Et si Tarek Dhiab avait raison...
Il y a quelques jours, un site électronique arabe d'information rendait compte des résultats d'un sondage réalisé par ses soins sur les Arabes et le Mondial. On y apprend que le Brésil, l'Argentine, l'Allemagne et l'Italie sont les équipes préférées des Arabes. A la question de savoir s'il existait une équipe dont on souhaitait l'élimination dès le premier tour, un bon nombre de lecteurs égyptiens citaient... L'Algérie. On comprend la déception ressentie par les supporters égyptiens après l'élimination de leur équipe nationale face à l'Algérie à l'automne dernier. Mais de là à souhaiter carrément la défaite du seul représentantant arabe dans cette compétition, voilà qui doit donner à réfléchir. La solidarité arabe est-elle donc devenue à ce point un slogan creux? En fait, de telles réactions sont révélatrices d'un nouvel état d'esprit. La rivalité entre les pays arabes est telle, aujourd'hui, qu'une défaite sportive devant "une équipe soeur" est vécue comme un drame national, alors qu'une victoire est célébrée de manière si ostentatoire qu'on a peine à croire qu'il s'agit d'un simple évènement sportif.
Derrière le clinquant des clichés habituels sur la fraternité arabe, se cache une grande hypocrisie. Les gens s'épient, se regardent en chiens de faïence, se haïssent cordialement tout en protestant de leur attachement à "la fraternité arabe". Mais à la moindre occasion, les masques tombent et ces sentiments qu'on a pris soin de refouler remontent à la surface pour s'exprimer parfois avec le sens de la démesure qu'on nous connait. Tarak Dhiab avait raison lorsqu'il y a quelques mois, lors de la dernière CAN, il avait affirmé que le succès sportif d'un pays arabe aussi éclatant fut-il ne suscitait au mieux que de l'indifférence chez les autres peuples arabes, provoquant un beau scandale
Il faut se rendre à l'évidence: comme les mondes hispanique ou lusophone, le monde arabe n'a plus en commun, après la fin du mythe de la "Nation arabe", que la religion et la langue. C'est déjà beaucoup, mais pas assez si l'on veut édifier un ensemble économique en mesure de traiter d'égal à égal avec les autres ensembles. Quand on sait que les réunions interarabes qui se sont tenues au cours des cinquantes dernières années ont donné lieu à des milliers de recommandations et de décisions qui ont nécessité des millions d'heures de réflexion, de travail et de paperasse (surtout avant l'avènement de l'internet) pour être finalement rangées dans les tiroirs, il y a de quoi être sceptique quant à la volonté de coopérer, une volonté suffisamment solide pour résister à toutes les contingences et surtout à une banale défaite sportive.
Le poète et essayiste français, Paul Valéry disait que seuls les accords conclus entre les arrières-pensées avaient des chances d'être appliqués. Or ces arrières-pensées sont loin d'être en accord avec les positions affichées quand elles ne leur sont pas diametralement opposés.
Accorder les intentions proclamées avec les actes. Voilà, ce qui nous fait défaut, aujourd'hui, pour que les réunions arabes cessent d'être des occasions manquées.
Hedi
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bravo hedi pour cette analyse, aussi fine que perspicace;c'est d'autant plus navrant, que ni toi ni moi ne verront le bout du tunnel, et la sortie de l'orniére, de ce monde arabe auquel nous appartenons, et que nous voudrions meilleur, c'est le travail des génerations futures, mais leur avons nous inculqués , les rudiments nécessaires, j'en doute...tout en gardant espoir...
Au fait: QUI EST ARABE..En réalité il y a 4 entités qui utilisent la langue arabe ,qui descendent de populations différentes , dont les caractères,les us et coutumes diffèrent beaucoup et qui malgré le brassage ne peuvent jamais être unifiées dans un contexe quelconque en dehors de la religion: - les habitant du Hijaz et du golfe arabique. -les habitants d'Echam. - les égyptiens. -les maghrébins.
Bravo pour cet article qui relate malheureusement une vérité profonde sur la relation entre les arabes. Est-ce une nature? est-ce le fait de la colonisation? ou est-ce un complexe d'infériorité envers l'occident qui se traduit par la volonté d'être meilleur envers son "égal" arabe? On retrouve cette rivalité également entre les africains... à méditer
Fraternité arabe : blablablablablabla (et je peux continuer ainsi indéfiniment...), à chacun maintenant d'y penser serieusement et d'y mettre les mots qui correspondent. Quelqu'un croit qu'un jour nous allons être capables d'appeler les choses par leurs veritables noms ???
Il ne faut pas s'étonner qu'Israël passe dans le moyen orient comme un couteau dans du beurre tiède. La seule union qui parait actuellement possible car - il a une base affective entre les peuples- est celle du trio Algérie - Tunisie - Lybie.
Qu'est ce qui unit les arabes
Hedi donne l'impression de découvrir un fait culturel, dénoncé,entre autres,par Ibn Khaldoun... Les arabes ne sont-ls pas d'accord pour ne pas être d'accord...? Sans tomber dans l'excés des explications "raciales ou ethniques",force est de constater-à mon grand désespoir- que les "embrassades, l'exhubérance faussement amicale, font partie hélas de notre quotidien... Je reste persuadé que nous ne pourrions avancer que si nous réformons de fond en comble notre système éducatif,que si nous procédons à une véritable "révolution culturelle" pour recréer un nouveau citoyen arabe...et que si nous recreons des symboles qui donnent l'exemple... Là réside l'essence d'une nation... Le reste n'est que futilité...
Ce qui unit les Arabes c'est la langue Arabe un point c'est tout !!