Tunisie: La violence à la télé pendant ramadan est-elle préméditée?
Par Dr. Lilia Bouguira - Après coup, rien ne change .Ni avant ni après. Juste une couche de plus pour les soirées télévisées de violence et de mélodrame.
Tout est concocté pour nous faire perdre le rire. Toute cette violence vendue sur nos petits écrans pendant le mois de ramadan est comme préméditée pour nous rendre plus à fleur de peau, sur la sellette prête à exploser.
De nos politiciens pervers narcissiques qui se délectent de nos misères aux chaînes télévisées qui s'engagent à chaque ramadan à nous noyer dans le mélodrame et la violence visuelle médiatique.
Le pire c'est que ces médias font leur fortune sur notre dos. Ils se sont encore accordés hier pour vendre à qui mieux pendant un mois le feuilleton le plus amer, acide et douloureux qui remet le couteau dans la plaie de la chair du tunisien.
De la harka ou l'immigration clandestine qui a bouffé des milliers de nos enfants en mer depuis 2011. On compte plus de 10000 immigrants clandestins en 2021 dont plus de 48 pour cents tunisiens.
Rien n'a changé entretemps de ce fameux 25 juillet 2021 où le président de la République a pris des mesures exceptionnelles, en gelant l'ARP devenu intenable et en imposant le" Peuple roi."
Les rapports témoignent que tous nos décideurs font preuve de courte vision et d’approches politiques assez étroites. L'autoritarisme et la rigidité sécuritaire aux frontières ne mènent à rien. Nos enfants continuent à se jeter à l'eau, prendre le risque de mourir pour migrer en occident. Les motivations restent les mêmes.
Plus de 2000 corps repêchés cette année en mer. Rien n'a changé. Seul le profil migratoire du tunisien. Ils ne migrent plus en solo mais de plus en plus en famille, des mères de famille avec leurs enfants en bas âge.
Seulement face à ce fléau, il n’y a aucune lumière au bout du tunnel. Aucune alternative socioéconomique ambitieuse ni de loin ni de près. La harka continue à camper en maîtresse dans l'esprit de la plupart des tunisiens et règne en grande faucheuse des vies des tunisiens, de leurs rêves et de leur paysage médiatique. Un business qui rapporte gros.
Puis viennent les mélodrames qui reprennent comme un air douloureux qu'on ne peut pas connaître. La misère, la délinquance, la drogue, la violence au quotidien et pour clôturer le tout l'endoctrinement de nos enfants et le terrorisme qui ont violenté notre quotidien depuis ces 11 dernières années.
Tout a été déjà consommé et pourtant nos petits écrans ne nous vendent que ça pendant ramadan comme pour entretenir un feu qui nous ronge de l'intérieur, difficile à éteindre.
Chacun plaide sa cause et son feuilleton.
Le hic c'est la dangerosité du chemin médiatique. Un message qui se répète rutilant de beaucoup de violence et de déceptions tandis que plus de la moitié des tunisiens devant leur télé éructent la satiété et se reposent d'un long jour de jeûne. Ils savent que la majorité digèrent devant la télé. Ils en profitent et s'en donnent à plein moteur comme pour réaliser un même programme au même timing. Le maximum d’émotions négatives et dévorantes pendant un audimat au summum.
N'aurait-il pas été plus judiciable d'égayer sa soirée par plus de messages positifs, de paysages sublimes dans des voyages ludiques ou éducatifs voire même comiques?
Donner au temps le temps de la sérénité, de la paix et du bonheur comme pour dégager et extraire les maux qui sont en nous.
Nous, peuples tunisiens avons besoin de ces pauses car à force de nous comprimer et nous offrir la médiocrité ou encore la violence et sa douleur, nous sommes devenus des zombies ou presque, de véritables bombes à retardement.
Les chiffres à la hausse de la criminalité, suicide et drogues en Tunisie parlent pour nous.
A force de le violenter dans sa vie au quotidien, le tunisien n'exultera par la suite que de la violence. C'est classique. Ils nous retiennent en otage et font de nous, en permanence, leurs spectateurs esclaves puisque la majorité n'ont pas le choix de tourner le bouton pour regarder d'autres chaînes en d'autres langues étrangères. La majorité du peuple ne maîtrise que l'arabe. Le dialectal est prisé pendant ce mois saint. C'est presque devenue une pratique patri religieuse.
S'ajoute à cela, le classique Ramadan c'est pour le "musulman" partout et l'arabe est tacitement la langue de tout bon musulman.
Tout cela n'a pas besoin d'être écrit ni lu à voix haute. C'est nos traditions et rites qui dictent nos vies.
Alors svp les médias remettez nous "CHOUFLI HALE " à défaut de nous trouver une solution télévisée pour un feuilleton ou une série tunisienne qui nous fait rire ou rêver pour nous sortir un peu de la misère et des malheurs du tunisien pendant ce ramadan.
Dr. Lilia Bouguira
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