News - 07.05.2019

Comment Jalloul Ayed a lu le livre de Hakim Ben Hammouda ‘’Sortir du désenchantement’’

 Comment Jalloul Ayed a lu le livre de Hakim Ben Hammouda ‘’Sortir du désenchantement’’
« C’est une véritable boîte à outils de plaidoyer pour un renouveau de notre modèle de développement. Ce renouveau passe par la redéfinition du rôle de l’état d’un état-providence à un état-stratège à qui reviendrait la tâche de redéfinir les contours d’un nouveau contrat social digne du 21énième siècle. » Ainsi commente l’ancien ministre des Finances, Jalloul Ayed (2011), le livre de Hakim Ben Hammouda (lui aussi ministre des Finances, 2014) ‘´Sortir du désenchantement : des voies pour renouveler le contrat social tunisien’’, récemment paru aux éditions Nirvâna. Lors d’une présentation du livre, samedi matin à la Bibliothèque nationale, (voir photos) il résumé en 10 points les éléments stratégiques saillants que l’auteur  expose. Extraits.
Je n’ai guère besoin de m’étendre sur les qualifications de Si Hakim, connu de vous tous non seulement en tant que Ministre de l’économie et des finances au sein du gouvernement Mehdi Jomaa, mais aussi en tant que grand spécialiste en économie du développement ayant passé l’essentiel de sa carrière au sein de grandes organisations internationales telles que les NU, l’OMC, la BAD entre autres. Autant dire que quand Si Hakim parle les gens écoutent. Et quand il écrit, et il en a écrit des tomes durant sa vie professionnelle, on lit attentivement le message qu’il souhaite véhiculer. Son dernier livre vient à point nommé à un moment crucial de l’histoire de notre pays frappé par l’une des plus graves crises économiques et sociales de son histoire. 
Il serait présomptueux de ma part de résumer en peu de mots l’ouvrage de Si Hakim tellement il est riche en enseignements et en analyses approfondies. Mais je vais m’aventurer, avec sa permission,  de vous présenter ce que j’estime comme étant  les idées phares qui ressortent de son livre en mettant principalement l’accent sur les contours du nouveau contrat social qu’il propose d’esquisser et des moyens pour y arriver. 
La principale thèse défendue par Si Hakim dans son essai est que la Tunisie doit initier un changement de paradigme de son modèle de développement pour sortir de la crise actuelle et ériger ainsi un nouveau contrat social dont notre pays a ardemment besoin. Les événements douloureux que notre pays a connus récemment sont venus nous en rappeler l’urgence. 
Si Hakim démontre que le modèle de développement post-indépendance  que la Tunisie a adopté est largement dépassé et doit être remplacé par un nouveau modèle qui sous-tend la croissance économique comme condition sine qua non pour appréhender les problèmes structurels de notre économie tels que le déficit des finances publiques, le niveau élevé du chômage et les déficits chroniques des comptes extérieurs. C’est uniquement sur cette base qu’un nouveau contrat social peut être érigé afin d’assurer la prospérité, l’équité et l’inclusion sociale. Reste à savoir si le bourbier politique par lequel traverse notre pays  permettrait un retournement rapide de la situation. 
Dans la première partie du livre, l’auteur présente une ébauche sur la difficile transition économique et revient sur les défis que les gouvernements successifs devaient relever, à savoir le  déficit croissant des finances publiques, la faiblesse de la croissance, et la lenteur dans l’exécution des réformes. Il retrace les difficultés de la transition politique qui a connu des tiraillements entre violence et recherche du consensus mais qui aboutit en dernier lieu à une relative accalmie avec l’élaboration de la Constitution de 2014 et la tenue d’élections libres et démocratiques qui s’en sont suivies. Sauf que cette consécration n’a pas milité en faveur d’une stabilisation de la scène politique du fait de la multiplicité des gouvernements, de la montée du terrorisme et des effets pervers des conflits régionaux. 
