Qui cherche à empêcher la tenue des meetings d'Afek Tounès ?
«Il est du devoir de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, d’agir auprès des autorités concernées afin d'assurer la tenue des meetings des partis, sans entrave ni violence ! » C’est ce qu’a demandé avec insistance M. Mohamed Louzir, président du parti Afek Tounes, suite aux incidents et les obstructions dont son parti a été victime le week end dernier à Gafsa et Mahdia et en prévision du meeting prévu ce vendredi à Jelma (Sidi Bouzid). « Garantir les bonnes conditions pour le déroulement du débat politique, tant dans la capitale que dans les régions, mettre à la disposition des partis les lieux appropriés et leur permettre de tenir leurs réunions, sans craindre les volte-faces de dernière minute les obligeant à les annuler ou l’assaut des fauteurs de troubles, constituent autant d’impératifs pour l’accomplissement des objectifs de la révolution » a-t-il ajouté.
S’exprimant au cours d’une conférence de presse tenue mardi au siège du parti à Tunis, M. Louzir a laissé les coordinateurs régionaux rapporter les incidents survenus. C’est ainsi que Mehdi Rebai a déclaré que dès jeudi soir, les 10 banderoles installées à Gafsa en prévision du meeting du dimanche ont été lacérées et les 150 affiches déchirées. Samedi soir, le propriétaire de l’Espace loué, a notifié son désistement arguant de menaces téléphoniques reçues. Dimanche matin, essayant de tenir leur réunion dans le calme, les dirigeants d’Afek Tounès ont essayé de discuté avec un groupe d’une vingtaine de personnes qui leur intimaient l’ordre de déguerpir. Evitant tout accrochage, ils s’y sont résignés pour aller juste rencontrer des journalistes dans un café éloigné et leurs expliquer les circonstances. Mais, là aussi, ils étaient rattrapés par leurs adversaires. Heureusement que la sagesse des militants d’Afek l’a emporté et ils ont dû mettre fin même à cette rencontre informelle.
Le ministre signe, son collaborateur le désavoue
A Mahdia dont Yassine Brahim, est originaire, Rym Mhajoub raconte des péripéties surprenantes. Souhaitant tenir le meeting au Borj, le parti a introduit une demande auprès des autorités culturelles et reçu une autorisation dûment signée par le ministre en personne. Il fallait néanmoins aménager un podium et surtout payer la facture d’électricité demeurée en souffrance depuis presque un an, ce qu’Afek a fait sans rechigner. Samedi matin, le jour-même du meeting prévu l’après-midi, le parti reçoit à son siège à Tunis, un fax signé, cette fois-ci par un fonctionnaire du ministère et non plus le ministre, notifiant l’annulation de la décision de mise à disposition des lieux.
Allant aux nouvelles auprès du cabinet du ministre, Afek n’a reçu pour toute explication que « de grandes pressions avaient été exercées sur le ministre… » Pourtant, le jour-même, à Mahdia, un autre parti, Attajdid, avait pu disposer d’un lieu culturel, la Maison de la Culture pour tenir sa réunion. Afek aussi avaient disposé il y a quelques jours de la Maison de la Culture à Djerba et du théâtre de plein air Sidi Dhaher à Sousse. La réunion de Mahdia finira par se tenir, juste en face du Borj, avec les moyens de bords aménagés en dernière minute.
Quant au meeting programmé ce vendredi à Jelma, ville natale d’un autre dirigeant du parti, Afek a été averti lundi soir qu’un groupe d’habitants, appartenant à diverses formations, préparent une pétition appelant à son annulation.
Montée au créneau, Emna Menif, porte-parole du parti n’y va pas de main morte : « Nous irons à Jelma et nous ferons tout pour que notre meeting se tienne dans le calme. Interdire nos réunions et étouffer nos voix, c’est tuer la démocratie ! Au moment où le pays a le plus besoin d’expliquer au peuple les enjeux de l’assemblée constituante et sa véritable mission, et alors que tous s’y perdent, on s’emploie par la force à nous priver d’accomplir notre mission sur le terrain, de porter les explications, d’échanger et de débattre ! » Et d’ajouter : « si on prétexte la neutralité des espaces culturels, d’abord pourquoi deux poids et deux mesures, mais encore, quid de la neutralité des lieux de culte. Les mosquées sont transformées en arènes politiques ? »
Attristée par le nivellement par le bas de la qualité du débat politique et appelant les médias à œuvrer pour la hisser, Emna Menif cite à titre d’exemple que depuis la création de son parti le 28 mars dernier, la quasi-totalité des questions posées par des journalistes tournent autour de l’accessoire, rarement l’essentiel : des accusations, des bobards et autres. Rares sont les questions qui traitent des vrais enjeux, de la vision, du programme et du plan d’action.
Que reproche-t-on à Afek et qui est derrière ces incidents ? Sous quels prétextes veut-on interdire les réunions d’Afek? « On nous prête de compter dans nos rangs des RCDistes ? Qu’ils nous les montrent ? lance Emna Menif, avec indignation. Cette fausse accusation relève justement des vieilles pratiques consistant à jeter l’anathème en accusant les uns d’êtres des islamistes et les autres, des gauchistes. Nous ne pouvons qu’être surpris par le retour de ces manœuvres. Les RCDistes sont connus et ne s’en cachent pas. Mais, nous n’en comptons aucun parmi nous. »
Mais qui est derrière tout cela, interroge un journaliste ? Mohamed Louzir évite de se hasarder à désigner nommément les parties concernées. « C’est à la police de les identifier et à la justice de s’en saisir », dira-t-il, laissant entendre que son parti examine actuellement la possibilité de déposer plainte, dans le cas de Gafsa. «Ce qui nous arrive peut arriver à d’autres partis, souligne-t-il, et nous ne saurons l’accepter ni pour nous, ni pour les autres.»
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l'état tarde à réglementer les financements, à réformer la presse, organe fondamental en démocratie et à mettre à disposition des partis des salles, un service d'ordre, au lieu d'exposer les membres d'un parti à la violence et au silence forcé. Pourquoi???A quoi joue les gouvernants actuels???Trop de non-dits et de manque de transparence!!
ne perdez pas de temps et saisissez la justice , il faut reglementer et le mieux est de les pousser en s'aidant par la justice
Pour le moins qu'on puisse dire, les membres d'Afek Tounes, ne font preuve d'aucun courage . leur soi-disant sagesse n'est que de la lâcheté déguisée. pourquoi n'ont-ils pas eu le courage dont ont fait preuve ceux qui ont tenu bon, malgré les menaces de mort, au cinéma Africa. Vous êtes tombé dans mon estime; avec vous, on n'ira pas loin; vous n'osez même pas nommer ceux qui vous menacent. Continuez à être "sages" et à tourner en rond; en attendant, ceux qui vous terrorisent avancent. Dommage!
Je me demande si ce n'était pas une tactique de ce parti pour se présenter en victime et pour un but d'avoir plus fans et de voix lors des prochaines élections! Je suis pour saisir la justice pour éclairer cet enigme.
Je suis indigné par cet acharnement contre Afak , il n'est pas le seul à être empêché de tenir ses réunions. Il est grand temps d'agir mais de le faire collectivement d'où l'importance de se constituer en pôle ou en front.