News - 09.08.2014

Découvrez ces merveilleuses îles tunisiennes

Ces merveilleuses îles tunisiennes...

Tel un magnifique chapelet, ils sont pas moins de 60 îles et îlots à s’égrener du nord au sud de la Tunisie de la Tunisie. De La Galite, au nord, à Djerba, au sud, ils offrent une grande variété de paysages naturels et constituent des sites de grande importance économique, stratégique et de biodiversité.
En fait, nous ne les connaissons pas bien. Même celles habitées, comme Kerkennah ou Djerba, nous n’en savons que très peu. Zembra, Kuriat et Kneiss, qui sont elles aussi parmi les plus importantes, n’ont pas encore livré aux Tunisiens et aux étrangers tous leurs merveilleux secrets. Un grand dossier de Leaders qui se s’étalera sur plusieurs jours.

Ceux qui ont la chance de s’y rendre tombent sous le charme d’une nature captivante. Tout y est exceptionnel. Les oiseaux, les 140 000 puffins cendrés de Zembra et les faucons de l’Eonore (El Borni) entre La Galite et … Madagascar, les fruits d’une saveur inégalée, en souches rares, les multiples espèces de poisson, la tortue marine Carettacaretta et sa nidification et autres prouesses de la nature, au milieu de cette végétation luxuriante vous transportent dans un univers de pureté.

Chaque île a son âme, son histoire, son charme qui font le bonheur des plaisanciers qui l’abordent ou des chercheurs et visiteurs qui y accèdent. Chaque site restitue une partie de l’histoire de la planète et résume une part de son patrimoine. Tout est émerveillement à qui sait le saisir. Sur les îles habitées, les hommes et femmes perpétuent des traditions ancestrales. De la pêche, ils font une immense richesse que la petite agriculture et l’artisanat viennent agrémenter. L’habitat est typique, les arts populaires sont transmis de génération en génération et les fêtes familiales sont d’une rare convivialité.
Ces îles n’en constituent pas moins des milieux sensibles, voire très fragiles, exposés à des agressions pouvant provenir de la nature, mais aussi que l’Homme n’a généralement fait qu’aggraver.

Une chance, mais qu’en avons-nous fait ?

«Un pays qui possède des espaces insulaires aussi nombreux, variés, beaux, attractifs et bien répartis tout le long de son littoral, écrit Ameur Oueslati, dans son ouvrage Les Iles de la Tunisie, ne peut être que chanceux et remarquablement servi par la nature». Qu’avons-nous fait de cette chance et de ce don de la nature ? Très peu, en fait.

Si l’administration forestière (ministère de l’Agriculture) se déploie activement pour protéger ces îles et îlots, appuyée par les services du ministère en charge du Développement durable, de l’Apal, de la Marine nationale et des laboratoires de recherche scientifique, la vision d’ensemble et la coordination étroite font terriblement défaut. Pourtant, ce n’est pas l’engagement qui manque. A écouter et voir à l’œuvre Youssef Saadani et Habib Abid à la Direction générale des Forêts, Nabil Hamada et Mohamed Ali Ben Tmessek au secrétariat d’Etat au Développement durable, Habib Ben Moussa à l’Anpe, Mahmoud Chihaoui, Saba Guellouz et  Adel Abdouli, à l’Apal, Ridha Mrabet et Najmeddine Bradaï, à l’Instm, Imed Jeribi à la faculté des Sciences de Sfax, est édifiant.

Sans oublier les inlassables chercheurs privés, grands passionnés et véritables militants de la cause des îles, à l’instar de Ridha Ouni ou Abdelmajid Dabbar. Fait remarquable cette année, des membres du gouvernement, notamment Amel Karboul, ministre du Tourisme, et Mounir Majdoub, secrétaire d’Etat au Développement durable, s’y sont enfin intéressés. Mais, ils ne sont qu’au tout début du chemin.

Les vautours sont aux aguets

Levier pour concrétiser une véritable démarche de mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel, tout en le protégeant, ainsi se présente le projet du circuit des îles (voir encadré).

Adopté en 2010 sur la base d’études approfondies, il devait lancer l’exécution d’une série d’aménagements nécessaires dans cinq grandes îles et le démarrage d’une prometteuse activité touristique en circuits organisés. Jusqu’aux moindres détails, tout est consigné, mais le projet est resté dans les boîtes d’archives. Quand on sait que dans les années 60, Hassen Belkhodja, alors PDG de la STB, avait fait construire sur l’île de Zembra toute une mini-station touristique avec hôtel, bungalows et même mini-amphithéâtre, on réalise l’œuvre des précurseurs visionnaires. Des «vautours» sont par la suite venus pour essayer d’acheter l’île, comme l’a révélé le Pr Ali Hili, témoignant du refus opposé par Bourguiba Jr à l’Agha Khan .

Ou encore, tout récemment, un promoteur chinois, David Chow, s’était acoquiné avec des proches du président déchu pour obtenir en concession l’aménagement d’une station touristique, avec casino. D’autres risquent de se manifester avec plus de chances d’aboutir.

Le relâchement enregistré après la révolution a, en plus, incité certains prédateurs tunisiens à débarquer sur ces îles pour les écumer, agresser la faune et perturber sa quiétude. Leurs forfaits auraient été plus désastreux, n’était la vigilance des gardes forestiers et de l’armée. Mais, il y a un autre versant, beaucoup plus réconfortant, dans ce dossier. Celui des chercheurs et amis des îles qui, dûment autorisés, s’y rendent en observateurs prudents et avertis. Najmeddine Bradaï et Imed Jeribi nous livrent un témoignage de leurs missions à Kuriat, qui paraîtra au prochain numéro.

Deux grands impératifs s’imposent aujourd’hui : l’élaboration d’une vision globale pour l’ensemble de ces 60 îles et îlots, intégrant les différents aspects et la création d’une autorité nationale chargée de ce patrimoine et dotée des attributions et moyens nécessaires.Le débat est ouvert.

T.H.

Tags : Djerba   Kerkennah   Leaders   Zembra  
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