Belgacem Mfarrej: Défendre la pharmacie à l’hôpital Fayçal au Rwanda
A l’hôpital Fayçal, parmi les missions que j’ai confiées à ma section figurait la protection absolue de la petite pharmacie, dotée de médicaments, de pansements et autres seringues. C’était en fait un véritable trésor à préserver. Les éléments du FPR, déplorant des blessés, m’en ont demandé, et j’ai dû les éconduire. Nullement dissuadés, ils sont revenus lourdement armés, essayant de s’en emparer. Les instructions du général Dallaire étaient de les repousser fermement et de défendre la pharmacie. Les échanges de tirs étaient alors très forts.
Le général Dallaire s’est chargé de son côté d’en alerter les Nations unies à New York qui sont entrées en contact avec les représentants du FPR. J’ai appris plus tard que leur chef, Paul Kagame (qui est devenu président de la République) a blâmé le capitaine Chartes qui était à leur tête.
Le hasard a voulu que plusieurs années plus tard, alors que je suivais une année d’études à l’Université nationale de défense aux Etats-Unis, je retrouve ce capitaine Chartes, envoyé par le Rwanda et qui sera parmi mes camarades de promotion, et un bon ami.
Je revenais d’une mort menaçante
En fait, j’ai toujours voué une grande amitié au peuple rwandais. Dans un moment d’urgence, j’avais appris qu’un Rwandais blessé était entre la vie et mort, ne pouvant pas être transfusé, son groupe sanguin étant très rare. Sa chance lui sourira car il était précisément du même groupe sanguin que moi. Sans la moindre hésitation, je me suis présenté pour lui donner du sang.
Mais, en fait, et malgré tant de moments difficiles, vécus, la mort frôlée, et l’immense fatigue, je garde d’excellents souvenirs du Rwanda, des Rwandais, du contingent tunisien, de l’ensemble des Casques bleus, du général Roméo Dallaire et de cette mission. Je revenais d’une mort menaçante à chaque instant, et pourtant j’ai tout aimé.
J’étais parti de Tunisie au grade de commandant. J’y étais revenu promu lieutenant-colonel. J’étais alors sur le terrain au Rwanda, lorsque cette promotion m’a été attribuée début janvier 1994. Mais ce n’est qu’en juillet 1994 que j’en ai porté les épaulettes. Sans une cérémonie solennelle, comme il est de coutume, en raison des circonstances particulières. Mes épaulettes m’ont été présentées par le feu colonel-major Dridi, alors chef du B.O.R de l'Etat-major de l'armée de terre (EMAT) avant de descendre de l'avion C130 qui nous ramenait à Tunis.
A la descente de l'avion, le chef de l'EMAT, le chef de l'Etat-major de l'armée de l'air et plusieurs officiers supérieurs nous ont accueillis à la base millitaire d'El Aouina.
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