Il va sans dire que les difficultés rencontrées dans la gestion de la transition politique ont reléguées au deuxième plan l’attention qui devait être porté à la transition économique qui est resté, de ce fait, bloqué. Si Hakim nous rappelle que bien que la révolution porte en elle un coût économique élevé, la crise économique de notre pays n’est pas uniquement le produit de celle-ci mais qu’elle est l’héritage d’un modèle économique qui a montré ses limites dès la fin des années 80’, période durant laquelle notre pays s’est trouvé piégé dans ce qu’on appelle la ‘trappe des pays intermédiaires’. Les efforts des différents gouvernements qui se sont succédés sont restés à court d'un nouveau modèle de développement qui aurait réduit la dépendance aux secteurs économiques traditionnels essoufflés, et la promotion de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée ainsi que des niches qu’offraient l’avènement de la mondialisation. 
Le résultat aujourd’hui est sans équivoque: une économie trichotomique où les secteurs formel, non-résident, et informel se côtoient mais opèrent en périmètres hermétiques. Pour un petit pays tel que le nôtre cette fragmentation du tissu économique constitue une déficience majeure. Si Hakim souligne à ce propos que la logique de la convergence entre les secteurs on-shore et off-shore n’est plus une question de choix stratégique, mais qu’elle nous est désormais imposé par l’Europe qui a inscrit notre pays sur sa liste noire en grande partie à cause des incitations fiscales accordées aux entreprises étrangères. Par ailleurs, une analyse de chacun de ces secteurs révèlerait un secteur publique boulimique et peu productif, un secteur privé brimé et qui se trouve doublement assujetti à une fiscalité onéreuse et à des charges financières  étouffantes, un secteur off-shore à faible valeur ajoutée et une économie parallèle qui se propage dangereusement et qui opère en dehors de tout contrôle de l’état. Aussi, ne faut-il pas s’étonner qu’on se retrouve aujourd’hui à faire face à la plus grave crise économique de notre histoire où tous les indicateurs sont au rouge: des déficits tous azimuts, une inflation rampante, un taux de chômage inquiétant, une inégalité régionale aggravée, un niveau d’endettement alarmant, un déficit périlleux de la finance publique, une monnaie nationale en chute libre, un niveau de réserves de change préoccupant et, en conséquence, une croissance amorphe. 
En 10 points les éléments stratégiques saillants
Dans la deuxième partie de son livre, Si Hakim nous propose quelques pistes de réflexion à l’effet d’amorcer une sortie de crise à moyen terme et d’esquisser ainsi les contours d’un nouveau contrat social. Je propose de résumer en 10 points les éléments stratégiques saillants qu’il expose.
1- Pour Si Hakim l’ambition d’atteindre un niveau de croissance élevé passe par  l’élaboration d’une nouvelle pensée stratégique qui sort des sentiers battus et qui initie un changement de paradigme de développement pour notre pays. Cette vision devrait poursuivre la quête d’une économie inclusive, participative et durable. Elle doit prioriser les secteurs à haute valeur ajoutée incarnant un bon niveau d’employabilité. Elle doit favoriser l’économie du savoir et l’adoption de la transformation digitale dans l’ensemble des secteurs économiques. Elle doit surtout mettre la dimension sociale au cœur des priorités gouvernementales surtout dans les régions intérieures. 
2- Si Hakim souligne par ailleurs les dangers que peut provoquer le manque de coordination entre la politique budgétaire d’un côté et la politique monétaire de l’autre. Il s’inquiète en particulier du revirement récent de la politique monétaire suivie par la Banque Centrale d’une approche expansive adoptée après la révolution vers une politique nettement restrictive caractérisée par une rafale d’augmentations du taux d’intérêt directeur. Il préconise à cet effet l’élaboration d’un policy-mix qui assurerait l’harmonisation des politiques budgétaires et monétaires afin de réunir les meilleures conditions pour un retour à la croissance. 
3- Si Hakim précise que la nouvelle politique de la BCT est largement dictée par le FMI qui préconise une politique monétaire clairement axée sur la lutte contre l’inflation. Toutefois, il met en doute l’efficacité de cette politique en arguant que (i) que la pression inflationniste n’est pas nécessairement d’origine monétaire, (II) que cette politique a un effet néfaste sur l’investissement et (iii) qu’elle réduirait davantage le pouvoir d’achat des citoyens à un moment où celui-ci s’est largement dégradé. Concernant les pressions inflationnistes Si Hakim nous précise qu’elle sont principalement dues au glissement du Dinar, au nouveau mécanisme d’ajustement automatique des prix de l’énergie, des réseaux de distribution non contrôlés et des circuits parallèles ainsi que de facteurs structurels tels que la baisse de la production et de la productivité. 
