Nabil Ammar: La parole de la Tunisie dérange, il faut l’écouter
Engagements non-tenus par des vis-à-vis, pressions subies, injustices médiatiques, occultation des propos, voire leur déformation: «Le discours de la Tunisie dérange. Il faut l’écouter et lui prêter attention.» Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger, est connu pour son franc-parler. Il refuse qu’on «pousse la Tunisie dans un coin », qu’on la qualifier de «jungle», «qu’on l’accabler pour la faire plier» et «lui faire payer fort le prix de la souveraineté de sa décision.» Sans hésitation, il désigne à l’origine de certaines attaques, «de vrais bandits, en col blanc.»
En parfaite symbiose avec la ligne décidée par le Président Kais Saïed, qui rappelle-t-il à maintes reprises, est le chef de la diplomatie, il monte au créneau, réaffirmant avec vigueur, les positions de la Tunisie, portées par « une nouvelle dynamique diplomatique».
Recevant des journalistes tunisiens, pour la première depuis son accession à la tête du Département il y a neuf mois en février dernier, il n’a pas gardé la langue dans la poche. Officiellement, l’occasion était de présenter aux médias la nouvelle équipe nommée aux principales directions générales, ainsi que le nouveau staff de la direction générale de la diplomatie publique et de l’information. Mais, d’emblée, le ministre s’est prêté aux questions des journalistes. En «bon client» que demande la presse.
«Nous restons fermes sur nos positions, malgré les pressions subies et le prix à payer. La parole de la Tunisie dérange. Mais nous sommes déterminés à la porter, partout et nous invitons tous à l’écouter. Nous n’avons aucun problème avec aucun pays, et nous ne demandons que coordination. La Tunisie dénonce vigoureusement le massacre perpétré par Israël à Gaza et appelons au cessez-le-feu, à l’acheminement des secours et à la levée du siège imposé aux Palestiniens. Le projet de loi sur la criminalisation des rapports avec Israël, ne concerne pas seulement les Affaires étrangères, mais d’autres ministères qui doivent y émettre leur avis. Nous n’avons rien bloqué avec l’Union européenne et nous sommes pour la tenue du Conseil d’Association. L’OTAN est pour nous un cadre idéal de discussion avec ses pays membres et instances, et l’accord de partenariat qui nous lie n’est guère remis en question. La diplomatie tunisienne qui a traversé durant les trois dernières années la pire période qu’elle a connue, se renforce et se redéplie, avec notamment une série de nominations appropriées tant au siège du Département que dans les postes à l’étranger. La règle avec les diplomates étrangers en Tunisie, est la réciprocité. Ils sont invités à respecter dans leurs contacts et leurs déplacements les règles protocolaires. Nous voulons qu’il n’y ait qu’une seule voix officielle …»
C’est en substance ce qu’a déclaré le ministre Nabil Ammar. Ses propos s’adressent aux Tunisiens. Mais comprennent aussi des messages clairs, pour l’extérieur. Principales déclarations.
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