News - 01.03.2011

Pourquoi Afif Chelbi a-t-il démissionné ?

Trop de pressions, manque de visibilité quant à la feuille de route globale, faciliter la tâche du nouveau Premier ministre ? Autant d’explications possibles pour comprendre la démission d’Afif Chelbi de son poste de ministre de L’industrie et de la Technologie. Lundi matin, il a été aperçu au Palais de Carthage, certainement pour la remettre à M. Béji  Caid Essebsi, nouveau Premier ministre  et au Président par Intérim, M. Foued Mebazaa. Pourtant, jusqu’à la semaine dernière, rien ne semblait ébranler sa détermination à contribuer pleinement à la réussite de cette transition.

Pour lui succéder, plusieurs noms circulent avec insistance, dont celui de M. Abdelaziz Rassaa, secrétaire d’Etat à l’Energie. Premier à quitter le gouvernement provisoire, M. Chelbi est suivi par son Secrétaire d’Etat chargé des Technologies de la Communication, M. Sami Zaoui, alors que M. Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme dément les rumeurs au sujet de son départ. Lundi après-midi, M. Mohmamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération Internationale a remis, quant à lui sa démission, sans en préciser les motifs, mais certainement similaires à celles de M. Chelbi. Mardi matin, c'est autour d'Elyes Jouini, ministre chargé des Réformes et de la coordination entre les services concernés et de Mme Faouzia Charfi, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur de se retirer. Ces démissions donnent en tous cas au nouveau Premier Ministre ce que la constitution actuelle ne lui permet pas: remanier son gouvernement.

Indépendant de tout parti politique, comme il l’a toujours été, même s’il a toujours entretenu des idées et des convictions de gauche, jamais encarté du RCD, cet ingénieur centralien (spécialité économie), s’est dédié tout au long de son parcours professionnel à la promotion de l’industrie et l’encouragement de l’innovation, militant pour l’assainissement du climat des affaires. Après un passage de 3 ans à la tête d’une banque d’affaires privée (IMB), il a mis à profit son entrée au gouvernement, en 2004, pour déployer une stratégie d’appui à la création d’entreprises et au développement des exportations industrielles, sur la base d’une mise à niveau soutenue et d’une valeur ajoutée technologique. Une vision pour l’industrie 2016 a été conçue et promue à l’étranger pour attirer les IDE.

Rescapé dès le 17 janvier, parmi les rares membres du gouvernement Ben Ali, il se sentait, avec l’avènement de la révolution, se pousser des ailes, s’employant à rassurer les investisseurs opérant en Tunisie, soutenir le tissu industriel, veiller à l’approvisionnement en hydrocarbures et le fonctionnement des autres services d’énergie (Steg…),  discuter avec les partenaires de la Tunisie pour bien préparer la conférence de Carthage. Le secteur des Technologies de la Communication lui ayant été ajouté, avec  en appui, un secrétaire d’Etat dédié, M. Sami Zaoui (qui démissionnera lui aussi),  il devait affronter les dossiers posés par les opérateurs du secteur, notamment l’épineuse situation de Tunisie Telecom et toutes les négociations nécessaires avec la centrale syndicale. Et ce ne fut guère une sinécure..

Accepter la pression de l’UGTT pour renvoyer de Tunisie Telecom tous les contractuels ou courir le risques de débrayages pouvant aller jusqu’à affecter le réseau d’un côté, et de l’autre susciter l’ire des actionnaires émiratis ? Mais, ce n’était pas l’unique dossier brûlant sur son bureau. Empêché, pour des raisons d’insécurité invoquées, d’aller dans les régions et de se rendre dans les usines, se trouvant dans l’impossibilité de poursuivre l’accomplissement sa mission, en son âme et conscience, il a dû se résoudre à remettre sa démission. Sans fournir la moindre explication à la presse.

Est-ce pour autant qu’il quitte l’action politique et revienne au secteur privé ? Peut-être à court terme. Mais son engagement patriotique l’incitera sans doute à répondre à l’appel à l’une des formations dont il se sentira le plus proche, pour contribuer à la réalisation de cette Tunisie nouvelle qui lui tient tant au cœur.

