News - 20.09.2012

Caïd Essebsi: hors de la légitimité consensuelle, point de salut après le 23 octobre

Il y avait la grande foule à la conférence de presse du président de Nida Tounès, tenu dans un palace des Berges du Lac. Béji Caïd Essebsi s’ y est montré souvent offensif, parfois mordant, en s’exprimant sur les deux faits les plus marquants de l’actualité, en l’occurrence l’attaque de l’ambassade américaine et la controverse sur le calendrier politique de l’après 23 octobre 2012.

« Les salafistes qui ont attaqué, pillé et incendié l’ambassade américaine ne s’en prenaient pas à l’Amérique mais bel et bien à l’Etat tunisien dont ils ne reconnaissent ni l’autorité ni les symboles », a-t-il soutenu, citant à l’appui de son propos le prêche enflammé du chef de file de la mouvance jihadiste qui, trois jours après le drame, s’est livré à une attaque en règle contre l’Etat sans évoquer une seule fois ni les Américains ni le film blasphématoire censé avoir provoqué le déchaînement de passions. « Ce sont nos enfants qui ne nous viennent pas d’une autre galaxie », a ajouté BCE, raillant les fréquentes déclarations faites dans ce sens par des dirigeants islamistes. « Il ne s'agit pas d'un phénomène de génération spontanée, mais le produit d’une politique délibérée destinée à transformer en profondeur le modèle de société tunisien adossé à des siècles de tolérance, de coexistence pacifique et d’attachement aux impératifs du vivre ensemble. Il se trouve aussi qu’ils sont les cousins, du moins proches idéologiquement de ceux qui ont si longtemps fermé les yeux sur leurs abus et qui leur ont laissé le temps de devenir incontrôlables, à la manière du tigre qui, devenu adulte et suffisamment aguerri, se retourne contre son maître », a encore déclaré M. Béji Caïd Essebsi.

Les critiques de l’ancien Premier Ministre n’ont pas épargné la propension à titiller la fibre sensible des foules et à enflammer les passions par des discours populistes dommageables à la communion d’idées et de convictions des Tunisiens, brocardant au passage la manifestation « Ikbiss » (Serre la vis) organisée prétendument pour faire pression sur le gouvernement par ses propres partisans mais qui, en fait, railla-t-il, « firent la part belle à Nida Tounès nommément en arborant une trentaine de banderoles appelant à la mort  Caïd Essebsi».

Insistant de nouveau sur la gravité de ce qui s’est passé autour et dans l’enceinte de l’ambassade américaine, M. Caïd Essebsi est catégorique : « La stratégie sécuritaire est un échec patent et le gouvernement en porte la pleine responsabilité ».

M. Béji Caïd Essebsi a eu ensuite à s’exprimer longuement sur la polémique qui agite depuis plusieurs semaines la classe politique sur la question polémique de savoir si l’Assemblée nationale constituante et les institutions qui en sont l’émanation continueront d’avoir ou non une légitimité à l’échéance du délai d’un an fixé par le décret portant convocation du corps électoral pour le scrutin du 23 octobre 2011. Pour lui, tout indique que « le gouvernement en place n’entend pas respecter ni la date-butoir juridique du 23 octobre ni l’engagement politique et moral d’achever la rédaction de la Constitution dans un délai d’un an ». Faisant le constat que le processus de transition démocratique est à l’arrêt, il a provoqué l’hilarité de la salle en affirmant « le plus grand gouvernement dans l’histoire de la Tunisie est en fait le plus grand du monde entier… par le nombre de ses ministres ».

La Troïka, c'est fini

Après avoir estimé que « le gouvernement a échoué et la Troïka est finie », M. Caïd Essebsi ne voit d’autre alternative pour s’en sortir le 24 octobre que de rechercher la légitimité consensuelle la plus large possible autour d’un calendrier précis établi à l’avance. Il a ajouté que Nida Tounès était prête à y contribuer avec les autres partis, mais sans pour autant faire partie d'un éventuel cabinet. Néanmoins, il faudra faire en sorte que les ministères régaliens (défense, affaires étrangères, justice et intérieur) soient confiés à des personnalité n'ayant aucune attache avec un parti). Il a fait part de son scepticisme quant à la tenue des élections à la date initialement prévue compte tenu du retard enregistré dans la rédaction de la constitution et le  code électoral et la création de l'ISIE alors qu'on aurait dû reconduire celle qui a supervisé avec succès la précédente consultation. Il s'est dit favorable à une collaboration avec tous les partis y compris Ennahdha «qui a sa place sur l'échiquier politique tunisien». il s'est enfin prononcé contre l'exclusion systématique des destouriens et autres Rcdistes de l'action politique, étant entendu que ceux qui sont soupçonnés d'avoir commis des actes délictueux devront être traduits en justice et sanctionnés au cas où les faits qui leur sont reprochés sont avérés.

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8 Commentaires
Les Commentaires
Atlal El-Mahdiyya - 20-09-2012 23:40

L'analyse de la situation par si Beji est correcte et c'est au peuple de trancher durant les élections pour finir avec un gouvernement affaibli par le manque de légitimité. La sécurité est l'assurance sont les garanties de survie de l'Etat, malheureusement les deux sont sont actuellement absents. Il faudrait frapper fort les coupables. Ce que les salafistes font actuellement ce sont des crimes contre les citoyens, contre l'Etat, et contre toutes les structures du pays. Si ce refus et rejet du système n'est pas canalisé dans le système démocratique, il faudrait bien le combattre par la force et par la loi en mettant tout le moyens disponibles. Je ne pense pas que ce gouvernement est capable de le faire.

