratique et participative. Elle est munie de plusieurs structures : un  conseil élu, constitué de 50 membres et dont les travaux sont délibératifs, une commission pédagogique, une commission de recherche désignées toutes les deux par le conseil, un conseil de gestion administrative. L'Université fonctionne en symbiose totale avec les organes du Ministère.

Au niveau de l'EPT,  le nombre très réduit d’enseignants détachés, ne permet pas une gestion démocratique et participative.

Aujourd’hui, et en attendant la nomination d’une nouvelle direction,  la situation administrative et académique de l’Ecole est sous la gestion directe de l’Université, qui a bouclé convenablement l’année. En effet, grâce à la mobilisation d'un grand nombre de personnes généreuses,  et malgré le boycott d'une partie d’enseignants nostalgiques, l'école a pu être sauvée de sa crise. L'année universitaire s'est bien terminée et en un temps record malgré les cinq semaines de grève des élèves. Les cours ont été assurés, les examens des deux sessions principale et de contrôle ainsi que les conseils de classes se sont bien déroulés et l'ordre est revenu à l'école. Quatre soutenances de PFE ont eu lieu. Les autres sont programmées vers la mi-septembre. Plusieurs élèves ont été admis en double diplomation avec l’Ecole de Mines de Paris-Tech, Télécom Paris-Tech et Ecole Centrale de Lille.

Proposition de réforme, notre vision

Notre vision pour une réforme de l’Ecole s’inscrit dans un projet plus grand qui est celui de l’Université de Carthage. L’Ecole Polytechnique de Tunisie se trouve au sein du Campus de Carthage à côté de l’IPEST, l’ENAU, l’IHEC, l’Ecole des Cadre de l’Enfance,  l’Ecole de Tourisme et l’Ecole de Cinéma. C’est un site qui regroupe des institutions pluridisciplinaires d’excellence.  Le projet de réforme de l’EPT pourrait s’insérer dans le projet du Smart Campus de Carthage, dont l’étude est aujourd’hui bien avancée. C’est un Smart Campus qui se trouve dans un site  à la fois historique et contemporain, Carthage, Sidi Bou Said, La Marsaet Gammarth et qui regroupera les institutions citées ci-dessus en plus de celles qui se trouvent actuellement à la Charguia, qui sont également des institutions d’excellenceet de tisser des liens étroits avec les structures socio-économiques, publiques et privées environnantes. Ces institutions se regrouperont autour d’un centre de recherche, une Bibliothèque, un restaurant, un foyer et un centre culturel et sportif.    

Les problèmes les plus cruciaux de l’Ecole Polytechnique de Tunisie, qui est la faible proportion d’enseignants permanents et le faible espace géographique du site de l’école ne permettant pas d’extension et donc d’augmentation de l’effectif étudiant, seront ainsi résolus par l’ouverture de  l’école aux compétences et aux espaces qui se trouvent sur le tout le site de Carthage.  Entre délocaliser le foyer ou bien les locaux de recherche, ça sera une question de choix stratégique et technique. Une fois ces gros blocages surmontés, il sera alors possible de procéder à une révision des statuts de l’Ecole. La nécessité de révision des statuts ne concerne d’ailleurs pas seulement cette école, puisque l’IPEST et l’INSAT, autres composantes d’excellence de l’Université de Carthage disposent de statuts spécifiques et  gagnent à voir revisiter leurs statuts.

L’effectif enseignant permanent de l’EPT sera augmenté et pourra compléter sa charge au besoin au sein du Campus de Carthage. Les recrutements doivent se faire à l’échelle nationale et par un Jury national.  Les vacataires pourront être rémunérés selon une grille adaptée au contexte.   La visibilité de l’Ecole Polytechnique de Tunisie et la promotion de son image se feront de concert avec celui des autres institutions d’excellence de l’Université de Carthage.

Campus de Carthage : Conception réalisée par:Mounir Dhouib:,architecte professeur à l’ENAU et Nadia Daoud,architectedoctorante à l’ENAU.