Déclaration à la presse

Dans une déclaration à la presse, diffusée mardi, M. Afif Chelbi inscrit sa démission dans le cadre de son devoir patriotique d’aider à la réussite du Gouvernement de M. Béji Caîd Essebsi, personnalité nationale éminente, à laquelle il souhaite plein succès.

 

Il considère en effet que ce Gouvernement, qui doit faire l’objet d’un consensus national et bénéficier de l’appui du maximum de représentants de la société civile, constitue le dernier rempart pour sauver le pays du chaos et réaliser les objectifs de la révolution en hommage à ses martyrs. Aussi toutes les questions  de personnes doivent elles s’effacer devant cet impératif suprême.

 

Par ailleurs, M.Chelbi salue le dévouement, la sincérité et l’honnêteté de M. Mohamed Ghannouchi ainsi  que l’abnégation et la mobilisation exceptionnelles des entreprises publiques et privées, de leurs salariés, de leurs représentants syndicaux sincères, et de leurs responsables nationaux et internationaux qui ont sauvegardé l’emploi, la continuité des services publics et la production.

 

Néanmoins les menaces sont immenses , les pressions quotidiennes sur l’appareil de production  insoutenables et je réitère donc mon appel à la raison pour la sauvegarde de nos 700 000 emplois industriels et pour la réalisation des dizaines de projets en instance notamment dans les zones de l’intérieur qui ne peuvent démarrer faute de conditions de sérénité nécessaires. 

 

M. Chelbi exprime enfin ses vifs remerciements à l’ensemble des cadres et du personnel du Ministère de l’Industrie et de la Technologie et sa fierté d’avoir été, avec leur précieux concours, au service exclusif du pays et protégé au mieux ses intérêts vitaux. 

 

Il conclut en affirmant sa ferme détermination à demeurer mobilisé au service du pays en tant que citoyen libre et progressiste qu’il a toujours été. 

 

Bio-Express

M. Afif Chelbi, né le 14 mars 1953 à Tunis, est titulaire du diplôme d'ingénieur de l'école centrale des arts et manufactures de paris, spécialité économie (1978).

Il a commencé sa carrière professionnelle à l'agence de promotion de l'industrie (api) en tant chef de service, puis sous-directeur, directeur des études et directeur général adjoint (1981-1986).

Entre 1986 et 1987, il a été chef du centre d'études et d'ingénierie à l'école nationale d'ingénieurs de Tunis.

De 1987 à 1990, il occupe les fonctions de directeur de la maîtrise de la technologie et des mutations industrielles, au ministère de l'économie nationale, avant d'être promu directeur de l'évaluation des projets à la banque tuniso-qatarie d'investissement, puis directeur général du centre technique du textile (1992-1998).
Il a également occupé les fonctions de directeur général de l'agence de promotion de l'industrie (1998-2001) et de responsable national à "Euro-tunisie entreprise" (2000-2001).

Depuis décembre 2001, il a été directeur général de l'International Maghreb Merchant bank.

En 2004, M. Afif Chelbi est nommé ministre de l'industrie, de l'énergie et des petites et moyennes entreprises, et en janvier 2010 il est chargé des fonctions de ministre de l'Industrie et de la technologie.

M. Afif Chelbi est membre du conseil économique et social et membre du comité national d'évaluation de la recherche.
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
khélil - 01-03-2011 10:02

Hommage à si Afif,homme de principe,compétent honnête et hyper patriotique qui n'a mis comme objectif depuis sa nomination au ministère en 2004 que l’intérêt supérieur de l'Etat.Je me rappelle son stylo rageur rayant des notes destinées aux CIM les mentions "les mesures avant-gardistes du président Ben Ali...et en application des points de son programme présidentiel...".Je me rappelle ses positions inflexibles face à l’appétit de l'ex famille régnante et de certains responsables syndicaux dans tous les domaines et qu'il décline avec un savoir faire et un sang froid extraordinaire.Combien de fois ses programmes de zones industrielles dans les régions intérieures ont été chamboulé par le palais,combien de fois son élan de servir à été stoppé ...A cet Homme je dis simplement bravo .

bourara safia - 01-03-2011 13:56

c est dommage de perdre un si bons elements qui pouvait donner un plus a l economie tunisienne

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