L'année de la Tunisie, de l'âne et du fric
Au risque d’être qualifié - pour une fois - d’egocentriste , 2011 aura été l’année de la Tunisimania, de l’âne et de la crise du fric. Pourquoi?
La révolution Tunisienne du 14 /01 pour la dignité et la liberté a catalysé à travers le monde un mouvement global d’émancipation politique et de révolte contre la paupérisation et la bêtise .
La cadence tumultueuse de ce mouvement s’étire encore sans que certains pays ne parviennent à retrouver la stabilité susceptible de bâtir les socles de la démocratie politique et de économie sociale.
C’est comme si l’histoire s’amusait à faire écho à l’écrivaine Helé Béji qui confessait dans l’essai « Nous, décolonisés » que « Le monde que je laisse derrière moi est plein de secrets inaccessibles et celui vers lequel j’avance m’oppose des obstacles infranchissables « ( fin de citation ).
Au départ, rien ne prédestinait la Tunisie à assumer ce rôle de locomotive de la mutation planétaire, n’eut été le cumul de gaffes politiques et d’injustices sociales réprimées de manière disproportionnées.
Toujours est-il, que la fuite de l’ex- président déchu Zine ben Ali vers l’Arabie a mis en branle un mécanisme mettant un terme à 23 ans de pouvoir sécuritaire, de pensée quasi-unique et d’enrichissement illicite.
Et quand bien même, la Tunisie semble s’en sortir avec de nouvelles institutions chargées de préparer le terrain à l’emergence de la 2ème République, d’autres pays arabes contaminés par le virus de la liberté s’enlisent dans un cycle de la violence et la répression. Avec en filigrane des changements irréversibles. Sans doute.
Après 30 ans de règne, l’ex Rais égyptien Hosni Moubarak a été forcé de quitter en février 2011 le pouvoir pour la civière.
Des mouvements de protestation devaient éclater au Maroc, Algérie , Soudan, Oman et Jordanie contraignant leurs dirigeants à anticiper des réformes pour contenir la déferlante de la liberté issue de ce qu’on dénomme sous le vocable romancé du « printemps arabe».
En mars de la même année, le Bahrein et la Libye ont été sécoués par des manifestations. Alors que la famille régnante bahareinie ne doit sa survie- provisoire- qu’à l’intervention blindée de sa voisine de la famille Al Saoud, la révolte libyenne soutenue par des raids meurtriers de l’Otan était venue à bout du régime de Mouamar Khadafi.Sa fin tragique a été conclue en Octobre après quatre décennies de pouvoir « perver (s)t » .
Sentant l’odeur du sang sur les mains , le président yéménite Ali Salah s’apprête – après trois décennies – à abandonner le pouvoir en février 2012 livrant un pays martyrisé et au bord de la guerre civile. Et pour aller où ?
Par contre, son homologue syrien Bachar Assad s’y accroche , sans que la délégation de la ligue arabe ne parvienne à stopper l’effusion de sang que connaît le pays depuis neuf mois.
L’année de l’âne
Hasard ou coïncidence du calendrier ? La Tunisie, berceau du printemps arabe a franchi 2011 par une apologie théâtrale de la « révolte de l’homme à l’ane », tiré d’un récit d’Azzedine al Madani.
Il y a onze siècles, un Castillan de Tozeur répondant au nom de Yazid abou Kiddad connu sous le sobriquet « L’homme à l’âne « entreprit une épopée homéro tragique .Ayant pu mobiliser sous la bannière de l’Islam sunnite plus de 40.000 adeptes , il donna du fil à retordre à l’Emirat chiite de Mahdia, réussissant à soumettre la ville de Kairouan et à imposer le siège de Tunis qui n’était qu’un bourg à l’époque. Sa révolte avait pris fin par une répression sanglante.Et la petite histoire n’en a retenu qu’un sobriquet.
En cette année de grâce ( toujours 2011) ,l’ Arabie Saoudite a tremblé sous la finesse désarmante de sa « Femme à l’âne « . De quoi s’agit –il ?
Souvenez – vous de cette femme d’Arabie qui revendiquait son droit à conduire toute seule sa voiture – autant que tous les bipèdes sur terre. Elle en a été empêchée, bien qu’elle soit titulaire d’un permis international .Mieux, aucune loi écrite de son pays ne lui interdisait d’être derrière le volant. En dépit de leur subtilité, tous les subterfuges qu’elle a utilisés ont été avortés par les agents saoudiens de la circulation. Et pour mettre en dérision ce système de rejet inexplicable ( logiquement ), Mme Al Mudhai, (un pseudo, probablement ) n’a pas trouvé mieux que ce pied de nez :arpenter seule les artères de Ryadh , la capitale à dos d’âne, comme au temps de ses ancêtres bédouins. Rien ne fit, puisqu’aux dernières nouvelles, il lui était reproché d’entraver la circulation. Un véritable casse- tête, s’il en est en… cette an(e)-née !
Et du fric
La crise a débuté en mars lorsque les agences de notation financière ont revu à la baisse la note de la dette des États-Unis et de l’ Europe. Du mauvais usage de l’argent public. Une chaîne de protestation populaire se déballe en Grèce, Portugal, Italie et en Espagne. Conséquence: la chute des gouvernements de ces quatre pays et le déclenchement en septembre du mouvement « occupy wall street » à travers les villes américaines. Au passage, l’économie mondiale a pris un sérieux coup qui a profité aux pays du BRICAS ( Brésil, Russie , Inde , Chine et Afrique du sud ). Les opinions publiques ont été édifiées sur l’ampleur des dépassements et la corruption des structures financières. En Tunisie, une commission d’investigation a levé le voile sur le trésor caché de Zine and Co. Reste à récupérer d’autres butins placés dans les paradis fiscaux où le blanchiment est monnaie courante.
A côté d’autres événements mondains et animaliers, c’est ainsi qu’allait le monde en 2011 avec ses 7 milliards d’âmes et son lot de catastrophes (20.000 morts du tsunami au Japon), des changements climatiques aux quatre coins de la planète. Israël persiste et signe dans son rejet de la paix, des attentats réguliers en Irak, Afghanistan et au Pakistan où le chef d’al Qaida , Ben Laden a été liquidé en mai par un commando de marines Us.
Bref. Un monde qui ne serait pas le monde si les secrets étaient accessibles et les obstacles franchissables!
OH
Journaliste
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