Après l'assassinat de Samuel Paty : plus vite, la France prendra ses distances avec les pays commanditaires, plus vite le terrorisme islamiste sera vaincu
Par Abdelaziz Kacem - Plus encore que celle des Pharaons, sévira la malédiction des « Caricatures de Mahomet ». À Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty, professeur d’histoire-géo de son état, est sauvagement décapité. Il avait illustré son cours sur la liberté d’expression par quelques-unes des dites caricatures. Son bourreau, un jeune extrémiste Tchétchène de dix-huit ans, abattu peu après par la police, venait d’obtenir le droit d’asile.
Revenons 15 ans en arrière. Le 30 septembre 2005, le Jylland Posten, quotidien danois proche des Néoconservateurs américains, publie des caricatures ridiculisant l’islam et son Prophète. À l’époque, l’islamophobie commençait à venter fort sur le Danemark, membre de la coalition anglo-américaine, qui détruisit l’Irak. Alerté par les ambassadeurs arabes accrédités à Copenhague, Anders Fogh Rasmussen, Premier ministre et futur Secrétaire général de l’OTAN, argue de la liberté de la presse.
Le quotidien danois aurait-il voulu apporter de l’eau au moulin intégriste, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Des mois passent sans qu’aucune réaction de la rue musulmane n’ait été enregistrée, jusqu’au 10 janvier 2006, date du pèlerinage de la Mecque, à l’occasion de l’Aïd el Kabîr. Là, la « Oumma », décide de transférer l’affaire à l’indignation populaire. À elles seules, les manifestations en Asie et en Afrique ont fait une cinquantaine de morts, piétinés par des masses, en très pieuse furie.
Soudain, le Jylland Posten acquiert une notoriété internationale. Charlie Hebdo s’en fait le relais, achète les droits de publication de ses dessins. On connait la suite… À l’occasion de l’ouverture du procès des terroristes responsables de la tuerie, Charlie republie les caricatures. Il reçoit de nouvelles menaces. La France se mobilise, se prépare à légiférer contre le séparatisme islamique. L’école doit apporter sa contribution pédagogique en éduquant les jeunes à la liberté d’expression. Là aussi, on vient de connaître la suite…
La France est en droit de pleurer ses morts et de prendre les mesures les plus draconiennes pour protéger ses citoyens contre de tels actes barbares. Nous aussi, par empathie et pour l’histoire et la géographie qui nous lient, nous partageons le deuil des familles affligées. Mais l’empathie doit être réciproque et il faut élargir le front. Qui, en France, a entendu parler du Jordanien Nâhidh Hattar ?
C’est l’une des figures marquantes de l’intelligentsia arabe laïque ; il est de tous les combats contre l’injustice, les préjugés, les lâchetés, les aliénations. Début août 2016, excédé par tant d’obscurantisme, il succombe à la tentation de toucher au tabou suprême. Il partage sur sa page facebook une caricature. Elle représente un islamiste qui se prélasse au Paradis avec deux houris ; Dieu est présent et le djihadiste s'adresse à Lui comme à un serviteur : « Du vin, des noix de cajou, et quelqu’un pour venir faire le ménage dans la chambre ». Le tollé est général. Nâhidh Hattar que l’on savait ennemi juré des intégristes retire la caricature, présente ses excuses et s’explique : Je ne me moque nullement de l’islam, mais de la vision du Paradis chez les Daéchiens dont tout le monde dénie l’appartenance à l’islam vrai.
Mais la colère ne dégonfle pas contre un homme iconoclaste et, de surcroît, de confession chrétienne. Le gouvernement s’en mêle à son tour. Il dénonce un « crime odieux ». Hattar est arrêté, le 12 août, sur instruction du premier ministre, pour « incitation aux dissensions confessionnelles ». Libéré sous caution, il vient, le 25 septembre, affronter son procès. Sur les marches du Palais de Justice, un barbu habillé à la daéchienne lui tire dessus à bout portant, à trois reprises. Touché à la tête, l’intellectuel meurt avant son arrivée à l’hôpital. Il avait cinquante-six ans. L’émotion dans le monde arabe est à son comble. L’amertume est d’autant plus grande que l’on s’attendait à plus de retenue de la part des responsables jordaniens. Le roi Abdallah II n’a-t-il pas, aux côtés de François Hollande, participé solennellement à la mémorable manifestation du 11 janvier 2015 qui, à Paris, sous le slogan « Je suis Charlie », a réuni des millions de protestataires?
Et l’on se demande : « Y aurait-il, là aussi, deux poids, deux mesures : tolérance, d’un côté, à l’égard de Charlie Hebdo, extrême sévérité, de l’autre, contre une fugace caricature empruntée pour une demie heure par une gloire de la pensée arabe ? ». Nous sommes tous des Nâhidh Hattar en sursis.
Que faire ? Parler de liberté d’expression à des jeunes asservis au totalitarisme politico-religieux relève du tragi-comique. Charles Pasqua avait promis de « terroriser les terroristes ».Cela ne fit peur qu’aux honnêtes gens parmi les musulmans, exposés à l’amalgame. Pour les autres, les assassins (de l’arabe hachachin, tueurs sous l’effet de l’herbe), il en faut plus. Ces jeunes sont convaincus qu’en défendant l’image du Prophète, dans le culte de la mort donnée et reçue, ils ne font que légaliser un titre foncier au Paradis. Les cellules dormantes, les loups solitaires (qui ne sont pas si solitaires qu’ils en ont l’air) continueront leur basse besogne.
Et pour cause !
Plus de 25% d’immigrés en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne rejettent la laïcité et les lois républicaines. Ils sont totalement gouvernés par le Wahhabisme avec ses deux rejetons, al-Qaeda et Daech, lesquels ont pour références principales, les écrits, d’un sinistre théologien du XIIIe-XIVe siècles, Ibn Taymiyya (1263-1328), l’homme qui a définitivement cadenassé l’islam. Ses fatwas, trente gros volumes, sont régulièrement réédités par l’Arabie saoudite et gratuitement distribuées pour s’assurer un abrutissement optimal des esprits. Un ouvrage sort du lot : Al-Sârim al-maslûl ‘alâ shâtim al-rasûl (L’épée brandie contre celui qui outrage le Messager). Ibn Taymiyya y explique que celui qui blasphème Allah, peut être pardonné, moyennant un repentir solennel. En revanche, nul pardon, nul rachat ne sont accordés, à quiconque offenserait l’Envoyé de Dieu. Comment briser le sort, mettre Ibn Taymiyya hors d’état de nuire ? That is the question.
Déjà, en 1980, Maxime Rodinson, dans son essai La Fascination de l’islam, nous avait prévenus. Les politiques coloniaux font tout pour accentuer la dégénérescence des pays orientaux. « Leur redressement, leur modernisation éventuels, affirme-t-il, ne suscitent aucun enthousiasme. Les Occidentaux s’alliaient, le plus souvent, aux « conservateurs indigènes » et traitaient, ajoute-t-il, « les intellectuels nationalistes, qu’ils soient réformateurs ou révolutionnaires, socialisants ou non, de pâles imitateurs de l’Europe, poussés par des idées abstraites et mal comprises, à détruire leur propre patrimoine ».
Plus vite, la France prendra ses distances avec les pays commanditaires, plus vite le terrorisme islamiste sera vaincu.
Abdelaziz Kacem
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Franchement je sais pas quelles cultures ou quelles infos les élèves vont prendre avec des caricatures du prophet Mohammed saala allahou layhi w sallem
Un terroriste n'a pas de religion me semble que l'islam rejette toute acte sorte de trahison et d'escroquerie