Construire une relation stratégique et durable avec les Etats-Unis d’Amérique

La Tunisie vient, avec la visite du Président de la Républiqueà Washington D.C., de remporter des victoires hautement symboliques, qui se sont traduites notamment par l’octroi du statut privilégié d’Allié Stratégique non membre de l’OTAN, par la signature d’un MOU qui élève la relation entre les deux Nations, et l’obtention quasi garantie d’une aide de $134M pour 2016 (qui double l’aide de 2015) ainsi que d’un «Loan Guarantee» de $500M.

Maintenant que la visite s’est terminée de cette façon très positive, le plus difficile reste à faire :comment continuer à faire passer le message à cet allié désormais stratégique de la Tunisie, que notre pays doit être une priorité? Comment assurer le suivi avec un pays éloigné et dont nous ne maitrisons pas tout à fait la langue ni le système? Comment passer d’une relation conjoncturelle à une relation stratégique où les contacts, les échanges, la coopération avec les Américains se ferait de manière récurrente et non de manière ponctuelle?

Au-delà du rôle fondamental que joue notre  Ambassade à Washington, la manière la plus rapide, la plus efficace, et en même temps la moins coûteuse consisterait à s’appuyer sur la diaspora tunisienne professionnelle résidant aux Etats Unis, car elle bénéficie d’une compréhension unique des enjeux et des possibilités à même d’accélérer ce processus d’influence. C’est elle qui  se chargerait de véhiculer les messages de la Tunisie, y comprisceux de  sa société civile et  son secteur privé, et cela avec ses propres méthodes, sa façon de convaincre et une couverture plus large de partenaires qui irait, au-delà de l’EtatAméricain et ses institutions, vers les « think tanks », les medias, et toutes les composantes du secteur privé (entreprises, associations professionnelles, syndicats, chambres de commerce..) et de la société civile américaine.

Ceci contribuerait non seulementà l’élargissement du champ d’action classique, mais aiderait aussi à la mise en œuvre de nouvelles idées comme l’établissementd’un « business council » vraiment opérationnel, de« roadshows »économiquesà travers les principales villes américaines, de relations au niveau des Etats (States), d’articles de presse et d’interventions dans les medias, et surtout d’établissement de contacts personnelsà tous les niveaux pour créer un réseau des Amis de la Tunisie qui influencerait des décisions américaines en faveur de la Tunisie.

Il n’y a pas de substitut à ces relations personnelles,qui se construisent petit à petit et au fil du temps, au prix d’un travail de longue haleine qui requiert patience et doigté.

C’est dans cet esprit que nous allons, à TAYP, nous appuyer sur notre réseau de professionnels tunisiens aux Etats Unis, et nos contacts patiemment établis depuis des années, pour renforcer cette mission. Nous souhaitons l’institutionnaliser en y ralliant tous ceux qui sont concernés par les relations Tuniso-américaines, que ce soit aux Etats Unis ou en Tunisie.

Malgré ses difficultés, la Tunisie a une belle histoire à raconter dont nous sommes tous fiers. Mettons-la davantage en valeur. Commençons aux Etats Unis, parce que l’informationqu’elle y soit véhiculée par les médias ou les think tanks, bénéficie d’une couverture mondiale et d’un rayonnement global. Il faut agir maintenant pour donner suite à la visite historique de notre Président de la République et battre le fer tant qu’il est chaud. La Tunisie a aujourd’hui une opportunité unique d’obtenir des secteurs publics et privés américains une attention qu’elle n’a jamais eue dans le passé. Il faut mettre en œuvre les moyens et notre stratégie maintenant.

Mohamed Malouche   
Board Chairman Tunisian American Young Professionals (TAYP)