Dans le hall bondé de l’hôtel Syphax où se tenait jeudi 20 novembre 2008 le Forum d’Investissement de Sfax, un jeune homme fend la foule et fonce sur le patron de Poulina. « Si Abdelwaheb, Si Abdelwaheb, accepteriez-vous qu’on me prenne en photo avec vous », lui demanda-t-l avec enthousiasme et courtoisie. Acquiesçant humblement à son vœu, M. Ben Ayed le questionna doucement : « Ould Echkoun Inti ? Et que faites-vous ? ». La réponse a fusé : Hichem Ayadi, technicien supérieur, Bac+3 et je monte un petit projet de fabrication d’une machine très utile pour les pièces mécaniques. » Le débat s’engage.
Hichem a de l’ambition. Avec le soutien du Centre d’Affaires de Sfax (
www.c-affairesdesfax.com.tn), il a bien identifié son projet, analysé la concurrence locale, européenne et surtout chinoise, et refait tous ses calculs. « Oui, Si Abdelwaheb, je serai compétitif. Très compétitif et le marché est porteur, dit-il calmement sur un ton bien affirmatif, e regard brillant.» Au grand bonheur du fondateur de Poulina qui n’a pas manqué de lui souhaiter bonne chance et de l’assurer de ses encouragements et de son soutien personnels. Un jeune promoteur est né. Attendons la success story qui ne saurait tarder.
Quand l’ambition épouse la compétence
Ce jour-là, ils étaient un demi-millier de jeunes venus, comme Hichem, de toute la région et des zones voisines, en quête d'idées, partenaires et financements. Pour la plupart d’entre-eux, ce n’est pas une simple aventure, mais une grande soutenance, longuement mûrie et préparée au sein du Centre. Les dossiers sont bouclés, l’argumentaire est rôdé, il s’agit de conclure. La présence du Gouverneur de la Banque Centrale à la tête d’une forte délégation de près d’une douzaine de PDG de banques et autant de chefs de grands groupes, souligne toute l’ampleur du Forum et toute la sollicitude de l'Etat pour les jeunes promoteurs.
Pour Ikram Makni, Directrice Générale du Centre, aussi, c’est un moment historique. Depuis deux ans et demi, cette marraine de la création d’entreprises ne cesse de redoubler d’efforts pour mettre sur pied le centre (juillet 2005), susciter les vocations, préparer de nouvelles générations d’entrepreneurs et leur fournir tout le coaching requis. Ingénieure formée aux Etats-Unis, elle avait fourbi ses armes à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sfax, fin des années 1980, pour la sortir de sa torpeur et lui imprimer l’élan que nous lui connaissons aujourd’hui (Médibat, Forums, partenariats, etc.). Première à introduire l’Internet dans le Sud tunisien, Ikram a toujours été pionnière dans le déploiement des nouvelles technologies et modes de management. Avec une équipe très réduite et peu de moyens, mais un grand soutien moral du Ministère de l’Industrie, des PME et de l’Energie, elle fonce droit vers la performance.
Pour ce Forum, elle présente 73 projets bien ficelés, totalisant 100 millions de dinars d’investissements et devant créer 1600 emplois permanents. Ces poulains sont si bien préparés et motivés qu’on ne sait plus qui séduit qui : les banquiers ou les promoteurs. Voici des dossiers bancables, à la rentabilité confirmée et des entrepreneurs compétents et enthousiastes.
Un face-à-face gagnant-gagnant
Approches, contacts, présentations, discussions, négociations et rendez-vous pris : l’amorce est effective. D’autant que des investisseurs étrangers ont fait le déplacement jusqu’à Sfax. Les saoudiens en costume traditionnel d’apparat, Koweitiens, Omanais, Indonésiens, Italiens, Français et autres, suscitent davantage l’intérêt. Mais aussi les patrons de banques, Kamel Naji (UIB), Férid Ben Tanfous (ATB), Hassan Bartal (Attijari), Brahim El Hajji (BH), Khalil Ben Ammar (BFPME) et d’autres sont très sollicités. Comme Chokri Ayachi (PDG de l’APIA), ou Adel Boussarsar et les grosses pointures de l’industrie.
Séance plénière, discours du Gouverneur de la Banque Centrale, travaux en commissions, ateliers thématiques dont un excellent consacré à la Franchise Nationale, et surtout ces contacts directs : le Forum de Sfax aura été un exercice réussi. Le Road-Show se poursuit dans toutes les régions.
Hichem Ayadi qui a tenu à se faire prendre en photo avec M. Abdelwaheb Ben Ayed, a certainement voulu donner à son ambition une image concrète : « Moi aussi, je veux devenir Poulina ». Mieux, lui souhaitera sans doute le fondateur du groupe qui lui a glissé à l’oreille : « pour tous ceux qui en veulent, la plage est large, la mer est immense, vous n’avez qu’à choisir où vous vous voulez vous baigner. Plongez à la pêche aux trésors, et remontez pour en profiter … replonger et remonter. »