Opinions - 29.07.2013

Lecture dans la conférence de presse du chef du Gouvernement Ali Laarayedh

Je viens d'écouter la conférence de presse du Chef du Gouvernement. Discours oscillant entre l'ouverture et la menace:

  • Oui au dialogue, non à la remise en cause du processus en cours. Non à la démission du gouvernement, non à la dissolution de l'ANC.
  • Oui pour un dialogue autour de la table, Non à la descente dans la rue.
  • Oui pour le dialogue à condition que l'opposition fasse des propositions plus opérationnelles et plus effectives, et elle ne le fera pas!

Des dates précises sont annoncées: fin août au plus tard pour l'adoption de la Constitution, le 23 octobre pour l'adoption de tous les textes permettant de clôturer le processus transitoire et le 17 décembre pour l'organisation des élections.

Le mot de légitimité est rappelé à plusieurs reprises. Le verdict des urnes est rappelé, avec la menace à peine voilée d'appeler le peuple à témoigner de son choix en descendant dans la rue, si nécessaire. Autant, comme le Chef du Gouvernement, je rejette l'appel à la dissolution de l'ANC, car j'y vois une porte ouverte sur le vide juridique et institutionnel, autant j'applaudis et j'adhère aux dates qu'il a annoncées, autant je rejette son refus de la démission du Gouvernement ou son appel au peuple pour descendre dans la rue, exprimer son soutien à Ennahdha et à la Troïka.

Dans toutes les démocraties, le Gouvernement assume ses responsabilités en démissionnant face à des circonstances exceptionnelles, où pour quelque raison que ce soit, il n'a pas été en mesure d'assurer l'ordre public et la protection des populations et nous sommes dans une telle situation.

Les dates annoncées sont possibles. Sont-elles pour autant crédibles? Est ce la première fois qu'un Chef du Gouvernement nous annonce des dates précises?

Qui veille au respect de ces dates et quelle est la sanction en cas de non respect? C'est tout le sens de ma proposition pour un Comité de Salut National.

La descente dans la rue n'est pas nécessairement l'expression de la volonté populaire. Ne jouons pas avec le feu. Ne montons pas une part importante des Tunisiens contre une part non moins importante. Le résultat est connu d'avance: l'Egypte nous en donne tous les jours une triste illustration avec son cortège de morts, de violences et de déchirements.

Cherchons le compromis dans la responsabilité. Il y va de l'intérêt de la Tunisie et préparons nous à affronter les vrais défis, ceux de meilleures conditions sociales et de plus grandes opportunités économiques, dans le respect des exigences de la Révolution et au service des populations qui souffrent et des régions marginalisées.

Je n'ai pas fini d'écrire ce papier que les faits les plus sordides sont venus endeuiller notre chère Tunisie. Neuf de nos vaillants soldats sont tombés dans une crapuleuse embuscade à Chaambi. Certains auraient même été égorgés. On ose encore parler d'islamistes. Appelons les choses par leur nom. Ce sont des assassins de grand chemin, des voyous, des brigands, des trafiquants et des malfrats. Les mots manquent pour les qualifier. Il est grand temps que la Tunisie se reprenne et mette au ban de la société tous ceux qui ne rêvent que de la démolir.

Radhi Meddeb
 

Tags : Ali Laarayedh   Chaambi   Tunisie  
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5 Commentaires
Les Commentaires
Touhami Bennour - 30-07-2013 04:36

Un petit commentaire à votre article.A ma connaissance un gouvernement n´est pas tenu de démissioner en cas,même grave, d évènements exceptionnels; ex.: le massacre qu´a commis un certain "Breivik" en Norvège et qui a fait plusieurs adolescents tués, n´a pas fait tomber le gouvernement en Norvège. je crois que c´est seulement au cas où le gouvernent ne peut plus travailler qu´il démissionne, ca depend de la capacité du chef de gouvernemnt mais je il peut selon la loi continuer son mandat. D´ailleurs que perdent-ils les opposants tunisiens de terminer le travail de la constitution avec le gouvernent? franchement je ne comprends pas. Ily en aura suffisament de disputes politiques après. On a peut-être peur du verdict du people?

enis gaaloul - 30-07-2013 12:38

Il faut organiser de façon durable( de 3 à 5 ans) un Gouvernement économique pour la Tunisie(BCT et Ministères Economie, Agric, Industrie, TIC et Tourisme) et qui soit en dehors de la compétition politique( des Fonctionnaires et des Technocrates, 3 par poste). C’est la seule voie pour redonner un peu d’espoir à ceux qui continuent à lutter pour créer de la Valeur pour ce Pays et qui voient de jour en jour leurs projets tomber à l’eau au fur et à mesure que les luttes pour le Pouvoir se cristallisent. Supprimer ces faveurs ridicules octroyées aux membres de la constituante ( retraite, salaire, remboursement de frais ) qui les incitent a se coller a leur chaise Laisser le mouvement Ennahdha finir son expérience ( son quart d’heure politique))

abdessettar karaa - 01-08-2013 18:28

la lecture de Mr. Meddeb est pertinente, tranchante et sans équivoque. j' ajoute que le redressement du pays passe inéluctablement et sans contours aucun par le redressement économique,des régions victimes du crime de l' oubli, qui induira théoriquement ou participerait dans le développement social, culturel et humain. L' Etat doit être présent, ce qui générera aussi l' investissement privé, et créera un esprit de dynamique économique et sociale chez les habitants de ces régions. Le budget de l' Etat doit être revu à la hausse, par une dynamique FISCALE créative de richesses pour rééquilibrer ces régions laissées à l’abandon durant des DIZAINES d' années.

mina - 02-08-2013 08:34

J'adhere pleinement à votre lecture du discourt du 1° ministre. Effectivement des défis graves nous attendent, le cycle de violence n'est hélas qu'à ses débuts. Nous en sommes à compter nos morts. Sommes-nous en début d'une guerre que personne n'a le courage d'appeler par son nom? Il est préférable et responsable de regarder la vérité en face. Les attentats perpeprés à Tunis pour le moment sans victimes, les voyous sont là, sans visages, La peste se cache derrière un anonymat lâche et vile. Et le gouvernement dont le premier ministre n'est autre que l'ancien ministre le l'intérieur incompétent s'accroche au pouvoir. Que faire dans un cas pareil??? Nous sommes dans un cas de figure davantage "Irak" que "Egypte".

Moncef YAHIA - 02-08-2013 09:05

J'adhère à l'avis de Radhi Meddeb. D'ailleurs je pense que le chef du gouvernement a été pris au piège de ses propres mots. Après tout ce serait lui la principale composante concernée par le changement.

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