Hafedh Caïd Essebsi : Dé-diabolisé ? Du moins en apparence !
Hafedh Caïd Essebsi a-t-il réussi son baptême du feu pour sa toute première grande interview télévisée, mercredi soir ? Même si Nessma Tv, acquise d’avance,à l'image d'un Borhane Bsaïes, toutes griffes rentrées, lui offre un contexte avantageux, pareil exercice pour un non-habitué reste toujours redoutable. Si les questions étaient apprivoisées, la prestation devait convaincre les Tunisiens et les observateurs étrangers, tous aux aguets. Hafedh Caïd Essebsi a donné de lui-même l’image d’un homme calme qui sait légitimer son ancrage militant (cofondateur avec Mounir Béji en 1989 du Parti Social-libéral) et argumenter sa démarche. Multipliant les accusations portées à l’encontre de son «rival», Mohsen Marzouk, il a choisi des «chefs d’inculpation» qu’il a voulus émotionnels et rationnels. Emotionnels, s’attaquer au Père, s’impatienter pour lui succéder. Rationnels, «intelligence avec des parties étrangères, mettre en péril la stabilité du parti Nidaa Tounès, refuser les élections et mainmise sur l’appareil».
Pour se dédouaner d’avance de toute accusation, Hafedh Caïd Essebsi affirme qu’il sera hors course ne postulant à aucune fonction décisionnelle à la direction du parti et récusant toute idée de tentation héréditaire. Sans oublier de toucher une fibre sensible dans les chaumières en révélant qu’il fait l’objet de menaces de mort très sérieuses qui ont amené les services de sécurité à le placer sous haute protection.
S’il a réussi à apporter autant que possible les correctifs qu’il a jugés nécessaire à son image, Hafedh Caïd Essebsi ne fait que son entrée dans l’arène médiatique. Resté jusque-là loin des feux de la rampe, il s’y expose désormais en plein, devant assumer le regard froid et sans concession des caméras et le jugement impitoyable du public. Le duel public commence, cette fois-ci sans filet de sécurité, autrement dit en direct. De même, il ne pourra pas toujours compter sur la bienveillance des animateurs. Son rival, Mohsen Marzouk, qui ne manque pas déjà d’habileté médiatique et d’atouts politiques, doit fourbir son arme. Quelle que soit l’issue choisie, rester au sein de Nidaa ou constituer un autre parti. Ils auront sans doute tant de face-à-face à livrer.
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