Diplômés chômeurs : Comment revaloriser leurs connaissances et optimiser leurs chances
Le problème des diplômés au chômage est le talon d’Achille de notre économie. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 Janvier 2011, ont considéré ce problème comme étant une priorité absolue sans pour autant lui trouver la solution pour le long terme.
Pourquoi crée-t-on des diplômés chômeurs et comment y remédier ?
Le chômage des diplômés est essentiellement dû à deux facteurs. Le premier concerne l’inadéquation de la formation universitaire avec les besoins du marché de l’emploi. Le deuxième a trait aux critères appliqués dans l’admission aux divers cycles de formation académiques.
S’il importe de trouver des solutions au taux de chômage très élevés des diplômés, il est encore primordial de traiter l’origine de ce taux élevé et d'y remédier en amont. La réduction, voire la suppression, de ce fléau passe obligatoirement par la réévaluation de notre système académique. Pour cela, la considération des normes reconnues à l’échelle internationale doit être prise en compte. Parmi les normes reconnues, nous mentionnons :
• La définition de critères d’excellence dans la formation académique dés le plus jeune âge des candidats, surtout dans le domaine de la maîtrise des langues, de la culture générale et des sciences. S’inspirer de notre propre passé ainsi que des cas de réussite des systèmes éducatifs étrangers serait déjà un bon début.
• L’introduction progressive du concept d’admission sur concours spécifiques pour quelques spécialités universitaires, tout en gardant l’examen du baccalauréat. Cette approche éliminera la subjectivité de la moyenne du bac (artificiellement gonflée par les 25% de la moyenne annuelle) et la relativité du principe du score de l’orientation universitaire qui à la fin reste une formule purement mathématique sans relation aucune avec le profil « professionnel » de l’étudiant.
• Introduire le principe d’accréditation des institutions académiques supérieures tunisiennes, privées et étatiques, par des organismes locaux et internationaux. Cette accréditation introduira l’excellence et la rigueur dans la formation supérieure et donc une formation de niveau international.
•Mettre en place une cellule permanente composée d’experts du Ministère de l’emploi, du Ministère de l’enseignement supérieur ainsi que des organisations patronales chargée de définir les besoins nationaux quinquennaux des spécialités universitaires répondant aux besoins du marché. Cette approche réduira en amont le nombre des diplômés dont les spécialités sont « non désirées » par le marché.
Comment revaloriser les connaissances de ces diplômés chômeurs?
Pour calmer provisoirement les esprits des diplômés chômeurs, le gouvernement tunisien a créé un fonds d’allocation chômage d’une valeur de 500 Millions de dinars. Via ce fond, le diplômé chômeur touche 200 DT par mois. Les perspectives de son employabilité sur le marché restent cependant peu prometteuses. Ce projet d’allocation chômage ne fait que reporter la résolution du problème de ces diplômés alors qu’il s’agit de trouver des solutions urgentes pour des problèmes d’employabilité.
Pour remédier à cette situation très délicate, il serait plus utile de penser à :
• Recycler ces diplômés en les formant dans des domaines économiques utiles pour notre pays, tels que les technologies de gestion de l’eau (gouttes à gouttes, forage des puits, etc..), la biotechnologie agricole, la pêche en eau profonde, la production de l’énergie propre utilisant la biomasse, la valorisation de nos richesses forestières et bien d’autres métiers.
• Intégrer une partie de ces diplômés recyclés dans les sociétés existantes sur le marché de l’emploi leurs permettant d’accroitre leur taux d’encadrement.
• Accorder à ces diplômés recyclés des crédits bancaires garantis par l’Etat pour qu’ils montent leurs propres projets tout en leur offrant une assistance et un accompagnement fournis par des cadres contractuels expérimentés.
Quels métiers adaptés au marché pour ces diplômés recyclés ?
Les métiers visés par ce programme de recyclage proposé sont :
• Techniciens ou bureaux d’engineering dans les technologies d’arrosage par goutte à goutte.
• Techniciens de forage des puits et installateurs des équipements associés.
• Techniciens dans le domaine de la pêche utilisant des techniques modernes.
• Centres de formation en langues étrangères exclusivement réservés aux enfants. Les élèves du primaire assimilent les langues étrangères rapidement et les résultats sont perceptibles à court terme. Ces centres seront installés dans les écoles primaires à travers le territoire Tunisien et les ambassades des pays amis peuvent contribuer à les développer.
