Fraude fiscale: Comment la réduire ?
Combien coûte la fraude fiscale aux finances publiques en Tunisie? Son ampleur s’est-elle accrue depuis la révolution et comment l’atténuer ? S’il est difficile d’évaluer avec précision les montants soustraits, d’une manière ou d’une autre, aux redevances fiscales, l’état des lieux dressé par l’administration fiscale est édifiant. Pas moins de 60 bureaux ont été incendiés lors du déclenchement de la révolution. Par qui? «Par ceux qui, sans doute, voulaient faire disparaître leurs propres dossiers et des fichiers probants», affirment plus d’un.
Les 3 500 agents affectés au traitement de 644 248 dossiers de redevables, dont
39 497 (61.3%) relèvent du régime forfaitaire, ont réalisé à travers les opérations de vérification et de contrôle approfondi un rendement de 991,760 MD en 2012. Un montant qui renoue avec la croissance, après la chute enregistrée l’année d’avant. C’est ainsi que de 854.510 MD en 2010, l’année 2011 n’a produit que 664.650 MD. Voyage au cœur du système.
On ne franchit pas sans appréhension le seuil du 93, avenue Hédi-Chaker, à Tunis, siège de la Direction générale des impôts. Tout contribuable, personne physique ou morale, a toujours le sentiment d’y subir l’inquisition des enquêteurs qui finiront par trouver une faille dans ses déclarations les plus sincères, tant la fiscalité est complexe et compliquée. Ce sentiment se trouve nourri pendant de longues années par le harcèlement politique et celui des clans, jadis exercé avant la révolution. Le contrôle approfondi avait été souvent utilisé comme un moyen de pression très fort contre les militants politiques et les concurrents économiques. Que de dossiers étaient ficelés d’avance pour accabler les adversaires ! Tout cela doit relever du passé. C’est ce qu’on nous affirme, du moins.
Rendement des services du contrôle fiscal
Nature des interventions | 2010 | 2011 | 2012 |
Decouvertes | 1,43 | 1,80 | 1,06 |
Non respect des obligations fiscales | 390,96 | 243,40 | 413,45 |
Défaut de déclaration | 2,48 | 0,75 | 1,16 |
Vérifications acquiescements | 88,36 | 143,80 | 75,92 |
Contrôles approfondues | 146,73 | 149,15 | 272,47 |
Total arrangements | 629,96 | 538,91 | 764,06 |
Total général (arrangement, jugements et non oppositions) | 854,51 | 664,65 | 991,76 |
Au cinquième étage, le directeur général des impôts, Riadh Karoui, promu à ce poste en juillet 2011, fort de 25 ans d’expérience, ploie sous le poids des dossiers à traiter. Ce fiscaliste diplômé de Paris-Dauphine avait fait ses premières armes en tant que vérificateur au sein de la Mission mobile de vérification, le corps d’élite de la maison qui a attribution sur l’ensemble du territoire, avant de gagner en grades et fonctions jusqu’à assurer la charge de directeur régional à Bizerte, puis à Tunis. Un parcours qui l’a plongé au cœur du dispositif.
Lourdes charges et moyens réduits
Sous ses ordres, les 3 500 agents se répartissent entre l’Administration centrale (200), la Mission mobile (138), la Direction des grandes entreprises (54), les 27 centres régionaux, 151 bureaux locaux et 3 bureaux de garanties (Or). Les moyens mis à disposition sont bien modestes : 1 voiture pour 16 agents et 1 ordinateur désormais pour 3 agents, alors qu’il était pour 7 agents, il y a un an seulement. Quant au volume du travail, il est immense, tant par le nombre de dossiers de redevables (644 248), que de déclarations annuelles (plus de
2 millions) et d’attestations à délivrer (plus de 366 000). Rien que cette dernière tâche est absorbante. C’est ainsi que si 48% des effectifs sont affectés aux vérifications et contrôles, les 52% autres remplissent des tâches administratives, notamment celles de ces attestations, en fait pas toutes indispensables.
Un autre indicateur de déséquilibre flagrant mérite d’être relevé. Les crédits de rémunération s’élèvent en 2012 à
69.7MD, alors que ceux de fonctionnement ne sont que de 6.2 MD, et que les crédits d’investissement sont fixés à 3.0 MD. La norme internationale en la matière consiste à équilibrer à 50-50 les frais de rémunération et ceux de fonctionnement et d’investissement, surtout avec la nécessité de développer de nouvelles applications informatiques, de renforcer la bureautique, les moyens de transport et les différents outils d’investigation.
Détecter les discordances
La découverte de l’état des lieux est intéressante pour comprendre le fonctionnement de l’administration fiscale. Derrière leurs écrans, les vérificateurs suivent attentivement les dossiers de redevables dont ils ont la charge. Première opération : vérifier si les déclarations sont déposées dans les délais impartis. Le taux, en fait, pour les déclarations annuelles est très faible, ne dépassant pas les 40%. Après de multiples relances, il se hissera à 57% mais demeurera encore en decà des normes. Commence alors la chasse aux discordances, en vérifications préliminaires puis, si nécessaire, en contrôle approfondi.
