Cueillons notre jeunesse!!

Ce beau printemps qui vient de finir
A peine goûté va finir
Nul de nous n’en fera connaitre
La grâce aux peuples à venir
(Prudhomme)

Nul ne pourra concevoir une quelconque réforme en Tunisie pour mettre en place les mesures visant à édifier la nouvelle république sans aborder le rôle prépondérant qui doit revenir à la jeunesse dans cette future entreprise. Sa responsabilité assumée pleinement durant la révolution et le prix fort qu’elle a payé pour faire tomber une dictature des plus puissantes au monde doit lui conférer toute la légitimité pour prendre en charge les affaires du pays dans les plus brefs délais. La proportion importante des jeunes dans la population nationale additionnée au dynamisme de cette tranche d’âge sont des facteurs multiplicateurs qui viennent s’ajouter à cette légitimité. Qu’attendons –nous  pour passer le témoin à la jeunesse et la libérer du joug d’un  paternalisme cynique, profiteur  et égoïste?

En fait, et c’est la première question à poser avant de concevoir toute action relative à l’édification de la nouvelle république tunisienne, aussi bien dans la vie politique et surtout dans les domaines de la Décision que dans les différents secteurs de la vie publique, la place de la jeunesse et sa responsabilité dans la gestion des affaires nationales doit être prépondérante.

Car, la jeunesse symbolise le futur de la nation et l’espoir qui anime  chaque  individu  rêvant d’une vie meilleure. Aujourd’hui on gère le présent avec les moyens disponibles, mais le plus important c’est de prévoir le futur en planifiant pour la jeunesse,  c’est aussi bâtir  les fondements du développement pour la jeunesse et c’est surtout agir avec les compétences de la  jeunesse. 

La raison de faire effort sur la jeunesse tire ses arguments avant tout de sa légitimité historique, 5 ans sont  déjà une très longue attente considérée comme une éternité par toute la population qui s’impatiente de voir  se réaliser un seul objectif de la révolution. En effet, si on considère que les jeunes ont fait la révolution sans l’aide d’un seul parti politique, il n’y a pas de raison de leur usurper leur fait d’armes et leur victoire. Il est donc légitime de leur laisser la place pour diriger ce pays. Ils ont accompli ce que tous les partis politiques n’ont pas été en mesure de le faire depuis plus de 40 ans. Quelle jeunesse!

En outre, cette magnifique révolution a été planifiée, conduite, coordonnée et accomplie de la meilleure façon du monde par des zaims issus de la jeunesse.  Peut être par abnégation, par honneur et par d’autres valeurs morales mythiques que les jeunes chefs de la révolution ne se sont pas souciés de leur notoriété, sont restés en marge des faveurs matérielles mesquines et ont préféré une discrétion digne et brave. Mais la logique  veut que derrière toute planification, coordination et organisation il y ait une touche et une empreinte de chefs.  En tout cas, c’est pour dire que cette jeunesse est capable de mieux faire que leurs anciens et d’accomplir des actions très difficiles et parfois inimaginables. Administrer un menu pays comme le notre est une entreprise très facile pour notre jeunesse. Magnifique jeunesse !
La jeunesse tunisienne, partie de la population âgée entre 15 et 29 ans  suivant le recensement de 2014 représente un tiers de la population. Mais qu’est ce qui nous interdit d’inclure la population de 30 ans  et jusqu’à 35 ou un peu plus? Est qu’une femme de 31 ans ou un homme de 32 ans sont considérés comme   vieux cheikhs ? En réalité notre jeunesse  (entre 15 et 39 ans) qui est la force de l’âge, compte environ 4,5 millions tandis que la population adulte (40- 65) ne compte que 3 millions. Cette jeunesse  constitue  la majorité absolue de notre population. Cette proportion est synonyme de légitimité naturelle, démographique et démocratique et  devrait lui accorder un rôle primordial dans l’administration de l’Etat.

Il n’est pas difficile de trouver un millier d’hommes hautement qualifiés  et de femmes très compétentes dans cette majorité absolue et de choisir parmi ce groupe une centaine de responsables qui seront chargés de l’administration de l’Etat. Les vieux sont priés de laisser la place à cette génération d’hommes et de femmes d’action, de leur préparer le chemin dés maintenant avant qu’il ne sera trop tard.
Le printemps tunisien passe, les fleurs commencent à faner, les fruits sont mûrs, il est temps de les cueillir avant que la jeunesse ne perde sa fraicheur. Cueillons notre jeunesse avant que la vieillesse ne fera ternir sa beauté et son dynamisme.

Mohamed Nafti