John Kerry n’est pas en visite de courtoisie en Tunisie
Le Département d'Etat américain a annoncé lundi 9 novembre la visite de vendredi de John Kerry en Tunisie pour participer au deuxième round du dialogue stratégique entre la Tunisie et les USA. Le Secrétaire d’Etat Américain aura des entretiens avec les officiels et des membres de la société civile tunisienne. Combien de temps restera-t-il à Tunis? Son voyage en cette date précise vaut il la peine du déplacement et constitue –t- il une urgence et une priorité pour ses engagements diplomatiques prévus durant la même période.
Un vendredi 13 n’est pas toujours de bon augure pour les occidentaux. Il a la particularité d’être associé à une superstition qui en fait un jour de malheur pour certains ou un jour de chance pour d’autres.
Nous espérons que le bonheur et la chance soient du côté de la Tunisie et de ses invités. John Kerry sera la bienvenue dans notre pays mais viendra-t-il vraiment pour ce qui a été annoncé par le Département d’Etat américain? Ce n’est pas évident à mon avis pour diverses raisons.
- Le numéro trois dans l’Administration américaine ne viendra pas participer à une réunion qui traite d’un sujet insignifiant pour les Etats Unis. Une pareille réunion à laquelle ne participera pas le boss d’Africom ou une grande personnalité militaire de l’OTAN ni même notre ministre des Affaires Etrangères, ne saurait intéresser John Kerry. S’il participe à une réunion, c’est généralement pour la présider ou pour la co-présider avec un collègue de sa trempe. Et ce n’est pas le cas. L’Ambassadeur des Etats Unis pourrait être le représentant des USA à cette réunion de dialogue stratégique prévue le 13 novembre.
- La visite de John Kerry en Tunisie aura certainement pour objectif un sujet important qui confirmera le déplacement personnel de John Kerry mais qui n’est pas du ressort de l’Ambassadeur US en Tunisie.
- Le vendredi 13 novembre 2015 se tiendront les préliminaires et les préparatifs de la deuxième réunion des pourparlers sur la Syrie à Vienne qui sera organisée à Vienne le lendemain dans la même ville.
- A mon avis si les pourparlers sur la solution politique en Syrie ne semblent pas intéresser le gouvernement tunisien, la participation d’un représentant de notre pays à cette réunion pourrait germer dans la tête de Kerry. La Tunisie est le plus grand pourvoyeur de terroristes en Syrie. Près de 7000 jihadistes constituent le tiers des effectifs de l’Etat Islamique Daech et leur sort après la fin de la guerre civile devrait être un casse tête pour les acteurs de la paix. Faut-il les démobiliser comme de simples combattants ou les juger pour les crimes de guerre commis et surtout les contrôler dans leur migration vers les prochains foyers de conflit.
La question qui se pose même pour un incrédule qui n’est pas convaincu du danger de ces jihadistes tunisiens en Syrie est d’anticiper et de prévoir leur sortie de Syrie pour ne pas dire leur retour au pays. La réponse à cette question pourrait figurer en annexe des PV relatifs aux pourparlers de Vienne. Il serait préférable de réfléchir sur ce sujet dès maintenant et si possible l’évoquer avec John Kerry. L’ONU pourrait aussi nous assister pour trouver une solution à ce problème en invitant la Tunisie aux pourparlers de Vienne.
Mohamed Nafti
- Ecrire un commentaire
- Commenter