4- La relation qu’entretient notre pays avec le FMI a été longuement débattue par Si Hakim. Il pose à ce propos la question de savoir si on peut échapper au dictat du FMI et nous soustraire à ses conditionnalités particulièrement quand ses recommandations en matière de politique monétaire et de change nous obligent à rompre avec des choix de politique de relance qui nous a permis d’éviter une récession forte et maintenir malgré tout une croissance, certes fragile, mais soutenue. Il regrette à ce propos que le FMI s’est engagé sur un rythme plus élevé de ses revues ce qui semble indiquer son mécontentement sur l’avancée de nos réformes et le retard dans la réalisation des engagements pris.  Il  craint que cette politique dictée par le Fonds nous ramène à l’orthodoxie des politiques anciennes et défaillantes, et tuerait ainsi dans l’œuf la reprise de la croissance dont notre pays a grandement besoin. En administrant les préceptes traditionnels proclamés par le consensus de Washington, le FMI ignore les circonstances particulières prévalant dans un pays en transition tel que le nôtre. Ceci est d’autant plus vrai que toutes les promesses qui ont été faites par le G8 dans le cadre du sommet de Deauville sont restées lettre morte. J’ai eu l’honneur d’accompagner le chef du gouvernement en qualité de Sherpa dans la réunion à huit clos des chefs d’états du G8 et j’étais témoin de l’engouement affiché par le Groupe des huit pour venir en aide à la Tunisie. Des promesses autant en emporte le vent. Cela dit, Si Hakim reconnaît que les négociations avec le Fonds sont essentielles pour notre pays, mais il propose de rejeter la soumission en réclamant du FMI d’adopter une plus grande flexibilité du fait de la fragilité de la période de transition ainsi que les pressions sociales  que notre pays connaît actuellement. 
5- Par ailleurs, il apparaît clairement de son essai que Si Hakim s’inscrit en faux contre la politique de dépréciation du Dinar poursuivie par la banque centrale. A part son effet induit sur l’inflation importée, le glissement du Dinar renchérit le coût des biens intermédiaires et augmente la taille de notre endettement. En outre, cette politique décourage l’investissement et en particulier les IDE. En effet, la dépréciation continue du Dinar réduirait sensiblement le TRI exprimé en devises étrangères des projets envisagés par des investisseurs potentiels. Ceci est d’autant vrai que les mécanismes de couverture des risques de change à moyen et long terme font défaut dans notre pays. Pourtant les solutions existent mais aussi faut-il avoir le courage de les appliquer.
Par ailleurs, la dépréciation du Dinar a eu un effet limité sur la réduction des déficits de nos comptes extérieurs. Ceci est dû d’une part à la faible propensité de notre appareil productif à booster nos exportations, et d’autre part à la perte de notre compétitivité sur le marché international. L’accumulation de nos déficits extérieurs a un effet pervers sur les réserves de change de la BCT, et rend sa tâche plus difficile à gérer à bon escient la valeur de la monnaie nationale. L’équilibre de nos comptes extérieurs passe nécessairement par une révision de nos politiques industrielles et agricoles ainsi que par la réduction de notre dépendance à l’égard de quelques pays Européens qui représentent la part de lion de nos échanges avec l’étranger. Une tâche ardue qu’il nous importe d’entreprendre sans plus atermoyer. Par ailleurs, à l’occasion de la tenue ces derniers jours du quatrième round de négociations sur l’ALECA, Si Hakim me permettra d’émettre (entre parenthèses) des réserves personnelles les plus véhémentes sur toute précipitation à engager notre pays dans un processus qui risque, s’il est retenu, de porter un coup fatal à plusieurs secteurs clefs de notre économie.
