Il y a 50 ans, naissait la CNSS: hommage à son fondateur Ahmed Balma
En pleine négociation sur la réforme de la retraite, la Tunisie célèbre ce 14 décembre, mais dans une discrétion remarquée, le 50ème anniversaire de la Loi 60-30n du 14 décembre 1960, relative à l’organisation des régimes de sécurité sociale et créant la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). La vision qui a présidé alors à ce concept, l’originalité du dispositif mis en place et les différentes évolutions décidées jusqu’à ce jour font du système tunisien, pionnier dans les pays en développement, l’un des systèmes les plus avancés et les plus généreux. L’extension de la couverture sociale à toutes les catégories, la revalorisation continue des allocations, indemnités et pensions, et la réunification au sein de la Cnam de l’assurance maladie, marquent des jalons significatifs, même si beaucoup reste à faire, surtout pour préserver l’équilibre des régimes de retraite.
Les spécialistes en droit de la sécurité sociale ont consacré d'excellentes études à ce secteur. A lire les ouvrages de Noé Ladhari, Mohamed Chaabane, Sayed Blel et autres chercheurs, ainsi que les publications de M. Mohamed Ennaceur, ancien ministre des Affaires sociales, on se rend compte de la pertinence du modèle tunisien, mais aussi de ses contraintes tout comme des impératifs de son redéploiement. Il y a cependant un point qui n’a pas encore suffisamment bénéficié de l’éclairage des historiens, c’est l’apport substantiel des pionniers de la sécurité sociale à la conception de la Loi 60-30 et à sa mise en œuvre.
En tout premier lieu, un hommage particulier mérite d’être rendu, en ce 50ème anniversaire à l’un des principaux auteurs de cette loi, feu Ahmed Balma. Sous l’impulsion de son ministre Ahmed Ben Salah, il était chargé d’élaborer le texte de loi et de le défendre à ses côtés, en commission, à l’assemblée nationale, tout au long du mois de novembre 1960. Le Journal des Débats, consulté par Leaders, mentionne dans le rapport présenté à la plénière, des quelques ajustements, suscitant un tel consensus que le texte final a été adopté sans la moindre question.
Le mérite d’Ahmed Balma est indéniable. Né dans la Médina de Tunis le 24 mai 1923, il décrochera sa licence en droit et économie politique, en 1949 à la faculté de Toulouse. De retour à Tunis, il s’inscrit au barreau en tant qu’avocat, en attendant l’indépendance. Le premier gouvernement de la jeune République fera appel à lui et c’est ainsi qu’il fut chargé de plusieurs dossiers juridiques dont celui de la sécurité sociale. Son texte fondateur de la CNSS fut si bien ficelé que dès sa promulgation, Ahmed Ben Salah le chargera de l'applicationl’appliquer, en créant la caisse et en mettant en place ses régimes.
Neuf ans durant et jusqu’à 1969, il sera le 1er PDG de la CNSS. Il ira ensuite diriger la Cabinet du ministre de la Santé, qui à l’époque couvrait les affaires sociales et assurait la tutelle de la sécurité sociale. Il y restera jusqu’en mai 1972. C’est alors que le Bureau International du Travail, cherchant à bénéficier de son expertise dans d’autres pays arabes, le désigna en qualité de Directeur du Bureau Régional de l’Association Internationale de Sécurité Sociale, basé à Alger.
En mai 1975, il est promu Chef de l’Administration Centrale de l’Association Internationale de Sécurité Sociale (BIT) à Genève, poste qu’il occupera pendant 8 ans, jusqu’en mai 1983.
Ahmed Balma nous quittera le 17 décembre 1990 (à Radès), laissant le souvenir d’un éminent spécialiste de la sécurité sociale, en Tunisie et à l’international. Ses disciples, comme nombre de ceux qui lui ont succédé à la tête de la CNSS (Moncef Kaak, Tahar Azaiez, etc.), ainsi que les anciens directeurs, Taoufik Mnakbi (DGA), Hichem Belarbi, Mahmoud Alouini, Mohamed Balma, Hédi Cherif, sans oublier Hédi Ouertani, etc. méritent eux aussi hommage, en ce 50ème anniversaire.
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Pourquoi ne pas rendre hommage au Ministre A. BEN SALAH puisque c'est lui qui avait l'autorité et la responsabilité politique en la matière? Peut-être doit-on faire ce qui est de coutume de faire en Tunisie: attendre sa mort et puis lui rendre un hommage posthume! Peuple ingrat, comme l'a dit Feu le Combattant Suprême H. BOURGUIBA.
Toujours dans le mimétisme nous avons érigé la CNSS en institution dont il s'avère qu'elle va au mur au nom d'une solidarité nationale. A- t- on prit le soin de s'arrêter un instant pour un débat ouvert sur les handicaps de l'institutionnalisation de la solidarité et sur ses retombées néfastes notamment sur l'emploi. La CNSS est-elle approprié pour une économie comme la nature ? Long débat mais dont l’urgence ne saurait être différée…Loin bien sûr de la pensée unique ou « inique ».
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