Elyès Jouini : Meddeb, l'intellectuel engagé, le citoyen vigilant et inquiet !

J’ai souvent eu l’occasion de croiser Abdelwahab mais le moment qui restera le plus profondément gravé dans ma mémoire correspond très certainement à l’émission sur France Culture à laquelle il m’avait convié plusieurs semaines auparavant et qui a été enregistrée le… 10 janvier 2011.

 

Le thème de l’émission était la finance islamique sujet que j’avais contribué à faire connaître en France et à faire émerger dans les cercles de décision mais l’un comme l’autre avions l’esprit ailleurs, tout à la fois inquiets et pleins d’espoir. Et je me souviens du café pris dans les couloirs de Radio France, à l’issue de l’émission, moment au cours duquel nous échangeâmes bribes d’informations, rumeurs, analyses, et partageâmes rêves et craintes. Nous nous sentions surtout loin de là où nous aurions dû être !

 

Le 18 janvier, il m’écrivait «Je suis à Tunis depuis ce matin 10h, je suis impressionné par la transfiguration des êtres et l'inquiétude qui les habite, en raison de l'instabilité.

 

Aujourd'hui aussi les informations se succèdent et se contredisent. » Le 20 janvier nous signions et lancions l’«Appel pour réussir la transition démocratique en Tunisie » publié sur Leaders. Le 29 mars nous nous retrouvions à Paris au cours d’une soirée à l’occasion de la sortie de « Printemps de Tunis ».

 

Il parlait de printemps mais était alors déjà habité par le sentiment de l’urgence, par l’inquiétude face à tous les risques menaçant ce printemps naissant. Ce sentiment de l’urgence, il l’a encore partagé avec les tunisiens dans son appel à voter Nida et BCE lancé le 5 octobre dernier « pour retrouver l’air frais de la liberté et nous éloigner de l’étouffement que procure la colonisation des âmes ».

 

Quels que soient les avis sur telle ou telle position, je voudrais saluer en Abdelwahab Meddeb, l’érudit, le poète inspiré, l’écrivain à la prose subtile, l’intellectuel engagé, le citoyen vigilant et inquiet !

 

 

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