• Sociétés privées pour la valorisation des richesses forestières dans les régions du Nord, du Centre, et du Centre Ouest. Ces types d’activités contribuent au bien-être de la population lorsqu’elles sont exploitées d’une façon rationnelle. Nous pouvons citer la distillation des huiles essentielles des plantes sauvages, la valorisation du bois, la cueillette et le conditionnement des champignons et des herbes sauvages, les unités de fabrication et de conditionnement des dérivés de cactus, etc.…
• Sociétés privées pour l’aménagement et l’entretien des zones vertes. Proposition pour la création des sociétés privées chargées de l’entretien des espaces verts publics. Ces sociétés écologiques remédieront au phénomène presque généralisé des zones vertes aménagées puis abandonnées par les municipalités.
• Bureaux d’Engineering et/ou installateurs dans les domaines de l’électricité, des énergies renouvelables, de l’électronique, de la mécanique, de l’informatique, etc...
Il est à noter que la plupart des spécialités citées sont liées aux domaines stratégiques de la Tunisie dont principalement l’agriculture, l’eau, la pêche, l’environnement et les langues étrangères.
Afin de garantir le succès de ce programme, l’Etat invitera les sociétés privées ainsi que les institutions étatiques dont les activités sont étroitement liées aux divers domaines de formation de ce projet, à être partenaires solidaires, sans engager des frais, en intégrant ces chômeurs diplômés pour la durée de leurs stages de recyclage.
Comment financer ce programme ?
Coté financement, la proposition consiste à ce que l’Etat tunisien œuvre pour allouer, tous les deux ans, un fonds de 150 Millions de dinars destiné à financer les deux aspects de ce programme à savoir :
• Recycler, en deux ans, 20 000 diplômés pour les intégrer dans des sociétés déjà existantes sur le marché de l’emploi. Pour encourager les employeurs à recruter ces diplômés ayant suivi ce programme, l’Etat prendra en charge leurs couvertures sociales pour les 3 premières années. Ces 20 000 diplômés recyclés amélioreront le faible taux d’encadrement, et par conséquent leur productivité, des entreprises privées et étatiques.
• Créer 2000 petites sociétés pour un total de 10 000 postes d’emploi directes des diplômés chômeurs (5 diplômés pour chaque société).
La mise en place de ce programme permettra d’absorber un nombre appréciable des ces diplômés chômeurs qui, à moyen terme, seront eux mêmes créateurs d’emplois.
Le fonds de financement servira en outre à :
• Subventionner la formation ou le recyclage technique des diplômés chômeurs dans des sociétés privées et des institutions étatiques ayants accepté d’encadrer ces diplômés. Durant une période de 6 mois de stage de recyclage, ces diplômés bénéficieront d’une subvention de l’Etat de 350 Dinars par mois ainsi que d’une couverture sociale.
• Une partie de ces diplômés convertis sera intégrée dans les sociétés existantes sur le marché.
• Pour le deuxième groupe de ces diplômés recyclés, ce fonds financera via un prêt bancaire, garanti par l’Etat et sans apport en fonds propre, le démarrage de leurs bureaux ou PME. Ce prêt sera plafonné à 50 Mille Dinars par PME toutes charges incluses. Il servira en outre à financer les achats des équipements techniques nécessaires pour ces sociétés dans les diverses activités mentionnées. Le fonds de roulement ainsi que les frais fixes, dont le loyer et autres charges, seront aussi couverts pendant les 6 premiers mois par ce prêt.
• Financer les honoraires forfaitaires d’un gestionnaire expérimenté (conseiller en gestion, expert-comptable, etc.…) chargé d’encadrer, ponctuellement, ces PME sur le plan fiscal et managérial durant les 12 premiers mois d’activités. Chaque responsable encadreur sera chargé de superviser 5 de ces jeunes sociétés et sera Cosignataire des engagements par signature de la nouvelle PME. Ce responsable touchera des honoraires mensuels forfaitaires pour les 5 sociétés dont il est le superviseur.
Sur un autre plan, et afin d’encourager ces jeunes de s’installer pour leur propre compte, les consultations et les appels d’offres étatiques dans les domaines d’activités sus mentionnés, et dont l’enveloppe de financement sera plafonnée par décret, seront exclusivement réservés aux sociétés crées par ces diplômés. Cet avantage de participation exclusive est accordé à ces PME durant les 24 premiers mois d’activités.
A la fin de ce cycle de formation adapté au marché, les ressources humaines du pays se retrouveront valorisées par des techniciens dans divers domaines économiques ayant subi :
• Un stage de formation et de recyclage de 6 mois.
• Un accompagnement dans la vie active durant 12 autres mois et
• Une participation prioritaire dans les projets de l’Etat durant 24 mois.
Cette formule garantira à un grand nombre de jeunes la formation pratique leur permettant de faire face aux exigences de la vie active et de devenir, à leur tour, des promoteurs créateurs d’emplois.
Nacef Belkhiria
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