Lassaad El Asmi
Président de l’Université de Carthage

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3 Commentaires
Les Commentaires
Nabi Mahmoud - 09-08-2017 15:26

La création de synergies au sein d'un pôle plus large est une bonen chose. Le développement de partenariats entre l'EPT, IHEC, ESSAI et l'Ecole de Cinéma sur des projets ponctuels en formation, recherche, entrepreneuriat, activités culturelles, etc...est une très bonne ouverture. Cela devra se faire de manière autonome (avec des mécanismes incitatifs permettant à l'Université de jouer son rôle de catalyseur et de créateur de synergies, de mutualisation des compétences et des équipements, de créateurs d'opportuntés de coopération, etc) par chaque insitution en fonction de sa vision stratégique déterminée de manière interne et autonome (arrêté par un conseil d'établissement dans le cadre de la stratégie nationale de l'enseignement et de la recherche et des missions et spécificités de chaque insitutution) Malheureusement, ce n'est pas une vision de réforme et de développement qui est proposée ci-dessus par Monsieur le Président de l'Université de Carthage, mais me semble t-t-il un projet de "dillution" de l'EPT. Cela n'a rien à voir avec la vision d'une école dotée de statuts lui permettant une bonne réactivité et agilité dans un environnement concurrentiel...Avoir l'autonomie de gestion n'est pas antagonique avec l'esprit de coopération avec l'université de Carthage et ses institutions. Manifestement, on a du mal à l'ère démocratique de concevoir des mécanismes de gouvernance innovants ! Ce n'est pas par les couches administratives itératives que des liens de coopération efficaces se tisseront !

El Asmi Lassaad - 12-08-2017 12:13

Je ne vois pas du tout où Mr Nabi Mahmoud a vu le projet de dilution de l'EPT. Dans l'article, il n'y avait qu'une proposition de solution pour surmonter les deux obstacles que rencontrent l'EPT, le faible espace sur le site de l'EPT et le faible nombre des enseignants permanents. Rien dans mes propos ne fait allusion à une dilution ou quoi que ce soit. Je n'ai pas traité la question des statuts . C'est une question importante et il faudrait prendre le temps de l'étudier. Parler d'autonomie avec un effectif enseignant qui ne dépasse guère les vingtaines, c'est une illusion. Il s'agit d'abords de changer la configuration. Je ne vois pas pourquoi on s'autorise à dire que le projet présenté qui est celui du conseil de l'Université de Carthage n'est pas une vision de réforme et de développement. On peut avoir une opinion différente, mais émettre des jugements sur les projets des autres, surtout quand il s'agit d'idées bien réfléchies et confrontées à la réalité, émanant d'une instance d'autorité, c'est une volonté délibérée d'imposer sa propre opinion. Le projet présenté par Mr Nabi pourrait être envisagé pour une institution comme l'INSAT qui compte pas moins de 250 enseignants sur site. Mais l'EPT, ne dispose pas du tout d'enseignants. Enfin, je ne comprends pas la vision d'une école autonome qui "coopère" avec l'université. C'est quoi l'université alors, de quelle composantes est-t-elle constituée? Supposant un instant que l'EPT soit complètement autonome et supposant que l'université soit composée du reste ou d'une partie des instititions dont elle est la tutelle, quelle serait alors l'intérêt de l'université de coopérer avec cette école autonome? Estimer que nous avons du mal à concevoir des mécanismes de gouvernance innovants, c'est tout de même curieux et réducteur. J'aimerai bien qu'on me présente un seul exemple dans le monde où une institution entièrement financée par le contribuable est entièrement gérée et d'une manière autonome par une petit groupe d'individus. Bien sûr, on peut constituer autant de conseils qu'on veut, mais, la démocratie et la participativité nécessitent une masse critique minimum et des structures qui soient bien représentatives. Bref, il y a de quoi discuter. Enfin, la réforme de cette école devra faire l'objet d'une nouvelle loi qui corrige ou abolit celle de 1991. Les discussions seront alors portées à l'ARP.

Yadh ZAHAR - 16-08-2017 14:28

Le projet d’un smart campus avancera grâce à plusieurs bonnes volontés de notre université, et nous sommes nombreux. L’EPT et les autres institutions de l’UCAR pourront mieux rayonner de leurs compétences dans un campus pluridisciplinaire et fédérateur. Il nous faut bâtir et concrétiser ce projet d’avenir, malgré quelques détracteurs.

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