Le double putsch dans une même journée ou l'exception tunisienne
Par Dr. Lilia Bouguira - Constat au lendemain des 2 putschs simultanés dans une même journée. Aujourd'hui dans les rues, le jour se lève inchangé. Comme si de rien n'a eu lieu.
Comme si l'annonce hier matin de la destitution du président par les parlementaires gelés n'a pas eu aucun effet populaire. Un putsch by vidéoconférence comme du jamais vu des députés gelés depuis juillet dernier.
Le soir, une autre annonce, cette fois du président de la république de la dissolution du parlement tunisien n'a eu également aucune expression populaire franche.
Cette fois, le peuple n'est pas sorti. Pas de ruée spontanée dans les rues vers le palais présidentiel pour le soutenir. Pas de vidéos selfies inondant la toile Face Book ou autre pour exprimer leur hilarité et leur soutien.
Le peuple n'a rien applaudi. Il n'a acclamé personne. Ni yous-yous habituels ni klaxons ni rien comme au 25 juillet. Niente.
Un silence froid, méfiant. Pire les gens ont continué à œuvrer dans leur vie, à changer par la suite de chaîne de télévision. Probablement pour regarder encore le feuilleton qui réunit tout le monde à l'unanimité "Sbouii" un personnage plutôt infantile mais hilare qui fait encore sourire le tunisien et ses enfants. Comme une drogue du soir douce et sans effet indésirable.
"Indésirables" est l'adjectif unanime qui les englobent tous: députés, ARP et politiciens de ces 11 dernières années. Ils ont surtout réussi à jouir de l'impopularité massive de la majorité. Plus personne ne les supportait. Ils ont fait couler délibérément le pays vers sa faillite.
Libéré mais pas encore libre reste le tunisien tout venant. Un amoncellement de dettes et de chaînes économiques qui tordent le cou et écrasent chaque jour un peu plus chaque citoyen. Un citoyen usé, abîmé par les désillusions d'un jour meilleur et d'un 25 juillet sans véritable lendemain. Les choses ont empiré depuis. Beaucoup d'hésitation et de balbutiements. Chaque jour coûte au citoyen. Une flambée sans précédent des prix. Le quotidien devient une véritable galère.
Profondément, sourde une colère montante. Seuls les ventres vides la perçoivent et l'entretiennent. Des ventres qui peinent à assouvir leur faim ne peuvent se soucier que des cris de leurs tripes. Le reste est à imaginer.
Que Dieu préserve notre pays est le seul mot sur lequel s'accorde le sage tunisien.
Lilia Bouguira
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