6- Si Hakim revient dans son essai à la double pression sur les finances publiques provoquée par l’accumulation du déficit budgétaire d’un côté et de l’accumulation de la dette publique de l’autre. Le redoublement remarquable des recettes fiscales entre 2011 et 2018 (plus de 98%) n’a pas suffit à combler l’augmentation des dépenses (surtout celles relatives au fonctionnement) durant la même période. De ce fait, le déficit budgétaire qui se situait autour de 1% en 2010 a explosé pour atteindre un pic de 7% en 2013 et continue à enregistrer un niveau élevé. Du coup, cela a provoqué un accroissement de l’endettement de notre économie financé principalement par le recours aux FMI au titre du mécanisme élargi de crédit, et au marché bancaire  domestique par l’émission de bons du trésor ainsi que par le recours à des crédits en devises. L’encours de la dette publique a augmenté de 25 milliards de Dinars en 2010 à 80 milliards en 2019 (70% en devises) représentant plus de 70% du PIB. De toute évidence la gestion de la dette publique dans les années à venir représente l’un des plus grands défis que notre pays devrait affronter. Si Hakim met surtout l’accent sur l’impératif du retour à un niveau de croissance élevé pour pouvoir relever ce défi. En effet, il estime qu’un point de croissance génère plus de 400 millions de Dinars aux recettes de l’état, à défaut de quoi le gouvernement trouverait des difficultés à honorer même la charge de la dette dans un horizon proche. 
7- Pour Si Hakim la poursuite de la croissance exige la lance des investissements qui affichent, hélas, des performances en berne depuis la révolution. L’investissement étant l’épine dorsale de toute activité économique et le premier générateur d’emploi, l’état doit repenser sa stratégie afin de le promouvoir surtout dans les secteurs prioritaires. Son rôle ne se limite pas à engager les grands investissements publics mais consiste aussi à impulser l’investissement privé qui prend une importance toute particulière surtout à un moment où l’espace fiscal du gouvernement se trouve largement réduit. Un intérêt particulier doit être accordé aux secteur agricole qui joue un rôle primordial dans le développement régional. Notre stratégie industrielle doit décourager graduellement la sous-traitance et s’orienter résolument vers les industries innovantes à haute valeur ajoutée en s’alignant avec les nouveaux préceptes de l’industrie 4.0. Par ailleurs, un effort soutenu doit être accordé à l’amélioration du climat des affaires dans notre pays. La  Tunisie occupe la 80 nième place dans le Ease-of-Doing Business Index (comparé à la 69 nième position pour le Maroc), ce qui est carrément inacceptable. Si Hakim espère que le nouveau code de l’investissement de 2016 ainsi que les récentes dispositions réglementaires promouvant l’environnement des affaires marqueront un tournant dans la promotion d’un cadre favorable aux investissements. C’est ainsi qu’on pourra réussir à ériger un nouveau modèle de croissance basé sur l’investissement et la création de valeurs plutôt que sur la consommation tel que ce fût  le cas historiquement. 
Afin de réussir ce pari, Si Hakim recommande des actions audacieuses afin de relever les défis qui pèsent sur l’investissement, à savoir:
        - la stabilisation de la situation politique et sécuritaire,
        - l’amélioration du climat des affaires
        - la réforme de l’administration et la redéfinition du rôle de l’état
        - les réformes des mécanismes de solidarité sociale
        - le rassemblement de l’ensemble des organismes en charge de l’investissement au sein d’une institution unique agissant en tant que ‘one-stop-shop’ qui répondrait promptement à l’ensemble des exigences administratives et réglementaires des investisseurs.
Finalement, Si Hakim met l’accent sur la nécessaire réforme et la modernisation de notre système financier qui joue un rôle essentiel dans la mobilisation de l’épargne nationale qui est tombé à un niveau inquiétant afin qu’il puisse assurer le financement de la croissance.
8- En effet, une économie forte requiert avant tout un système financier solide. Par système financier on entend  non seulement le système bancaire mais l’ensemble des secteurs financiers tels que le marché des capitaux, l’industrie des assurances, et la micro-finance. La triste vérité est que notre pays a pris énormément de retard dans ce domaine alors qu’il était considéré comme pionnier en Afrique il y’a une vingtaine d’années. Il est en effet affligeant qu’en 2019 notre pays n’a toujours pas pu établir un marché obligataire et que notre capitalisation boursière ne représente que 22% du PNB comparé à 62% au Maroc. Il est, par ailleurs, regrettable que notre pays est resté bien en-deçà des attentes en termes de politique de promotion des MPME (micro-, petites et moyennes entreprises) surtout que celles-ci représentent la part de lion de notre tissu économique et contribue à hauteur de 70% des emplois créés et 50% du PNB. Le problème des MPME ne se limite pas aux difficulté d’accès aux crédits bancaires mais englobe la nécessité de promouvoir davantage le marché du capital investissement, et d’initier des programmes de mise à niveau pour les encourager  à améliorer leur gouvernance, faire preuve de transparence et améliorer leur levier technologique. Il reste que, comme indiqué précédemment,  nos entreprises se trouvent assujetties à une double pression fiscale et financière qui réduit sensiblement leur capacité de développement et perpétue leurs difficultés. C’est ce qui explique en partie qu’elles arrivent difficilement à honorer leurs engagements financiers provoquant une augmentation notable des crédits accrochés enregistrés par les banques qui s’élèvent à 24% en Tunisie comparé à seulement 5% au Maroc. 
