L’Italie, très alarmée par la recrudescence de la migration clandestine à partir de la Tunisie, dépêche d’urgence sa ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese (Album Photos)
L’alerte est vivement donnée. Chaque jour, durant ces dernières semaines, des barques de fortune font débarquer sur les côtes italiennes entre 300 et 400 migrants tunisiens. Depuis le début de l’année, le nombre total des migrants clandestins en provenance de la Tunisie s’élève à 5700 personnes, entre hommes, femmes, enfants et bébés. Soit cinq fois le flux enregistré l’année dernière.
Très inquiet face à cet « accroissement vertigineux », le gouvernement italien a dépêché lundi matin à Tunis, la ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, pour une visite-éclair. Accueillie à l’aéroport par son homologue Hichem Mechichi, avec lequel elle aura des entretiens qualifiés "d’importants", elle sera reçue au palais de Carthage par le chef de l’Etat, le président Kais Saïed.
«Les organisateurs de ces traversées de la mort, concentrés dans certaines zones côtières tunisiennes, ne sont pas difficile à identifier, souligne amèrement une source italienne contactée par Leaders à Rome. L’argent malsain recueilli de ce trafic d’êtres humains coule à flot et constitue une source de risque pour la Tunisie. Aussi, les conditions précaires des embarcations utilisées, l’absence de toute sécurité et assistance sanitaire, rendent très dangereuse chaque traversée extrêmement périlleuse. Souvent, ces embarcations dérivent en haute mer, les migrants clandestins se trouvent alors seuls face à la houle, et parviennent rarement à sauver leur vie. »
Du côté tunisien, « l’inquiétude des autorités italiennes est largement partagée, indique à Leaders une source bien informée. Malgré la modestie des moyens disponibles en patrouilleurs, vedettes rapides et équipements appropriés pour assurer la surveillance côtière et en haute mer, ajoute-t-elle, la Marine nationale, comme la Garde nationale conjuguent leurs efforts sans relâche et ne cessent d’arrêter des barques de migrants. A terre, les forces de sécurité intérieures s’emploient à démanteler les réseaux de migration clandestine. »
"Si la volonté politique est nettement affirmée du côté de Tunis, c’est le manque de moyens qui réduit la capacité de lutte contre ces traversées de clandestins, poursuit la même source. Plusieurs fois déjà, la Tunisie en avait fait part à ses voisins sud-européens, notamment l’Italie, sauf que les promesses annoncées n’ont pas été toutes tenues. L’action à entreprendre, estiment les autorités tunisiennes, doit s’accomplir à deux niveaux.
Le premier, à terre, c’est la traque des passeurs, le démantèlement de leurs réseaux et la confiscations de leurs embarcations. En mer, c’est la surveillance rigoureuse, avec nécessairement le sauvetage en cas d’urgence. Mais, si on veut agir plus en profondeur, et c’est le deuxième niveau, c’est le financement de projets de développement. Seule la création d’emplois et de sources de revenu peut apporter une première réponse à ceux qui sont tentés de s’aventurer dans une migration clandestine, bravant conditions très risquées. Mais, ce n’est pas suffisant, tout un travail d’encadrement, de dialogue et d’explication est urgent à entreprendre auprès des candidats potentiels et de leurs familles."
« La visite de la ministre italienne de l’Intérieur Luciana Lamorgese doit favoriser une discussion franche à ce sujet et l’élargir aussi aux autres pays européens les plus concernés par la migration clandestin, souligne à Leaders une source tunisienne. A elle seule, la Tunisie ne saurait mobiliser les budgets, les équipements et les équipes nécessaires pour faire face à ce fléau tragique. Le concours de l’Italie est indispensable. Mais, c’est à l’Europe de s’y joindre avec ferme résolution et crédits conséquents. »
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Il n'y a qu'une arme efficace contre la clandestinité : oser réclamer l'instauration de l'outil parfaitement fiable auquel j'appelle, à savoir le visa biométrique de circulation, respectueux des réquists sécuritaires et du droit à la libre circulation. Que le chef de l'État en fasse donc le rappel ! Que la Tunisie ose enfin le proposer et agir pour le retenir en solution radicale mettant un terme à la clandestinité à partir de la Tunisie et pour les Tunisiennes et les Tunisiens !