Des investisseurs étrangers s'intéressent aux Ciments de Bizerte
Bien que l’augmentation de capital de la société des Ciments de Bizerte soit réservée uniquement aux Tunisiens, elle suscite l’intérêt d’investisseurs étrangers. C’est ce qu’a révélé M. Iadh Slim, directeur général de BNA Capitaux en bourse, introducteur de l’action, à l’occasion de la réunion de présentation de l’opération, tenue lundi à Tunis. Devant les intermédiaires en bourse, analystes financiers et représentants d’institutionnels privés et gestionnaires de Sicav et FCP, il a déclaré que des investisseurs dans le secteur du ciment de par le monde ont manifesté l’intention d’acquérir des actions, après l’admission en bourse, ce qui constitue un signal fort.
En introduction, le président de l’AIB, M. Adel Grar n’a pas manqué de rappeler que les Ciments de Bizerte inaugurent l’introduction en bourse de ce secteur et offrent à la ville de Bizerte la première entreprise cotée sur le premier marché.
Quadrupler les bénéfices
La présentation faite sous l’égide de l’AIB a permis au PDG des Ciments de Bizerte, M. Amor Nssairi d’expliciter la portée de cette augmentation de capital destinée essentiellement à moderniser les équipements, réduire la facture énergétique, comprimer les émanations et, partant, réduire les charges pour tripler, voire quadrupler, les bénéfices. « A la réalisation de son plan d’action, à l’horizon 2013, a-t-il souligné, la SCB sera la plus avantagée et la mieux placée de toutes les cimenteries de Tunisie.
A son actif figurent notamment la disponibilité des réserves pour encore 60 à 80 ans, son site exceptionnel sur le port de Bizerte, avec un quai propre d’une capacité de 1 million de tonnes recevant des bateaux pouvant charger 30 000 T, un personnel expérimenté et efficace qui se dédie depuis des générations au feu de l’action et un outil des plus performants. »
Une décote de 15% et une position avantageuse
Interrogé par Férid Ben Brahim sur les méthodes utilisées, le Cabinet Ahmed Mansour qui avait procédé à l’évaluation de l’entreprise a, pour sa part indiqué qu’en appliquant les divers ratios utilisés dans le secteur du ciment et les pratiques en matière de privatisation, le prix de 11D500 par action retenu pour la SCB tient compte d’une décote de 15%. Cette décote s’explique par le recours à une dilution de l’augmentation sur le marché par rapport à une vente en bloc.
D’après son analyse, dès 2012, l’action de la SCB sera parmi « les plus rentables ». Il cite en arguments supplémentaires, la relance de la demande internationale, la hausse des prix à l’export et la croissance de la rentabilité. L’export constitue en effet une bonne source de revenu pour l’entreprise. Pas plus tard que la semaine dernière, des importateurs moyen orientaux étaient en prospection à Tunis, croit savoir Leaders, sachant que dans certains pays comme l’Egypte, le lancement du nouveau programme d’habitat a accru la demande de plus de 40% suscitant une forte pénurie de ciment.
Gérer l’abondance plutôt que la pénurie
Evidemment, lever plus de 100 MD sur le marché tunisien, en si peu de temps (été+ ramadhan) pour financer le redéploiement de l’usine n’est pas chose aisée, d’autant plus que l’entreprise bénéficie d’une bonne trésorerie. « Pourquoi collecter tout de suite cette somme, alors qu’il s’agit d’une mise à niveau qui, en plus se réalisera en trois ans au moins et n’apportera ses fruits qu’en 2013, demande un analyste financier ? N’avez-vous pas songé à étaler dans le temps le recours au marché financier, ou à privilégier un emprunt obligataire ? »
Très bonne question pour M. Amor Nssairi qui en profite pour préciser que si l’intitulé générique utilisé est celui de mise à niveau, le plan d’action de la cimenterie de Bizerte, constitue en fait un exercice beaucoup plus technologique que financier, marqué par une stratégie certes prudente, mais novatrice.
« C’est du béton ! »
Les investissements sont faits à 50% en fonds propres et le reste en crédits. Les différents chantiers sont d’ores et déjà lancés ce qui garantira la réalisation des objectifs dans un secteur où, vitalement, il faut constamment aligner des prix compétitifs. A titre d’exemple, le PDG citera le cas de la facture énergétique qui s’élève actuellement à 26 MD de consommation de fuel. La conversion en coke de pétrole dégagera une économie de 50%.
Aussi, pas moins de 24 MD sont consentis aux investissements écologiques pour réduire les émanations et la poussière, déjà en conformité avec la réglementation tunisienne, aux normes internationales les plus exigeantes. Quant à la trésorerie, il ne manque pas de relever que « mieux vaut gérer son abondance que sa pénurie. »
A 10 jours de l’ouverture des souscriptions (10-30 septembre 2009), l’offre à prix ferme de la SCB démarre ainsi sous de bons augures. Le slogan choisi est séduisant : « C’est du béton ! »
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