L’hommage à Rafaa Ben Achour après 34 ans d’enseignement (En photo et vidéo)
Superbe consécration pour le Pr Rafaa Achour en « couronnement d’une longue carrière professionnelle, estimée très exactement par la CNRPS à 34 ans et 9 mois », comme il le mentionne avec une pointe d’humour. Professeur émérite de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, il recevait samedi 16 janvier 2016 en trois tomes de plus de 1700 pages, pas moins de 68 études que lui dédient pairs, disciples et amis, des quatre continents. Réunies sous l’intitulé de « Mouvances du Droit », ils couvrent pratiquement toutes les spécialités du Droit, en un clin d’œil à son éclectisme juridique.
L’amphithéâtre Mohamed Charfi de la Faculté était archi-comble. Alors que sur le podium avaient pris place le ministre de l’Enseignement supérieur, Chiheb Bouden et le doyen de la Faculté Lotfi Chedly, on relevait aux premiers rangs d’un côté le Président Foued Mebazaa, le chef du Gouvernement Habib Essid, le Gouverneur de la Banque Centrale, Chedly Ayari, le Grand Mufti Cheikh Othman Battikh et les ministres et anciens ministres Slim Chaker, Selma Elloumi, Mohamed Khelil, Abdelkérim Zebidi, Mohamed El Aziz Ben Achour, Moncer Rouissi, Moncef Ben Abdallah, Laroussi Mizouri, Boubaker El Akhzouri et autres Jelloul Jeribi. Son frère aîné, le Pr Yadh Ben Achour savourait ses moments lui qui avait été chargé par son père de veiller à l »éducation de son petit frère, comme le dira affectueusement Rafaa Ben Achour en profonde gratitude. Mais aussi des ambassadeurs (Le Maroc, notamment) et anciens ambassadeurs (Ahmed Ounaïes, Abbes Mohsen...) ainsi que de très nombreux amis et parents, sans oublier Moez Sinaoui, Conseiller principal et porte-parole de la Présidence de la République, de hauts commis de l’État (Abdelkader Zgolli, ancien président de la Cour des Comptes)
Dans l’autre partie avaient pris place, en toute coïncidence, des doyens de facultés tunisiens et étrangers, d’éminents juristes (Sassi Ben Halima…) et des chercheurs. Les étudiants et jeunes doctorants n’avaient laissé aucune place vide.
Le trio chargé de l’élaboration de ces « Etudes » et de l’organisation de la cérémonie y a été d’une main de maître. Monia Kraiem-Dridi, Sarra Maaouia et Hager Gueldiche ont alterné le programme entre témoignages et interludes musicaux merveilleux présentés par le Club de la Faculté. Hager Gueldiche sera tour-à-tour au violon et au pupitre où se sont succédé notamment le Représentant de la Konrad-Adenauer-Stiftung, le Pr Jean-Claude Helin, ancien Doyen à la Faculté de droit de Nantes et ancien professeur à la Faculté de droit, de sciences politiques et économiques de Tunis, le Pr Slobodan Milacic, Professeur Émérite à l’Université Montesquieu Bordeaux I, le Pr Hassan Ouazzani Chahdi, Professeur à la Faculté de Droit-Université Hassan II de Casablanca, et le Pr Soukeina Bouraoui, Professeure à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Alité par ce grand froid, le Doyen Sadok Belaïd était présent par une affectueuse pensée.
Les anecdotes ne manqueront pas
Tout en rappelant l’assiduité et le sérieux de l’étudiant que fut Rafaa Ben Achour, alignant un « parcours universitaire ambitieux, allant du singulier au pluriel », chacun y a été de son témoignage et de ses souvenirs. Son DES sur le Trésor tunisien ne pouvait qu’étonner J-C Helin, son peu d’engouement pour certaines matières qu’il s’efforçait cependant à réussir, sa proximité immédiate et son sourire même dans des moments difficiles comme se plaira à souligner Soukeina Bouraoui…
Au nom des doctorants, Lobna Bachta, déclamera un poème d’Ahmed Chaouki, dédié à l’école, au savoir et aux valeurs fondatrices.
Point d’orgue, la remise des « Etudes » à l’heureux récipiendaire Rafaa Ben Achour et son allocution de remerciements. Il y révèlera trois grandes motivations qui l’avaient vainement poussé à demander en 2013, sous la Troïka, à faire valoir ses droits droit à une retraite anticipée. La troisième raison n’est autre que de se rendre complice de la dégradation de l’enseignement.
"Nos interrogations communes, nos inquiétudes communes et nos espoirs communs"
Visiblement « comblé, vraiment comblé car, outre les témoignages d’amitié qu’il porte en lui, cet ouvrage se caractérise par sa polyphonie, Rafaa Achour en souligne la symbolique. « En effet, des voix, dira-t-il, que ne séparent ni les différences d’âge, ni les frontières s’interrogent et se répondent parfois. Grâce à vous, mes chers étudiants, grâce à vous, mes chers collègues, cet ouvrage outrepasse les questions nationales et régionales pour mettre en lumière nos interrogations communes, nos inquiétudes communes et nos espoirs communs. Dans un monde où s’érigent des murs, où le rempart identitaire tue la pensée, cet échange entre universitaires « du monde » me donne à penser qu’il est encore possible de construire un monde où l’on parle non pas de choc des civilisations mais d’échange culturel.
Honoré par cet hommage, Rafaa Ben Achour continuera à siéger en tant que Juge à la Cour africaine des Droits de l'Homme et des Peuples où il a été élu en juin 2014.
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