Kamel Daoud : La possibilité d'une Tunisie
De retour de Tunis où il avait été célébré lors de la Foire du Livre, Kamel Daoud a écrit la Chronique suivante qui mérite lecture.
La Tunisie devine peu son poids, habituée qu'elle est à l'angle discret de sa géographie et à la modestie de ses ambitions régionales. « Un petit pays qui a donc de petits problèmes », résume un ami dans les rues lumineuses de son pays. Faux, car ce pays a aussi inventé la grande solution. On le ressent dans la rue et les esprits. Discussion avec un jeune homme brillant qui, entre vie de commerce et de loisirs, réinvente la solidarité dans la Tunisie profonde : initiatives envers les lycées, les femmes, les villages oubliés, etc. Etonnement en soi et presque de la jalousie à entendre ces gens parler de leurs initiatives en toute liberté : « Ici, les ministères ont peu d'argent et de moyens : quand quelqu'un lance une initiative, ils sont preneurs». Cela vous plonge dans la songerie du pays derrière le dos, le vôtre. Là, on ne peut pas bouger sans agrément, autorisation, bureaucratie. Tout est à l'ombre de la méfiance policière. Je ne peux pas aller dans les écoles algériennes, parler de littérature sans le cachet humide de Bouteflika lui-même. Si on lance des initiatives d'internats subventionnés, de lycées autonomes en énergie, recyclage ou alimentation, on a besoin de deux conteneurs d'autorisations au bout d'un siècle de procédures. On ne peut rien faire pour son pays ligoté, que gémir, médire puis grimacer et regarder les radios des mille collines (Echourouk et Ennahar) réinventer le FIS sous vos yeux et fabriquer une guerre civile à venir.
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Il n'y a pas eu de révolution en Tunisie, et c'est dommage pour la Tunisie et pour ce Kamel Daoud

Article très émouvant mais aussi très motivant pour nous autres. Merci Kamel.

Plume toujours aussi elegante. Merci pour le soutien et l'espoir.

bon article ...merci Kamel Daoud.

DRAPEAU ROUGE Ecrit par A4 - Tunis - Le 04 Mai 2013 J’ai peint le ciel en rouge Un rouge vif couleur sang Sang neuf, qui vibre et bouge Bouge et flotte dans le vent J’ai pointé dessus la lune Lune de miel au cœur en blanc Un blanc doux comme une dune Dune de sable et rêve d’enfant Mais voyant mon dessin et toile Une étoile dedans se glissa Glissa un croissant et dévoile Des voiles immenses qu’elle plissa Ainsi mon beau drapeau prit forme Forma une tente et m’abrita M’abrita sous une cape énorme Enorme comme un sage potentat Comment pourrais-je penser un instant Instant de faiblesse ou de mauvais choix Choisir la bannière noire de Satan Satan la haine, sans issue ni voie ? De retour à mon étrange étoile folle Folle et agile avec ses cinq petits doigts Dois-je vous décrire la scène la plus drôle Drôle et même insolite qui s’offrit à moi ? Je l’ai vue, je le jure au détour d’un regard Regardant son croissant en héros d’opéra Opéra deux pas sûrs, avança avec art Et artiste comme il est, il lui ouvrit les bras !

Merci pour votre soutien!La chute est tout simplement magnifique !Oui la révolution n'est pas encre finie et oui elle est encore en marche !

Un article excellent. Justement, parce que nous voulons que cette révolution ouvre des horizons nouvelles surtout au plan des libertés sociales, que nous sommes inquiets de voir les spoliateurs de tout bord et les spéculateurs idéologiques revenir en force au nom de cette liberté.

Une amie algérienne réfugiée actuellement à Paris m'a dit que pour les algériens la Tunisie c'est la Suède comparée à l'Algérie. Un pays où les gens étouffent à petit feu.