Le nombre des vérifications préliminaires qui était de 23 000 en 2008 a connu une chute vertigineuse compréhensible en 2011 en se limitant à 2 200 seulement. Une reprise a été enregistrée avec 4 500 vérifications.
Il en a été de même pour ce qui est des contrôles approfondis qui ont baissé de 2 800 en 2008 à 1 264 en 2011 et n’ont repris qu’à 986 en 2012. Bien que ralentie, la traque de la fuite fiscale n’a pas cessé. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que le déclenchement des contrôles reste réservé au chef de bureau et n’appartient pas aux agents. Ceux-ci signalent à leur hiérarchie les cas qu’ils jugent nécessaires de vérifier, mais la décision finale revient au chef de bureau.
Fraude classique, poussée et internationale
Il y a d’abord ce qu’on peut considérer comme fraude classique, les incohérences apparentes par rapport aux précédentes déclarations : la différence peut trouver son explication dans une conjoncture particulière comme elle peut aussi se révéler frauduleuse.
D’autres pratiques plus poussées éveillent l’attention. Parmi les critères de mise en vérification figurent en effet la retenue à la source, l’enregistrement des actes (contrats, ventes et achats, prise de participations, acquisitions de biens, etc.), les marges qui sont considérées faibles par rapport au type d’activité et/ou à l’exercice, les résultats négatifs prolongés, les crédits de TVA non justifiés ou non appropriés à l’activité, etc., le tout avec les recoupements grâce aux différents moyens dont dispose l’administration.
Qu’en est-il de l’évasion fiscale, surtout vers l’étranger ? Sa détection est plus difficile. L’information fiable n’est pas toujours disponible et la technicité de fraude est beaucoup plus grande. On joue souvent sur la notion de résidence, les prix des transferts avec gonflement des charges et d’autres subterfuges. Dans ce domaine, la coopération internationale, surtout avec l’OCDE, est très utile. Quant à la question de l’arbitrage, consignée dans la plupart des accords d’investissement en Tunisie, elle ne manque pas de poser problème tant ses frais sont onéreux et difficiles à prendre en charge.
Des impératifs de plus en plus urgents
Pour revenir à l’estimation du coût de la fraude, certaines méthodes consistent à analyser des agrégats du PIB pour essayer de la cerner, mais de manière très approximative, surtout avec le nombre très élevé des exonérations fiscales consenties. Ce qui serait urgent d’entreprendre, c’est précisément d’auditer ces exonérations pour évaluer, au titre des dépenses fiscales, la pertinence de tous les régimes dérogatoires. Mais il n’y a pas que cet audit qui est indispensable dans les plus brefs délais. La multiplication des intervenants dans le processus fiscal, l’accélération du recouvrement, le renforcement des moyens, le perfectionnement des agents, le développement de nouvelles applications informatiques et toute une nouvelle philosophie, qui sous-tendra une stratégie innovante constituent autant d’impératifs.
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Après avoir lu ce texte qui exige d'êtr relu plus d'une fois pour qu'il livre au lecteur profane comme moi l'essentiel de son cotenu, j'ai eu la conviction que' dans le domaine de la fiscalité, le savoir et le savoir-faire, pour s'exercer et se faire efficaces,nécessitent des services d'une intendance efficace. Des troupes nombreuses mais sans armes up to date sont encombrantes et partant inutiles .La fiscalité est à la fois un art, une science, une technique et des valeurs.Il faut veiller à ce que les services du fisc soient dûment formés, dûment équipés et dûment rémunérés pour qu'ils soient en mesure d'exercer leurs fonctions dans les meilleures conditions. Il me paraît en outre urgent de concilier le citoyen avec le fisc: payer ses impôts, cest agir en citoyen.Certains fraudent et se font bonne conscience par le recours au zakat ou à des oeuvres dites caritatives.Payer ses impôts c'est ccomplir ses devoirs envers les hommes, c'est-à-dire envers Dieu. Il est regrttable de voir l'Etat encourager les citoyens à se faire propres par certains actes "pieux". Seul l'Etat a le devoir de venir en aide aux démunis. les meilleurs auxiliaires de la fraudes fiscale résident dans les associations caritatves qui ne cessent de prolifére depuis quelque temps en Tunisie.Sont-elles dûment contrôlées? Elles offrent des alibis à ceux qui en ont besoin.Oui pour ces Associations si l'Etat se trouve en mesure de les contrôler. Quoi qu'il en soit, de même que la Nation pour se defendre se doit de disposer d'une armée dûment formée et dûment équipée, de même elle se doit de se doter d'un appareil fiscal capable de la protéger la Nation contre la fraude.Le fonds des choses est à la fois une éducation et une culture.
Il n'y a aucun doute est d'asseoir immédiatement des règles d'intégrité ,un code déontologique et des normes transparentes audela de celles qui avient été longtemps appliquées sans pour autant donnés satisfation ni octroyés les résultats escomptés/. L'effort requis doit etre l'ouvre commune ddes experts internes du ministère des finances et des bureaux d'études et d'expertise hautement qualifiés dans la gestion des affaires de transparence financière et de la bonne gouvenance . Notre association "intégrity & Transparency Tunisie" ne cessait d'apporter sa contribution bénévolement par des plans d'action beaucoup plus sereins et perspicaces
pourquoi un article anonyme?