Opinions - 20.10.2011

« Et maintenant où va-t-on ? »

Nous  vivons  en Tunisie  des moments,  certes,  historiques  mais empreints d’ une intense   fébrilité dans l’attente  du 23  octobre,  jour de l’élection de l’ Assemblée   constituante.  La situation politique et sociale   est  difficile, douloureuse,  et  n’augure rien de  joyeux.  L’optimisme   affiché par certains   est  parfois  exagéré au point  d’entamer  la vigilance   extrême  dont les citoyens  doivent faire preuve. 

Dégradée  par des manipulations malsaines  de  certains  partis   et en particulier  le  parti  «Ennahdha»  chez  qui  l’argent  coule à flot,  et dont le message subliminal  « On ne perd rien  à  attendre ….. la charia  », résonne  comme  une  menace  adressée  à  la  Tunisie  moderne ,  la Tunisie  de  Tahar  Haddad , de Thaalbi , de  Bourguiba , de  Bchira Ben  Mrad , de Mohamed  Talbi  etc.

La réalité  de notre quotidien  en  Tunisie,  est préoccupante. la Tunisie   est désormais divisée   en   deux  camps qui se regardent en chiens de faïence,  celui   béni   par le parti  «  Enahdha »   qui  lui a conféré  le  label  de  parti des vrais  musulmans et  l’autre scamp  celui    des   modernistes  et  des  démocrates    accusés  de mécréants   parce qu’ils  ne partagent pas   le même   idéal   ni  les  mêmes idées   encore  moins  le  même modèle de société.

Ces  élections  libres   que   nous   avons   attendues  si  longtemps, qui  ont  alimenté   tous   nos   fantasmes  et  qui en  ont fait  le  sujet   récurrent  de  nos   rêves  les plus  fous  , risquent   de   transformer  le miracle du  14  janvier  en  un  mirage   le 23  octobre .

En effet,  ce  qui  se  passe  dans  notre  pays  peut avoir  des  conséquences  désastreuses pour la suite.  Il est urgent que le gouvernement  provisoire    cesse   de   nous  dire   qu’il est  provisoire  quand  cela  l’arrange  et qu’il  ne  l’est pas  quand cela  ne  l’arrange  plus.  Il  est  aujourd’hui impératif  de  cesser  d’agiter  la   carotte,  mais de retourner au  bâton tout  provisoire qu’il soit, c’ est de notre avenir qu’il s agit et surtout celui de nos enfants. On se permet tout au nom de cette sacro sainte liberté  qui est en passe d’être vidée de sa  substance comme nous citoyens tunisiens de notre humanité.

La  violence dans notre pays reprend   du  service   avec des  individus  venus   d’on ne sait  quelles  ténèbres  profondes , armés de sabres  et   de  gourdins   pour  terroriser   une  population   qui  n’a   nullement  l’intention  de  se laisser faire.  La  meilleure preuve vient de ce citoyen  qui  nous  fait  honneur  et qui  a  payé de  sa vie son aide à la police,  lors  du hold up  perpétré  dans une agence bancaire  dans le  gouvernorat  de  Mahdia , en les alertant et en mettant  son  véhicule  à  la  disposition des forces de l’ordre  pour   arriver au plus  vite  sur les lieux  du braquage; mais  une balle  l’attendait…il est   tombé en martyr accomplissant  son devoir de  citoyen. Que Dieu lui accorde sa grâce !

La  menace  pèse , sur  nos  institutions  ,nos  services  publics  , nos   cinémas, nos  théâtres   et sur nos  si  chers  artistes , que  l’on  veut  à  tout  prix  interdire  de  cité et   qui  continuent avec courage  à défendre  notre  identité  culturelle  en s’engageant  dans  le  combat  politique  pour essayer de  l’assainir en  transmettant grâce  à  leur  talent  des messages forts contre le fanatisme et l’obscurantisme .

on  veut  nous voler notre identité tuniso-tunisienne , nous imposer les pratiques d’un islam qui n’est pas le nôtre, et comme le dit si bien Mohamed  Talbi : « l’ islam n’est pas voile, il est culte. »

En introduisant  dans notre si beau  pays  une tradition obscure  qui n’est pas  la nôtre , des costumes  fantomatiques  venus d’un  ailleurs  lointain,  une  mode  et des pratiques courantes en Afghanistan et au Pakistan, on  porte une atteinte  grave à notre spécificité culturelle,  historique, et religieuse. Pour tous ceux qui se sentent séduits par ce nouveau modèle de vie qui nous est totalement étranger,  un conseil : la Tunisie n’est pas le bon choix.

Aujourd’hui, dans  les quartiers  populaires,  les  femmes qui ont choisi  de  ne pas  se voiler,  et  qui  refusent  de  suivre  cette  nouvelle  mode  du « noir c’est noir », rasent  les murs  dans  leurs quartiers pour éviter  les remarques désobligeantes et violentes  ainsi que  les  pressions constantes  mais elles résistent autant que faire se peut en attendant un avenir meilleur.

La  jeunesse qui est sortie dans  la rue pour briser  la  dictature  de  Ben  Ali, assiste  impuissante  à  la confiscation  manu  militari de sa révolution par un parti absent  depuis  des décennies  et qui revient  en  conquérant sans gloire  pour  prendre  sans scrupule aucun   possession  d’un pays  qui  a cru l’espace de quelques mois qu’il s’était enfin débarrassé pour toujours du pouvoir absolu et du dictat de la pensée unique. La religion n’est au fond  qu’un instrument facilitateur pour s’emparer de l’esprit  de ce que ce parti nomme les croyants, car  pour les autres citoyens les voies pour y arriver leur sont impénétrables.

Nul ne peut prévoir où va la Tunisie, mais ce qui est sûr c'est que le monde entier nous attend au tournant de notre destin. On a donc une obligation de résultats.

Latifa Moussa

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1 Commentaire
Les Commentaires
Bouiche T. - 04-11-2011 08:48

"Ou va-t-on ?" En enfer, si c'est ça que vous voulez avec vos balivernes !

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