Rachid BARNAT - 21-09-2012 07:32

Enfin, un homme politique responsable dit son fait à un parti qui détruit la Tunisie moderne et dont l'unique programme est de transformer la société tunisienne en profondeur pour en faire une société saoudienne de seconde zone; sous le fallacieux prétexte de faire "recouvrir" aux tunisiens leur identité arabo musulmane qu'ils auraient perdue selon Ghannouchi, mais qui n'a d'arabe que l'identité saoudienne et de musulmane, qu'un wahhabisme obscurantiste en lieu et place de leur ancestral malékisme !

Rachid BARNAT - 21-09-2012 08:23

Fini la comédie que nous font Ghannouchi et ses hommes à propos des RCD-istes, martelle BCS ! Dénonçant ainsi l’hypocrisie des nahdhaouis qui les diabolisent lorsqu’ils rejoignent d’autres formations politiques que la leur, mais qu’ils absolvent quand ils veulent bien rejoindre la leur ! BCS redit clairement « bienvenue » aux bourguibistes, aux destouriens … et aux RCD-istes dont le cas ne reléve pas de la justice ; car ce sont ces hommes n’en déplaise à Ghannouchi, qui ont construit la Tunisie moderne ! Donc trève d’hypocrisie messieurs d’Ennahdha, sous entend-il !!

bounab - 21-09-2012 10:15

Le 23 Octobre est un jour sans.l'échec va être cuisant pour tous les partis.Aucun pays dans le Monde occidental démocrate n'a pu débouchée sur une démocratie sans passer par une guerre civile alors que leurs populations étaient déjà des peuple matures.alors que le peuple Tunisien est un peuple à tous les niveaux immature.La Tunisie il faut que le peuple soit nettoyé.Dans toutes les couches sociales, il y a de mauvaises herbes qui empêchent la marche du pays dans la démocratie;faute de quoi restera voir reculé de ce qu'il actuellement.Si un homme d'envergure d'abord et en premier lieu honnête avec lui même tape du poing sur la table, toutes les couches de la société le suivront pour le rétablissement du pays qui se dirige tout droit dans le mur.

khadija - 21-09-2012 10:17

En réponse à M.Baccouche, nous n'avons pas peur de vous, mais FOUTEZ-NOUS LA PAIX et laissez le g. élu par les tunisiens travailler. Vous êtes restés silencieux vous et Caïd Essesbi pendant un demi siècle, alors, il vaut mieux se taire pour le reste de vos vies. RQUE: je n'appartient à aucune partie politique, je suis une citoyenne qui vit au banlieu de tunis et non pas à Elmanazeh ou à La Marsa,et j'en ai marre de vos discours qui manquent de sincérité et de vos visions superficielles et étranges pour la majorité des tunisiens. Je pense pas que vous pourriez jamais comprendre ce qui signifie le mots "chômage", "misère" , "mérite"... Alors pour une autre fois :FOUTEZ-NOUS LA PAIX !

mahmoud Bédoui - 21-09-2012 10:50

ARTICLE TROP MOYEN mais qui insiste sur les questions clés soulevées par BCE. Il manque surtout de la chaleur pour décrire l'ambiance de la conférence et parler des invités et des journalistes. Il est aussi regrettable de constater qu'aucun journal n'a mis tout le discours prononcé sur ses pages pour mieux informer les lecteurs

HBD - 21-09-2012 14:04

Malheureusement la Tunisie est devenue un champ fertile pour tous les arrivistes de tout coin. Beji, est devenu maintenant patriote ! C'est lui le sauveur de la Tunisie, mais qu'elle connerie! Vraiment on a marre, des partis arrivistes de tout genre sauf que patriotisme, "Mejliss Tecissi" incompétent, gouvernement incompétent, des partis incompétents, résultat un peuple qui souffre est une Tunisie malade. Vraiment c'est très malheureux pour nous tous. Les arrivistes incompétents veulent toujours profiter des situations, et se bousculent pour gouverner . Je pense que ni Nahdha, ni les autres actual partis peuvent faire quelques choses de bien pour la Tunisie et le peuples tunisiens. Franchement je vous déteste tous, aller tous au diable. Un tunisien patriote qui vit a l'étranger, très bien place, Docteur Ingénieur, deplome des grandes écoles américaines, avec MBA ... ,

mahmoudi - 23-09-2012 08:33

pour KADHIJA ;dont le commentaire ci dessus ;calme toi ;tu n es pas la seule a au chomage ;et meme dans le monde ;je ne connais pas ton niveau et en plus le travail quelquil soit est un travail et n attend pas d un parti qu il te ramene le pain ala bouche ;bouge et ut vas trouver ; les tunisiens sont connus sont la plupart des feniants et paresseux ; passe des concoursetc ;compte sur toi en priorite et surtout pas sur la troika qui depuis qu elle est la ; le chomage oui ;mais surtout l insecurite ; le vol ;lavie chere ;alhamajia ;et les manif sans raison;la tunisie doit s envouloir qu aux tunisiens eux memes qui se detestent et maintenant se dechirent a cause d ennahda et ses allies les salafistes qui font surgir des problemes religieux pour empoisonner le peuple au lieu de lui chercher la paix ; la justice ; le travail pour tous et non pour certains et la vie traquille et sortir de la misere.....LE GOUVERNEMENT ACTUEL N A RIEN FAIT .DESOLE LAVIE ET LA SECURITE EN TUNISIE TOUT LE MONDE SE PLAINT.....C EST CA LA REVOLUTION ?

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