D’autre part, notre politique d’inclusion financière affiche un déficit flagrant en termes de promotion des micro-crédits, de micro-assurance, d’épargne en milieu rural, de programmes d’éducation financière et de facilitations financières rendue possible par le biais technologique. Des pays sub-sahariens, qui étaient bien loin derrière nous il y’a à peine deux décades, nous ont largement dépassés dans ce domaine. Il est par ailleurs, regrettable que le projet de loi relatif à l’économie sociale et solidaire ne semble pas bénéficier de l’urgence dans le traitement qu’il mérite. 
9- Sur un autre registre, Si Hakim regrette le retard des réformes dans notre pays. En particulier, la réforme de la fonction publique et de l’administration qui ambitionne d’ériger une administration moderne qui inscrirait ses actions selon les prescriptions technologiques du Gouvernement 3.0. Cette réforme doit aussi prévoir une rationalisation en profondeur de la gestion des ressources humaines qui ont atteint des niveaux pléthoriques ces dernières années. En effet, il n’est guère normal que le nombre de personnes qui travaillent dans la fonction publique en Tunisie soit 3 fois supérieur à un pays tel que le Maroc (ramenée à la taille de la population), ou que le ratio des salaires de la fonction publique par rapport au PNB soit l’un des plus élevés au Monde. Par ailleurs, il devient urgent d’engager un plan détaillé pour la restructuration des entreprises publiques afin d’assurer leur pérennité et leur efficience. Ceci passe inéluctablement par une réforme de leur gouvernance, une modernisation de leur gestion, un redimensionnement des ressources humaines et financières mises à leur disposition et éventuellement par un renforcement de leurs fonds propres par un appel publique à l’épargne recourant aux marchés de capitaux.
10- Si Hakim nous rappelle aussi la nécessaire réforme du système de compensation surtout en raison de la charge croissante qu’elle fait subir au budget de l’état. Celle-ci reste élevée malgré la fin des subventions pour les industries énergivores initiées en 2014. Il recommande la formulation d’une nouvelle politique de compensation plus équitable, efficace et ciblée aux franges déshéritées de la population surtout que celles-ci ne bénéficient que de 13% des dépenses de subventions énergétiques comparé à 29% aux ménages à revenus plus élevés. La même approche devrait aussi retenue à l’égard de la compensation des biens de base.
En conclusion,  le livre de ce Hakim est une véritable boîte à outils de plaidoyer pour un renouveau de notre modèle de développement. Ce renouveau passe par la redéfinition du rôle de l’état d’un état-providence à un état-stratège à qui reviendrait la tâche de redéfinir les contours d’un nouveau contrat social digne du 21énième siècle. Parvenir à ce contrat exige la révision de fond en comble du modèle post-indépendance pour lequel le glas a sonné depuis longtemps. La réussite de ce nouveau contrat social  exige de remettre la croissance au cœur de notre stratégie économique. Celle-ci passe par la promotion de l’investissement; la mise en place d’une judicieuse harmonisation de politiques fiscale, monétaire et de change; d’une gestion plus efficace des déficits chroniques de nos finances publiques et de nos comptes extérieurs; d’une maîtrise de l’endettement; de l’audace dans la mise en place des réformes nécessaires; et de la poursuite d’une politique audacieuse d’inclusion sociale, et de promotion du développement régional. C’est seulement alors qu’on peut espérer ériger un contrat social qui offrirait à notre peuple une prospérité inclusive et partagée, la perspective d’une vie digne, et l’espoir d’un avenir florissant à nos enfants. 
A bon entendeur, Salut!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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