La soif des gamins et l'argent facile

 

Après près de soixante ans d’indépendance, environ 300 écoles ne sont pas raccordées au réseau d’eau de la SONEDE. Près de 90 d’entre elles n’ont pas d’eau du tout. Je suppose que les autres sont alimentées par des citernes que l’on achemine, remplies d’eau, aux abords de l’école pour abreuver les gamins. Les enfants des 90 écoles n’ont pas d’eau à boire même en période de canicule, quant à l’eau pour l’hygiène ils n’y pensent même pas. Comment peut-on penser à se laver quand on a soif ? Un des responsables interrogés sur la ‘Une’ à ce sujet a voulu minimiser ce manque en déclarant que cela ne représente que moins de 1% de l’ensemble des écoles (près de 4000), ce qui veut dire que lorsqu’un enfant de ces écoles se plaint de l’absence d’eau dans son établissement, on lui rétorquera que cela n’est pas grave car il n’existe que moins de 1% des écoles du pays qui sont dans la même situation que la sienne, drôle de réponse !

 

Pourtant il y a de l’argent dans le pays, il y en a même qui est distribué  à gogo sans grand effort. Pensez à l’émission de Sémi El Fehri (Dlilek Mlak) où des sommes faramineuses sont mises en compétition devant des candidats dont le seul effort consiste à regarder avec attention une série de boites fermées pour deviner celles qui contiennent le moins d’argent. Les tractations s’éternisent et les marchandages occupent la scène pendant longtemps, ce qui maintient les téléspectateurs en haleine et conduit finalement le candidat à s’emparer d’une somme qui atteint parfois des centaines de milliers de dinars pour un effort négligeable.

 

Que pensent les déshérités devant ce gain considérable d’argent facile ?  Quant aux enfants des écoles assoiffé... si on réservait ne serait-ce que 1% de l’argent gagné par les candidats pour acheminer l’eau aux gamins des 90 écoles, on aurait résolu leur problème depuis belle lurette. J.P. Foucault, animateur de l’émission ‘Qui veut gagner des millions’ invitait dans certaines émissions de grands artistes et hommes de culture, pour les faire gagner des millions qu’ils n’empochent pas, mais les cèdent à des associations humanitaires. Pourquoi Sami El Fehri ne réserve-t-il pas ne serait-ce que un pourcent de l’argent gagné par les candidats,  pour assouvir la soif de ces gamins dont le dénuement déchire le coeur?