Opinions - 24.01.2015

Mansour Moalla: Ce qui attend le prochain gouvernement

Des tâches urgentes les attendent : les quatre années qui viennent de s’écouler n’ont pas été des années de progrès et de prospérité. Bien au contraire, tous les secteurs de la vie nationale ont subi stagnation et régression. Le redressement s’impose partout. Tout est prioritaire et il faut tout mener de front.

Le rétablissement de la sécurité

Le premier objectif prioritaire concerne le rétablissement de la sécurité dans le pays pour les habitants et les visiteurs. Rien ne peut se faire si l’insécurité règne. Il y a lieu de se donner les moyens de combattre le terrorisme sans répit militairement, socialement et culturellement et toute la population doit être associée à ce combat psychologiquement, moralement et, s’il y a lieu, financièrement.

La paix sociale

La sécurité concerne également la paix sociale. Les entreprises doivent pouvoir fonctionner normalement : un dialogue serein et positif doit s’installer entre salariés et employeurs. La confiance doit se substituer à l’adversité. Le dialogue doit remplacer la confrontation. Il y a lieu d’accepter de part et d’autre les sacrifices nécessaires. La prospérité de l’entreprise et du pays, par voie de conséquence, est à ce prix. Il y va de l’intérêt de toutes les parties et de la patrie dans son ensemble. La grève, le renvoi peuvent être évités si la transparence règne et si chacun a confiance dans l’entreprise.

Un plan de développement de 5 ans

Sécurité et paix sociale constituent les deux conditions permettant l’établissement d’une politique économique et financière susceptible de redresser la situation actuelle et d’obtenir une croissance économique de nature à établir une évolution acceptable des prix et des salaires et de réduire le déficit de non-paiements extérieurs et le recours à un endettement excessif de nature à mettre en danger notre indépendance. Cette politique économique nécessite l’établissement sans retard d’un plan de 5 ans (2015-2020), fixant les objectifs à atteindre et les moyens d’y parvenir. Nous avons navigué à vue durant ces dernières années : il y a lieu de savoir où l’on va et si l’on peut y arriver.

La promotion de l’emploi

Ces objectifs concernent notamment la lutte contre le chômage et la promotion de l’emploi, celui des jeunes diplômés notamment : on doit pouvoir, grâce à un effort exceptionnel de solidarité nationale, réduire sinon mettre fin au chômage actuel et parvenir, au cours du plan de 5 ans, à créer de nouveaux emplois à la hauteur de la demande effective, ce que nous n’avons pas réussi jusqu’ici. Ce qui nécessitera des investissements importants, investissements qu’il faut encourager par tous les moyens: investisseurs et créateurs d’emplois méritent une attention toute particulière et toutes sortes d’avantages possibles.

Croissance de la production et réduction du déficit extérieur

Outre la création d’emplois, ces investissements vont permettre l’augmentation de la production et, par voie de conséquence, de nos exportations de biens et services de manière à réduire le déficit courant actuel, de plus en plus inquiétant, et réduire le recours à l’endettement, le remboursement de nos dettes nécessitant actuellement un nouvel endettement de manière importante, ce qui constitue un cercle infernal qu’il faut briser.
Réformes fondamentales : l’Etat et le système éducatif

Cette politique économique nécessite parallèlement un ensemble de réformes fondamentales qui concernent principalement la structure étatique et administrative et notre système éducatif. L’Etat est aujourd’hui encombré de tâches que la société civile et le secteur privé sont aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, à même d’assurer valablement, sous le contrôle de l’Etat. Ce dernier doit renforcer son efficacité dans les secteurs où il est irremplaçable : la sécurité, la défense, la justice, les relations extérieurs ainsi que ses fonctions générales de planificateur et de promoteur de l’ensemble de l’activité nationale.

Le système éducatif a rempli efficacement son rôle ces dernières années mais doit aujourd’hui être révisé fondamentalement : son objectif majeur doit redevenir non seulement l’accumulation de «matières» diverses mais la formation de la personnalité du citoyen de demain capable de contribuer à la prospérité du pays. Certains parlent de «fabriques» de chômeurs concernant  nos universités. Nous sommes classés à un rang international humiliant dans ce domaine : il faut réagir rapidement et efficacement. L’avenir du pays en dépend.

Le soutien du gouvernement

Telles sont les tâches considérables qui attendent le futur gouvernement. Il importe qu’il soit doté des moyens humains, juridiques et matériels nécessaires pour faire face à une mission aussi difficile. L’Assemblée et la Présidence sont désignées par le suffrage universel. Ce gouvernement, juridiquement, dépend de ces deux institutions et il se trouve soumis à leur contrôle. Il est l’organisme le moins «puissant» et il doit néanmoins remplir la tâche la plus lourde. Il mérite tous les encouragements et il faut lui apporter toute l’aide et le soutien nécessaires.

M.M.


 

Tags : mansour-moalla  
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