Hommage à Me Brahim Zitouni: L’avocat, le patriote
Une figure de proue dans le mouvement des étudiants tunisiens en France, au sein de l’Uget et la fédération destourienne, avocat de grande réputation au barreau de Tunis pendant 50 ans, député à l’Assemblée nationale constituante en 1956, adjoint au maire de Gafsa et proche du leader Ahmed Tlili : Me Brahim Zitouni a marqué sa génération. Né à Tunis le 17 septembre 1929, il vient de s’éteindre, le 8 septembre dernier, à l’âge de 93 ans.
Après des études au lycée Alaoui, il décrochera le diplôme de Sadiki puis partira pour la France. C’est ainsi qu’il s’inscrit au Lycée Henri-IV à Paris où il décroche son bac philosophie en 1948, lui permettant de poursuivre ses études supérieures de droit à la Sorbonne où il obtient en 1952 sa licence en droit. Ses années parisiennes seront intenses en activités militantes. Brahim Zitouni rejoindra l’Association des étudiants nord-africains de France (Aemna), la Fédération de France du Néo-Destour et l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget). Débordant d’activité, il nouera rapidement connaissance avec les Mansour Moalla, Ahmed Ben Salah, Hamed Karoui, Béji Caïd Essebsi, Hamed Zeghal, Hédi Baccouche, Mustapha Zaanouni, et autres Dhaoui Hanablia. Lorsque le débat faisait rage entre les partisans de Bourguiba et ceux de Salah Ben Youssef, il fut dépêché auprès de Bourguiba, alors de passage à Paris, venant du Caire pour tenter une médiation entre les deux leaders du Destour. Bourguiba sera attentif à ses propos, se déclarant prêt à parvenir à un compromis avec Ben Youssef. S’adressant à une délégation de l’Uget, il leur dira : « Suivez les recommandations du jeune avocat et la crise fut ainsi dénouée. » En fait, ce n’était pas aussi facile que cela.
De retour en Tunisie, auréolé de sa licence en droit, Brahim Zitouni s’inscrit au Barreau de Tunis et effectuera son stage au cabinet de Maître Abderrahmane Abdennebi, avocat à la Cour de cassation sis au 17 rue Charles-de-Gaulle Tunis. Quelques années après, il s’installa dans son propre cabinet au 14, avenue de Carthage en tant qu’avocat à la Cour de cassation de Tunis, pour une brillante carrière qui se poursuivra pendant 50 ans.
La fibre militante, Me Brahim Zitouni plaidera dans de célèbres procès : le complot de 1962 contre Bourguiba, l’affaire des dirigeants collectivistes de 1970 (Ahmed Ben Salah) et autres grandes affaires de militants pour les libertés et les droits de l’homme.
Resté fidèle à ses convictions, comme à ses amis, toujours proche des siens, affectueux et d’une grande générosité d’âme, Me Brahim Zitouni laisse le souvenir d’un brillant avocat et d’un grand patriote.
Allah Yerhamou
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